Voyage en Alsace sur la route des vins d’Alsace entre collines et vignobles. Un voyage gastronomique dans une région où l’art de vivre autour des vins et de la cuisine est exceptionnel et enraciné dans les traditions.
Sans doute la route la plus gastronomique de France que je vous invite à parcourir avec moi après avoir découvert la belle Européenne, Strasbourg, la capitale de la région Alsace…
Voyage en Alsace : sur la route des vins d’Alsace
Obernai, village de charme médiéval
Notre première étape sur cette route des vins, qui vagabonde entre collines et vignobles, sera pour Obernai, centre médiéval au charme incontestable avec ses vieilles maisons aux toits polychromes qui s’ornent le plus souvent des armoiries des corporations. Toute l’Alsace semble s’être concentrée ici grâce à l’échantillonnage parfait de ce qui caractérise le mieux la province.
Fondée par les Romains, elle est au VIIe siècle la principale résidence du duc Adalrie, père de la future sainte Odile, qui fonda le couvent de Hohenberg. Au milieu de la place du marché se dresse une statue à son effigie, figure rayonnante dont le mont qui porte son nom est devenu en Alsace une montagne sacrée, lieu d’un fervent pèlerinage. Il y a d’ailleurs à Obernai une rue des Pèlerins avec une maison en pierre de trois étages datant du XIIIe siècle. Nous poursuivons notre route jusqu’à Sélestat qui occupe une place centrale sur la route des vins. Située sur la rive gauche de l’Ill, la ville compacte, fleurie et couleur de grès rose possède deux églises et quelques maisons anciennes remarquables, témoignages d’art d’un grand intérêt. On sait que Charlemagne y fit un séjour en 775, mais c’est surtout par son histoire religieuse que Sélestat porte profondément la marque du Moyen-Age et de la Renaissance. Ainsi l’église conventuelle Sainte-Foy, construite dans la seconde moitié du XIIe siècle, attire l’attention pour trois raisons : son porche décoré de chapiteaux historiés, ses statues en bois sculpté et son harmonieux triptyque. L’église Saint Georges, plus tardive, date des XIIIe et XVe siècles et comporte un narthex original et des portes qui ont encore leurs vantaux et leurs pentures d’origine.
Depuis les anciennes fortifications se déploie un panorama superbe sur les collines sous-vosgiennes et le Haut-Koenisbourg. On remarque également dans la ville d’agréables ruelles, une tour des sorcières et un trésor de la Renaissance, la bibliothèque humaniste, l’une des plus riches du monde, installée dans la halle aux blés et qui ne compte pas moins de 450 manuscrits, 530 incunables ( livres imprimés avant 1500 ) et 2000 imprimés du XVIe siècle.
Ribeauvillé; le pays des riesling, pinot et gewurstraminer
Nous terminons la journée à Ribeauvillé, lové au bord de sa rivière, au pied des célèbres châteaux de Girsberg, Saint-Ulrich et Ribeaupierre, par un temps doux qui permet de dîner dehors dans une auberge accueillante ( mais elles le sont toutes). Ici trois grands cépages sont à l’honneur : le riesling, le pinot gris et un gewurtztraminer particulièrement fin. Ce village, très étendu le long de sa rue centrale, offre un décor ravissant avec ses maisons à colombages et ses places agrémentées de fontaines, ainsi celle qui se trouve devant l’Hôtel de Ville et date de 1536, décorée d’un lion portant les armes de Guillaume Ier de Ribeaupierre dont les ruines du château dominent la cité. Les ménétriers, présents sur de nombreuses enseignes, en avaient fait leur capitale. Parmi les plus beaux bourgs de la route des vins, Ribeauvillé séduit par ses maisons colorées de jaune, de pourpre, de bleu, de vert qui enchantent l’oeil et savent composer entre elles une incomparable harmonie.
La plupart de ces petites villes sont entourées de remparts encore visibles et ont gardé leurs puits, leurs colombages ouvragés, leurs volets décorés de motifs et leurs beffrois, nous donnant une vision précise des décors de jadis. Sans oublier la décoration florale que chaque habitant a à coeur de réaliser, faisant de leurs balcons, de leurs portes, du rebord de leurs fenêtres une véritable orchestration végétale. Mais ce qui frappe est la propreté de l’Alsace. Où que vous alliez, et malgré un tourisme intense, vous ne verrez jamais traîner un papier ou une crotte de chien. Il semble que cette province, qui a traversé l’histoire en changeant souvent de nationalité, tantôt allemande, tantôt française, a eu l’intelligence et la sagesse d’assembler les qualités de chacune d’elles à son profit. Un grand bravo pour la chaleur de l’accueil, la disponibilité des habitants et bravo surtout pour l’excellence appliquée à toutes les octaves.
