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Sur la route d’Albi … Tours et détours dans la France profonde

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Un congrès à Albi, l’occasion de traverser l’Auvergne du nord au sud, en musardant dans les petites villes et villages historiques qui recèlent un patrimoine d’une grande richesse que beaucoup ne savent pas dénicher, préférant s’agglutiner sur des lieux de vacances panurgiques.

 Sur la route d’Albi…

Après nos vacances estivales, les routes de l’Auvergne nous ont encore inspirées au début du mois d’octobre car, à cette époque, comme chaque année, je devais participer à un congrès qui rassemble des dirigeants sportifs venus des six coins de l’Hexagone et même des départements et territoires ultramarins. Cette année, notre rassemblement se tenait à Albi et je devais donc traverser le Massif Central de part en part, du Nord au Sud, pour rejoindre le lieu de réunion.

Nous sommes donc partis le 1° octobre en direction d’Issoire pour, profitant de cette opportunité,  visiter l’abbatiale Saint-Austremoine qui fait partie des cinq églises romanes majeures d’Auvergne. Pendant nos vacances estivales, nous avions déjà visité Saint-Nectaire dans le village du même nom, Saint-Saturnin dans le village qui a hérité du nom de ce saint, lui aussi, et la basilique Notre-Dame d’Orcival. Cette visite nous permettait donc de voir, dans un laps de temps relativement court, et de comparer, quatre de ces cinq églises majeures dans leur style. Nous avons fort apprécié cette visite car une personne nous a ouvert les portes d’un petit local où ont été découvertes des peintures murales datant du XV° siècle d’une bien belle facture. L’église est sans surprise, c’est une église romane de style auvergnat avec toutes les attributs qui caractérisent ces églises et qui leurs confèrent une harmonie inégalée, à mon sens, dans l’architecture religieuse. Seule petite déception, l’intérieur de l’abbatiale est encore totalement revêtue de peintures du XIX° siècle qui ne sont pas à mon avis du meilleur goût et il serait opportun de redonner à cette église sa parure original ou une parure plus sobre correspondant mieux à l’esprit des bâtisseurs et de leurs commanditaires.

Nous redécouvrons le centre ancien, rénové avec goût, de cette petite ville fraîche et proprette dans laquelle nous avions déjà fait étape il y a quelques années sur la route d’autres vacances. Nous terminons notre promenade apéritive par un petit tour dans le parc dominé par le chevet de l’abbatiale qui se dessine à travers fleurs et feuillage. Nous prenons notre premier repas à l’hôtel Le Parc où nous avons choisi de passer la nuit et nous commettons notre premier excès en commandant un tripoux auvergnat.

Notre seconde étape comporte un bon bout de route et nous n’avons pas la possibilité de faire de nombreuses visites, nous nous arrêtons cependant au viaduc de Garabit pour jeter un coup d’oeil à cette merveille de l’art eifelien. Il n’y avait pas d’écolos à l’époque du célèbre Gustave, mais s’il y en avait eu, gageons qu’ils auraient sérieusement perturbé la tâche de l’architecte. Aujourd’hui, les cars de touristes s’agglutinent au pied du viaduc et les photographes amateurs mitraillent l’édifice à souhait. Toutes considérations esthétiques mises à part, ce monument est tout de même une réelle prouesse technique qui ne défigure en rien le paysage et démontre que la France a, ou du moins avait, de grands ingénieurs en génie public.

Encore un petit bout de route et il temps de faire étape pour se restaurer, nous choisissons de nous arrêter à Marvejols, petite bourgade lozérienne, qui a su conserver ses portes monumentales et quelques édifices datant au moins de la renaissance. Une petite cité de charme fraîche et bien entretenue qui respire la joie de vivre et le dynamisme comme nous ne nous attendions pas à en trouver dans ce coin perdu de Lozère. La France profonde comme nous l’aimons, paisible et pleine de charme. Mais la route est encore longue et il faut vite repartir en direction de Rodez où les ennuis commencent par un bouchon à la sortie de la ville et un second quelques kilomètres plus loin seulement.

