Voilà un salon qui se poursuit sous l’égide de MUSEUMEXPERTS, une société dirigée par Jean François Grunfeld, le créateur du Salon des Musées et des Expositions qui a connu des jours de gloire au milieu des années 80, puis a du se décentraliser sous différentes formes pendant la longue période de fermeture du Grand Palais. J’ai participé à une édition à la Corderie de Venise en 1996, avec la présence attentive du Maire, Massimo Cacciari. Un volet était consacré au tourisme culturel, avec des interventions sur le patrimoine rural roumain, sur la Biélorussie, sur la politique touristique de la Province de Namur, sur le magnifique travail des « Villes d’Art et d’Histoire », pas encore étendues aux Pays à l’époque, le tout accueilli par le Palazzo Grassi et sous l’égide du Conseil de l’Europe. Autres temps…
Il y a eu ensuite quelques parcours français sur des initiatives concernant le tourisme culturel, entre Nantes et Paris, qui ont fait l’objet de publications en commun avec l’Institut européen des Itinéraires culturels.
S’il est devenu aujourd’hui parfaitement inutile de penser réunir les grands musées d’Europe dans un même lieu, alors que les nouvelles technologies permettent de mettre le nez sur les tableaux comme si on était le seul visiteur accueilli, l’idée de réunir les prestataires des musées et des expositions, voire des offices du tourisme qui se sont heureusement transformés en lieux d’information culturelle, est bien entendu toujours valable. Certains musées restent par contre prêts à apporter leur expérience sous forme photographique lors de conférences.
L’édition 2012 qui s’est dérouléde du 24 au 26 janvier au Carrousel du Louvre avait forcément un air de crise. La diminution générale des crédits publics ajoute à la sinistrose générale, alors que tous les sondages montrent pourtant un accroissement de la fréquentation des musées.
Les exposants réunis pendant ces journées donnent cependant à voir concrètement une véritable coupe stratigraphique des tendances. Les musées sont là dans les conférences : musée national de Norvège, musée Soulages, Centre culturel et touristique du vin, Cité du corps Humain et le très actif Musée de la Poste de Paris, avec des propositions sur les axes commerciaux et l’importance des boutiques. Le hall d’entrée attendait certainement plus d’exposants dans le secteur des boutiques qui, au moins au Royaume-uni, est devenu primordial pour l’équilibre financier des établissements.
La présentation d’un documentaire d’ARTIVI sur la « Vente du siècle », celle de la collection Bergé – Saint Laurent donne une idée assez enchanteresse sur la qualité des pièces réunies, dans tous les domaines et pour toutes les époques de l’art. Mais le making-off de la vente elle-même restera certainement une pièce d’anthologie.
Je ne surprendrai personne si je dis que le téléphone portable est maintenant prédominant dans tous les domaines de la médiation culturelle. Les organisateurs du salon en ont ainsi organisé la visibilité événementielle pour les publics jeunes, avec un intéressant concours intitulé Musées (em)portables. Les applications se multiplient, l’arrivée du web dit « sémantique » (Web.3) secoue les méninges des uns et des autres, l’importance des réseaux sociaux ne fait que croître et l’audio-guidage est devenu une règle incontournable. On ne parle plus, comme partout dans la bouche des experts à la mode, que de branding, de fidélisation des publics, de souvenirs numériques et de réalité augmentée.
La tendance la plus récente est celle de la multiplication des tables numériques destinées aux visiteurs, mais aussi au travail collaboratif en conférence ou encore pour l’éducation, pour des groupes qui s’installent autour de cet écran d’ordinateur horizontal, à l’échelle d’une salle. Ces technologies créent certainement des emplois, mais elles consomment aussi de forts crédits d’équipement et d’investissement et restent encore trop souvent des gadgets qui imposent une certaine allure un peu irréelle et distante des contenus ainsi qu’une standardisation des approches. Pour ne pas parler du fait que, même si elles sont conçues pour une résistance à dix années de visite, on ne sait pas comment, ce que les prescripteurs informatiques ont dans leurs cartons pour l’année prochaine, va modifier les goûts du public ou nourrir son appétît pour la nouveauté . C’est de l’autoconsommation à l’infini… Le plus souvent, les belles techniques manquent de designers d’ergonomie et de rédacteurs. Mais comme pour le web dans son ensemble, la primauté de la création viendra certainement, probablement en raison même de la crise qui aiguise la créativité pour arriver à sortir de la banalité.
Il est clair que toute la dimension humaine, celle de la présence de l’accompagnateur, ou bien encore l’interaction directe et médiatisée par des moyens humains, entre les visiteurs et les œuvres ou les faits historiques, reste majeure. Par contre, la mise en place de « Petits théâtres », la présence de robots à face humaine, l’utilisation des maquettes tactiles et de manière générale du ludique plus traditionnel et plus matériel, reste un peu maintenant à l’arrière-plan, même si certains exposants font toujours des miracles dans ces secteurs.
Quelques références :
Le site de MUSEUMEXPERT, avec la rubrique tablettes, ses actualités, les appels d’offres
et la liste des professionnels. Le site de sonovision broadcast, le mensuel des professionnels de l’image et du son. Le site du « premier magazine web destiné aux professionnels du cinéma, de la télévision, de l’audiovisuel, dans un monde connecté, Mediakwest » est en construction, mais propose un concours.
Les exposants dans le mainstream : Blue/apps avec un PhoneGuide paramétrable pour les offices du tourisme. Adlib.mobile.connect APP qui, par abonnement annuel à un API permet d’empiler adib LIBRARY, adib MUSEUM et adib ARCHIVE. SmArtapps pour la médiation culturelle sur mobile, une approche maintenant classique de panoramas en 360° et de réalité augmentée. Art graphique et patrimoine : Pour la beauté des images…et plus encore pour les restitutions architecturales en 3D, le travail sur la polychromie médiévale de la cathédrale d’Amiens, le Panthéon de Paris et le château de Chambord (Certaines applications sont téléchargeables sur votre ordi). Tables graphiques : Samsung pour professionnels.