Societe indienne. Le crime d’honneur en Inde peut pour certains s’apparenter à une tradition. Femmes défigurées à l’acide, brulées vives, tous les moyens sont bons pour laver l’honneur d’une famille. Pourtant, la société indienne s’apprête à amender une loi vieille de 150 ans, permettant de requalifier les crimes d’honneur en « meurtres »… Un progrès dans la reconnaissance des droits des femmes, souvent si fragile, en Inde…
« Mousson jour 3 : le chaos » ! C’est l’un des gros titres des journaux – télévision et papier – en Inde ce matin. Avec une attaque de train au Cachemire par les « naxals ». Avec cet éditorial d’un journaliste indien : « Faut-il faire intervenir l’armée ? Au 21e siècle, il devrait être possible de contrôler des protestataires armés de seules pierres, autrement qu’en tuant des jeunes hommes et femmes. Il faut leur donner la liberté physique, politique, économique et culturelle »… Eh ! Mister ! Cela s’appelle l’indépendance ! Et si on changeait « pierres » par « arbalètes » par exemple, cela ne vous rappellerait pas une autre histoire ?
Mais ce n’est pas cela qui a retenu uniquement mon attention ce matin en ouvrant « l’Hindoustan Times », c’est une fois de plus… le problème des crimes d’honneur, évoqués quasiment chaque jour dans les journaux. Un amendement à une loi vieille de 150 ans concernant les crimes d’honneur, va être instauré. Crimes d’honneur en augmentation signale le journaliste. Une nouvelle clause devrait classer ces « crimes d’honneur » en « meurtres ». Parce qu’avant, (femmes brulées vives, défigurées à l’acide), ce n’était pas des meurtres ? Et tous les membres des castes ordonnant de tels actes, seront poursuivis, au même titre que ceux commettant l’acte lui-même. Enfin, les 30 jours obligatoires pour annoncer les mariages inter religieux ou inter castes devront probablement être réduits, car cette période « servirait en fait aux familles pour faire pression sur les couples, et dans certains cas, pour organiser des « meurtres » qui ne s’appellent pas encore comme ça.
Mon chauffeur, Mister Singh – dont le nom indique automatiquement la caste des « Singh » donc des guerriers, m’a parlé de son unique petite fille de deux ans et demi, pour me dire combien il était heureux d’avoir une fille, combien il l’adorait… et j’ai entendu leurs échanges téléphoniques confirmant ses dires. « Pourtant » m’a-t-il dit, « Si elle se mariait hors caste, j’établirais tous les papiers pour qu’éventuellement elle hérite de moi, mais cesserait de la voir immédiatement et définitivement ». Et Mr Singh n’est pas un illettré, il a étudié à l’université et fait partie de 5 ou 6 pour cent d’indiens parlant couramment l’anglais (ça fait quelques centaines de millions quand même !). J’ai entendu pire comme histoire, mais il me faut y aller par petites doses…. Les prochaines risquent d’être sanglantes – et je pèse mes mots – car il s’agit d’une infiltration sur mon compte FB. Je ne peux donc, pour le moment, parler d’une pathétique histoire de jeune-fille dont le frère est devenu mon « ami ». « Ami » masqué, car en dépit de son nom qui sonne presque portugais, et de son image qui est celle d’un jeune européen… il est indien, et s’est glissé dans mes amis pour des raisons étranges. Suspense donc….et suite lorsque j’aurais donné un coup de balais dans mon compte.
Les photos jointes sont celles d’une jeune femme mariée au propriétaire de l’Haveli de Mandawa où j’ai dormi la nuit dernière. A la demande de son mari, elle a joliment tracé d’artistiques symboles au henné sur mes mains. Sous les yeux suspicieux de sa belle-mère. C’est la première jeune femme vraiment triste que je photographie. En dépit de mes « clowneries » habituelles, son regard est resté désespérément mélancolique, même si, sur l’une des photos, elle m’offre un sourire dévoilé. Sous le voile, le regard reste amer. Je lui ai demandé si elle avait des enfants. Elle a secoué la tête négativement. Pas d’enfant ? Jeune mariée ? La faute à qui ? J’ai sans le vouloir, mis le doigt sur quelque chose de très sensible. Elle semble porter le poids de ce « malheur »… Enfin c’est ce que j’ai cru deviner… mais peut être me faisais-je du cinéma…
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