La « slava » est une fête religieuse de la Serbie orthodoxe, la fête du saint patron, le protecteur d’une famille. Fêter son saint étant pour une famille serbe aussi important que fêter Noël, Pâques, ou, tout simplement un anniversaire, il est clair, que cette fête demande un tas de préparatifs, y compris la préparation d’un ou de plusieurs repas assez grandioses, selon la région du pays.
La Slava, une journée pour célébrer le saint patron de la famille
En effet, s’il est usuel de fêter son saint pendant une seule journée en villes, dans certains petits villages, il est encore assez fréquent de le fêter pendant deux ou trois jours, voire même plus. Mais selon moi, cela devient quand même un peu trop !!! Sinon, c’est vrai que toutes ses fêtes, surtout en milieu rural, sont quelque chose de très beau, haut en couleur, et je trouve que c’est assez dommage qu’il s’agisse surtout des fêtes privées, car je pense que cela présenterait une attraction touristique assez sympa.
Etant Française, et catholique (pas trop pratiquante en fait, si je mets de côté le fait que je crois en Dieu), il m’a toujours été intéressant de voir comment les autres fêtaient… surtout qu’ici, il y a toujours une espèce de mélange de sacré, de traditionnel, voire même d’origine animiste sur les bords… un mélange assez réussi, si vous voyez ce que je veux dire. Et justement, pendant un long moment je me suis demandée pourquoi ces fêtes religieuses étaient si importantes dans un peuple qui apparemment a tout d’un peuple tout à fait moderne.
La Slava est une fête qu’on célèbre en famille dans sa maison, mais aussi au cours de processions et de réunions des slava qui se célèbrent dans les villes, les villages, dans les institutions comme les écoles et même dans les corps de métier.
Découvrez les origines de la Slava et son rôle social et identitaire en Serbie
La tradition de la Slava en Serbie remonterait au IXème siècle, lors d’un mouvement de christianisation des Serbes. Pour lutter contre le paganisme fort dans les campagnes et contre la croyance persistante en des idoles locales, l’église eut l’idée d’instituer un rituel durant lequel un saint chrétien serait célébré par la famille afin d’en obtenir sa protection.
La Slava repose sur un ensemble de rituels réalisés pendant les deux ou trois jours que dure la célébration dans la famille. La maison est un lieu central, faisant l’objet des plus grandes attentions, jusqu’à l’arrivée du prête pour la bénédiction et l’aspersion à l’eau bénite. Ce sont les femmes qui ont en charge son nettoyage, la préparation et les décorations et la confection des produits nécessaires, comme un cierge, un gâteau, le slavski kolac, du vin rouge, de l’encens et des colybes. Les colybes sont un mélange de grains de blé bouillis saupoudrés de sucre et garni d’amandes et de petites dragées, censés représenter symboliquement le corps du défunt et incarner la douceur de la vie éternelle auprès du Christ.
Le rôle essentiel de la nourriture dans la célébration de la Slava serbe
L’un des plats centraux de la cuisine serbe et de la Slava est la sarma (voir la recette serbe de la sarma). Il va falloir pour mieux placer cette recette dans le contexte, raconter encore un peu de l’histoire Serbe. Donc, avant de poursuivre, il faut savoir que, dans les temps anciens, la viande n’avait pas beaucoup de place sur la table de tous les jours, d’un pauvre paysan Serbe. Il en était bien sûr, différent en ville, encore que, même là, on en mangeait que un tout petit peu plus souvent… Donc, on trouvait plutôt des plats à base de maïs (ressemblant assez au polenta, ou encore du pain du mais), du fromage, des œufs, une tranche de lard ça et là… la viande séchée étant distribuée avec parcimonie et que pour les occasions plus importantes (un invité inattendu, par exemple)… des légumes.
Le bétail étant quelque chose d’inestimable, on faisait en sorte d’en tirer tout ce qu’on pouvait, sans le tuer pour autant (labeur dans les champs, la laine, les œufs, le lait…). Et puis, comme il n’y avait pas de réfrigérateurs, bien qu’on tuait un certain nombre de bêtes en automne, on pouvait manger de la viande fraîche qu’à ce moment là – de là provient pratiquement le fait que les fêtes religieuses les plus importantes (hors Pâques et Noël) se situent justement en automne. Le reste de la viande se préservait par salaison, fumage, séchage etc… Aussi, le porc et les volailles étant les plus faciles à entretenir, ces animaux étaient en prédomination chez le paysan de base. Le mouton par exemple, on en trouvait bien plus en montagne, ce qui compliquait pas mal les choses au paysan de base, sachant qu’on mangeait que de l’agneau au printemps (la St George, Pâques)…
La tablée fêtarde pour la « Slava » contient toujours du pain (le pain devient le symbole du corps de Christ et est béni par l’église) orné de dessins et avec en son centre la croix, du vin rouge (pour le sang de Christ), un grand cierge (symbolisant le Saint Esprit), donc le symbole même de l’eucharistie. A ces symboles, on ajoute de la nourriture « plus terrestre », et je vous jure que c’est à ces moments là que vous verrez carrément des tables croulant sous la nourriture, presque comme chez nos ancêtres les Gaulois !!! Asterix et Obelix s’y sentiraient tout à fait à l’aise ;o)))…
Concernant les plats, on y trouve du « mézé » (un tas de charcuteries, de fromages et de salades servis en entrée), une bonne soupe, suivie de légumes et de viande de la soupe (je n’ai jamais compris pourquoi on ne pouvait pas les manger ensemble), la Sarma et l’incontournable cochon de lait (bien rôti et croustillant et doux à souhait, qu’on sert juste avant le dessert) servi avec des salades de saison. La Sarma, est donc le plat central, une espèce d’entrée avant la viande rôtie qui viendra juste après. Et souvent, surtout si elle est bien réussie, elle suffit amplement – après en avoir repris une deuxième fois on n’a plus faim !!!
Aux côtés du Slavski kolac, on retrouve le Zito, à base de de grains de blé mélangés à de cannelle, de sucre et de noix de muscade ou des noix. Il est servi dans un plat à partager. Dans le même esprit, le Koljivo, également très répandu en Macédoine, Roumanie et Moldavie. Il s’agit d’une « préparation à base de blé concassé et bouilli, mélangé avec des noix, du miel, des zestes d’orange, des raisins secs et de la cannelle ». Le Slatko.
Concernant les rituels de la Slava, le matin même, le prêtre vient bénir le gâteau placé près du cierge que le père de famille a allumé. Après avoir pris le pain dans ses mains, le prêtre entonne sa bénédiction en le présentant et le faisant tourner à tous les membres présents. Le gâteau est coupé en croix et le prêtre l’arrose de vin en récitant ses prières pour appeler le saint patron de la famille à la protéger.
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