En Inde, avoir un enfant fille est souvent considéré comme en Chine comme un malheur. L’augmentation du nombre d’avortements dans certaines régions comme le Punjab en témoigne. Des millions de filles et de femmes auraient été avortées pour ne pas donner naissance à une fille… Alors quel est le prix d’une femme dans la société indienne, ancrée si souvent dans des traditions qui peuvent sembler d’un autre temps…?
Lors de mon récent voyage au Rajasthan, je demandais à mon chauffeur, Singh, s’il avait été déçu à la naissance de son premier enfant : une petite fille. Marié selon la tradition indienne, il avait accepté d’épouser celle que sa famille avait choisi pour lui, la compagne de toute une vie et surtout la mère de ses enfants. « Non » m’a-t-il répondu. « Je suis ravi d’avoir une fille. Je ne pouvais pas être plus heureux». J’ai donc rencontré l’exception absolue. Et les conversations surprises au téléphone, dans la voiture, entre père et fille, on confirmé cette tendresse infinie qu’il avait pour sa fille.
Quand on connait le contexte de l’Inde… cette réaction de Singh est tout à fait étonnante… et réjouissante. En effet, le « Lancet », journal médical britannique, constatait » 10 millions missing female births in India » (traduction brutale : 10 millions de filles auraient été avortées). « Dans certaines région, le pourcentage de naissances est de 1000 garçons pour 800 filles et c’est dans le Punjab, l’une des plus riches régions de l’Inde que le ratio est le plus inquiétant ».
« Si les familles les plus aisées ont tendance a avoir moins d’enfants que les familles pauvres, c’est-à-dire une moyenne de 2, les parents feront tout ce qui est en leur pouvoir pour être sûre d’avoir un garçon » écrit l’activiste indien Sabu George
Pourquoi ? Parce que dans un pays sans système social, ce sont les garçons qui sont responsables de leurs parents. Selon la loi indienne ce sont aussi les fils qui héritent des richesses et du business des parents. En contrepartie, les filles sont un puits sans fin de dépenses… pour rien, car une fois « élevées », elles partent ensuite dans une autre famille après que les parents aient payé les frais de la cérémonie de mariage et surtout la dot. Pour les riches c’est une voiture, un appartement ou un business, pour les pauvres : des ustensiles de ménage, du bétail ou des bijoux.
Kate Darnton, écrivain habitant New Delhi, constate que « chaque semaine il y a dans la capitale indienne, au moins 2 meurtres de jeunes mariées dont les parents n’ont pas rempli leurs engagements ou parce que ces engagements n’étaient pas à la hauteur des espérances formulées par la famille du marié ».
Une publicité indienne proclamerait « Dépensez 500 roupies maintenant et épargnez ainsi 50 000 roupies plus tard. Le problème c’est que ces examens qui permettent de déterminer le sexe de l’enfant au début de la grossesse sont interdits en Inde sous peine d’amendes graves ou d’interdictions d’exercer… Sauf pour les familles riches qui peuvent se permettre d’aller à Singapour. Il doit donc exister des moyens illégaux de « savoir ».
Ce problème qui touche aussi gravement la Chine, occasionne un trafic de filles. (International Herald tribune). « Des fermiers du Punjab voyagent aussi loin que le Kerala dans le sud de l’Inde pour trouver une femme à leur fils.
L’écrivain américaine Hanna Rosin signale qu’aux Etats Unis c’est exactement le contraire, là où la haute technologie permet de déterminer le sexe de l’enfant, les familles américaines favorisent les naissances de filles.
Kate Karnton continue ainsi son article; « En lisant le Hindoustan Times, je suis tombée ,écrit elle ,sur l’annonce suivante : « Rich Delhi couple travel to Bangkok to ensure male heirs »
« L’argent circule, mais les vieilles coutumes sont plus ancrées que jamais en Inde »
Les petites Isan pauvres, mais avec cette graine d’indépendance dans les gènes, leur légèreté d’oiseau et leur culte du « may pen ray » répondront-elles un jour à cet appel de riches familles indiennes en quête d’héritier ?
Elles ne me lisent pas, mais si je pouvais leur donner un conseil : « N’y allez pas, même pour beaucoup d’argent. En Inde, la femme jeune-mariée est quasiment l’esclave de sa belle-famille ».
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