J’ai rencontré la Roumanie et les Roumains à plusieurs reprises avant d’apprendre à la découvrir, l’appréhender, la sonder de l’intérieur.
Ma première rencontre avec la Roumanie dans le Transsibérien
Au début du mois de décembre 1991 je quittais Moscou avec le Transsibérien. Des russes, des chinois, des mongols occupaient ce train en partance pour Pekin. Chacun parlait sa langue. Uniquement sa langue. Et je n’en comprenais aucune. C’est alors que je fis la connaissance d’Andrei qui lui savait s’exprimer en russe, un peu en chinois et parfaitement en français. Ma première rencontre consciente avec un roumain s’est fait là dans un train par moins 40° dans l’univers blanc de la Sibérie.
Dix ans plus tard, Mattei fut mon premier professeur de roumain à Paris. Il avait 7 ans et venait de rejoindre sa maman avec laquelle je vivais et qui maîtriser si parfaitement le français qu’elle déroulait avec une jouissance si élégante que je n’insistais pas. Aujourd’hui, je comprends et je parle le roumain au quotidien avec une immense maladresse. Mon apprentissage est dans l’oralité mais ma pratique n’atteint pas leur talent. Il y a 20 ans, la Roumanie n’était pas encore dans l’Union européenne. J’ai créé un master européen. C’est ainsi que ma première rencontre avec ce pays s’est faite à l’occasion d’une session à Bucarest avec la première promotion en 1996. Comment comprendre cet étudiant qui m’expliquait qu’il était de nationalité hongroise et de citoyenneté roumaine? Comment accepter qu’ici on n’est sûr que du commencement des choses et que l’éternité appartient au quotidien? Cela fait 18 ans que j’essaie d’apprendre. Peut-être que je commence.
S’imprégner doucement de la Roumanie
Paul Virilio, mon ami le philosophe me disait avant même que je ne parcoure la part centrale et orientale de l’Europe que mon centre de gravité était à l’Est. Je le mesure aujourd’hui. J’ai besoin de l’Orient et de l’Occident. Je les vis maintenant en Roumanie et je reste un nomade. L’Europe est mon identité. Paris est ma ville. Et Bucarest un port terrestre entre deux mers qui aspirent mes rêves ; la mer Méditerranée et la Mer Noire. Je vis une grande part de mon temps à Bucarest, c’est là ma résidence. Je suis fièrement titulaire d’un numéro d’identification. Ma voiture garde un numéro d’immatriculation qui me relie à Paris. A ce propos, j’intéresse les policiers de la route qui m’arrêtent régulièrement sous de faux prétextes et pour de vraies lei. La Roumanie m’imprègne depuis toutes ces années. Il m’aura pourtant fallu du temps pour comprendre la relation qui nous lie depuis des décennies.
Quand rien est évident…
Et je me rends compte que ce n’est toujours pas une évidence pour mes compatriotes français. Savent-ils que Nicolai Grigorescu et Auguste Renoir étaient collègues d’ateliers? Mesurent-ils l’influence de Tristan Tsara sur le surréalisme? Sont-ils certains que Constantin Brancusi, Eugène Ionescu, que l’auteur de la 25ème heure, que Victor Brauner sont roumains? Et comment ne pas être pris par l’image de ces roumains que l’on nomme les romain-michel? Il y a un doute pour les français qui occupent la rue, qui miment la perception réelle de ce qu’ils sont? A ce sujet, leur réaction me surprend quand je leur parle de musique tsigane. Mais comment ne pas être sous la magie de ceux des leurs qui marquent l’histoire musicale ici et ailleurs? Emy Dragoi, Costai Licescu, Florin Niculescu, Giani Lincan, c’est tout de même autre chose que la folklorisation forcenée que Ceaucescu a exportée à tout va en particulier en France. Ce fut le temps qu’on arrête, la mise sous vitrine d’un autre temps, d’une nostalgie mortelle. On ne leur ressemble pas tant c’est un peuple en perpétuel mouvement, avec leur profond attachement à l’histoire et à leur territoire.
Perdre ses repères en Roumanie…
Mon travail m’a conduit en 2008 en Tunisie à Hammamet plus précisément. Il y a là et c’était ma destination un centre culturel situé dans la demeure qui fut un rendez-vous célèbre durant les années folles et qui appartenait à un homme qui donna son nom à cette somptueuse demeure : la villa Dar sebastian. C’était l’hiver. Le domaine était vide de ses résidents. Curieux, je découvris alors que le propriétaire d’alors s’appelait Georg Sebastian. Un roumain de Bacău. Ma surprise fut encore plus grande, quand, m’installant sur son bureau, j’aperçus une petite céramique d’Horezu.
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