Eguisheim, un village magnifique
Le lendemain, nous allons découvrir d’autres villages dont Eguisheim où nous déjeunerons dans une ancienne cave à vin, ce qui est courant en Alsace et dégusterons ces fameuses tartes flambées, salées ou sucrées, dont la fine pâte est un véritable régal. Quant au village, il est peut-être le plus admirable de toute la région. On peut en faire le tour en suivant l’emplacement des anciens remparts bâtis comme les maisons de façon concentrique autour de son château, résidence du bailli épiscopal dont les vestiges du XIIIe siècle sont en partie ensevelis sous les reconstructions du siècle dernier. La silhouette des trois tours carrées du Haut-Eguisheim dominent les pentes environnantes couvertes de vignes et de forêts.
Inoubliable sans doute l’arôme des deux grands crus d’Eguisheim mais inoubliable surtout la forme ronde de ce village escargot qui semble n’avoir pas vu passer le temps, tellement tout est resté à son exacte place avec des rues étroites et pavées bordées de maisons riches architecturalement. On ne sépare plus les uns des autres les oriels sur consoles, les balcons ouvragés, les pans de bois peints et sculptés, les pignons pointus, pas plus qu’on ne peut décrire le charme qui émane de ce village où l’on plonge dans le décor miraculeusement sauvegardé de l’époque moyenâgeuse, village musée et cependant vivant, habité, fleuri, animé par des enfants jouant à la marelle, une femme devisant avec sa voisine, un homme arrosant ses jardinières, un rideau qui s’écarte, un chat qui se chauffe au soleil.
Turkeim et les côteaux du Brand
La prochaine étape sera pour Turkeim au pied des côteaux du Brand. Cette petite cité médiévale a conservé son enceinte et ses trois portes du XIVème, de même qu’une tradition : celle du veilleur de nuit qui, l’été, fait sa tournée dans la ville avec sa lanterne, sa hallebarde, vêtu de sa houppelande et chante à chaque coin de rue : « Veillez au feu et à la lumière ». Pour ceux qui ont les moyens de descendre à l’hôtel des « Deux clefs », dont la façade est rythmée par les colombages, ce sera une plongée soudaine dans le passé et l’histoire, tant cette hostellerie communale, réaménagée en 1620 avec ses poutrages apparents et son oriel sculpté, a gardé son caractère et reste une des attractions de ce lieu. L’ensemble du village a d’ailleurs l’allure d’un décor de théâtre, ainsi la place Turenne est là pour rappeler qu’en 1675 le fougueux maréchal écrasa impitoyablement les envahisseurs impériaux et fit entrer l’Alsace dans le giron du royaume de France.
C’est à Turkeim que nous allons apercevoir enfin deux magnifiques cigognes debout dans leur nid et une autre en plein vol, la plupart de ces échassiers étant déjà partis hiverner en Afrique du nord. Les gens du pays ne nous ont pas caché, lorsque nous les avons interrogés à ce sujet, que les migrateurs étaient en moins grand nombre qu’autrefois, gênées par les bruits et nuisances des villes, les lignes électriques et l’assèchement des zones humides. Néanmoins les Alsaciens font de grand effort pour conserver cet oiseau emblématique auquel ils sont très attachés. Ainsi ont-ils créé des sites protégés et des enclos d’élevage où les mères peuvent couver en toute tranquillité.
Kayserberg et la belle vallée de la Weiss
Notre journée s’achèvera par la visite du délicieux village de Kayserberg au débouché de la vallée de la Weiss, lieu déjà connu à l’époque romaine et dont les ruines de son château du XIIe dominent le bourg. Construit par Frédéric II de Hohenstaufen, sa position stratégique permettait d’avoir une vue circulaire sur un paysage fait de collines qui ondulent très loin jusqu’à l’horizon, couvertes de vignes et de bois. A l’abri des remparts, les belles maisons confèrent à cette gracieuse cité son caractère pittoresque. C’est ici que naquit le docteur Albert Schweitzer, fondateur de l’hôpital de Lambaréné au Gabon, prix Nobel de la Paix en 1954, musicien, philosophe et pasteur protestant, dont la vie a inspiré un beau film : « Il est minuit docteur Schweitzer« .
La Weiss, qui traverse le village, ajoute un charme supplémentaire avec son pont fortifié et ses maisons typiques aux balcons fleuris qui se reflètent dans les eaux paisibles. A l’intérieur de l’église paroissiale construite entre les XIIe et XIVe siècles, l’art roman a laissé de nombreux témoignages : sur la façade un beau tympan de 1230/1735 représentant le couronnement de la Vierge ; à l’intérieur un riche mobilier et un retable sculpté, peint et doré de Hans Bongart daté de 1518.
Photos : © Yves Barguillet
C’est un département vraiment magnifique
merci j’ai hate de visiter colmar et touts les petits villages d’alsace