Nous arrivons tout de même à Albi avant de nous rendre au lieu de rendez-vous sur le site de la Découverte à Carmaux, une ancienne mine à ciel ouvert transformée en site de congrès et de loisirs où notre rassemblement se tiendra. Un musée de la mine témoigne des activités qui ont été exercées pendant des décennies sur site où quelques machines monstrueuses ont été maintenues pour témoigner. Mais, l’emploi du temps est serré et il faut rejoindre le groupe pour les réceptions officielles, nous laissant juste un peu de temps pour traverser la vieille ville d’Albi que nous avons déjà parcouru il y a quelques années à l’occasion d’une étape sur la route d’un autre congrès. Et, une fois de plus, nous contournons Sainte-Cécile sans avoir le temps de lui consacrer la visite qu’elle mérite mille fois.

La journée suivante est consacrée aux travaux de notre congrès et ne comporte donc aucun intérêt pour ce récit. Passons donc vite à la journée suivante qui, elle, est réservée, dans sa première partie, à la visite de la cité médiévale de Cordes-sur-Ciel qui conserve un exceptionnel patrimoine médiéval construit à la demande du Comte de Toulouse Raymond VII, au début du XIII° siècle, qui souhaitait attirer les marchands pour remplir ses caisses bien entamées par les guerres conduites lors de la croisade des Albigeois. Tout dans l’architecture indique le rôle prédominant des marchands dont les vastes et fastueux hôtels bordent les principales artères de la cité. Le pouvoir seigneurial est très discret, et autre signe, intéressant l’église comporte un clocher et une tour de guet mais la tour domine le clocher, les bourgeois supplantent le clergé. La ville ne peut être décrite tant le patrimoine est riche, il n’y qu’une solution, il faut visiter pour apprécier cette cité dans toute ses dimensions. Et nous, nous terminons notre visite par un repas médiéval servi sous la halle certainement plus médiéval que le repas que nous dégustons qui est tout de même succulent et fondé sur des produits qui se consommaient effectivement au moyen-âge.

Nous quittons la cité médiévale rapidement car nous avons choisi de faire étape à Rodez mais les aléas de la route nous attirent tout d’abord à l’abbaye de Loc-Dieu que nous ne pouvons pas visiter. Mais, nous pouvons tout de même faire une longue promenade dans le parc et voir, de l’extérieur, l’ensemble architectural très impressionnant et très bien conservé. Un jour peut-être visiterons-nous  cette abbaye avec son église cistercienne d’origine, fille de l’abbaye de Pontigny dans l’Yonne que nous avons déjà visitée, et ainsi retrouver des signes de cette filiation inscrits dans la pierre. La proximité de Villefranche-de-Rouergue perturbe aussi notre voyage, nous avons, en effet, une sympathie particulière pour cette bastide que nous avions découverte il y a longtemps, très longtemps, où nous sommes déjà repassés deux ou trois fois et qui nous charme toujours autant avec son énorme clocher encastré dans les arcades qui enserrent la place centrale. Nous ne résistons pas à une nouvelle visite et nous sommes toujours sous le même charme de cette paisible bourgade qui dégage une joie de vivre calme et sincère. Nous arrivons donc à Rodez en fin d’après-midi pour prendre possession de notre chambre à l’hôtel Le Clocher qui vient d’être totalement rénové avec beaucoup de goût. L’architecte a su conserver l’aspect historique des lieux en leur donnant un confort agréable mais pas trop envahissant pour ne pas léser l’authenticité du lieu à quelques mètres de l’énorme cathédrale gothique qui trône au centre de la ville. La visite de celle-ci est remise au lendemain, nous nous contentons d’apprécier les illuminations qui font chanter la couleur du granit dont est construite cette magnifique cathédrale. Un bémol à cette journée, comme tous les dimanches soir dans la plupart des villes de France, il est bien difficile de trouver un établissement pour se restaurer même simplement, nous échouons donc dans une brasserie où on nous sert un repas frugal mais tout à fait quelconque et même moins !

Le lendemain, visite de la cathédrale et de son énorme vaisseau et vite en route pour rejoindre Séverac-le-Château que nous avons contourné à l’aller et que nous souhaitons visiter de fonds en combles ce jour.

A Séverac-le-Château, nous laissons la voiture près de l’office du tourisme où nous avons récupéré la documentation nécessaire et nous partons à la découverte de la cité médiévale qu’il faut de toute façon traverser pour atteindre le monumental château qui coiffe la butte dominant le village. La cité médiévale est accrochée en forme d’arc-de-cercle sur les pentes de cette butte et on peut y découvrir, magnifiquement restaurés et bien entretenus, des maisons à colombages, des tours poivrière, des passages couverts voûtés ou non, la place du marché au grain, une fontaine romane, des échoppes, … tout un patrimoine architectural d’une grande qualité. La traversée de cette cité sollicite les mollets car la pente est forte et certaines ruelles sont mêmes construites en escalier mais l’effort est récompensé par l’arrivée au château où le panorama sur les plaines alentours est magnifique. Dans ce château impressionnant, il est encore possible de visiter les tours de guets, les remparts, la courtine et quelques salles. Une visite qui mérite le détour et qui me fait regretter vivement d’avoir saturé mon appareil photo dans la traversée de la cité.

Après cette belle surprise, nous ne nous attentions pas vraiment à découvrir un si bel ensemble architectural aussi bien conservé, nous avons poursuivi notre route jusqu’à Mende qui nous laissait un souvenir plutôt mitigé, reliquat d’une  traversée sous un ciel gris lors d’un précédent périple. Mais, c’est encore avec surprise que nous découvrons, sous le soleil cette fois, une petite ville animée et pimpante qui déroule ses rues piétonnes au pied de son énorme clocher, encore un qui nous fait penser à Tulle, Rodez et Villefranche-de-Rouergue pour nos derniers voyages au moins. Et, c’est à la terrasse d’un petit restaurant que nous goûtons un frugal repas néanmoins savoureux.

Faisant route vers Le Puy, nous passons à proximité de Chateauneuf-de-Randon dont la signalisation nous invite à la visite à laquelle nous ne savons résister. Arrivés sur une vaste place, nous sommes accueillis par l’odeur caractéristique laissée par les chevaux rassemblés pendant un certain temps et nous comprenons rapidement qu’un marché ou une foire s’est tenue la veille sur cette place et les animaux devaient être en nombre car l’odeur abandonnée est forte et tenace. Nous prenons cependant le temps de jeter un œil au monument érigé en l’honneur de Bertrand Duguesclin, le célèbre connétable décédé en ces lieux lors d’un siège devant les Anglais, non pas au combat mais seulement après avoir bu de l’eau trop fraîche, dit la légende. Le village conserve aussi quelques vestiges de son histoire médiévale mais le château a été rasé et il n’en reste rien, sauf si la Tour des Anglais dont il reste des vestiges, appartenait à ce château. Une petite balade nous conduit jusqu’à un belvédère qui offre un vaste panorama sur la Margeride. Nous attendrons cependant Langogne pour nous désaltérer car l’odeur de crottin est vraiment trop forte dans cette cité pour séjourner un instant à la terrasse d’un café. Un petit tour sur internet, nous apprend que des foires se tiennent depuis le XVI° siècle sur cette place et … nous sommes convaincus qu’elles perdurent encore.

Langogne possède une jolie petite halle au milieu de la ville et on peut y voir quelques maisons intéressantes mais nous n’avons pas le temps de faire une visite plus sérieuse, nous nous contentons de prendre une boisson fraîche dans un bar où nous avions déjà fait étape lors d’un précédent voyage et où les autochtones jouent toujours à ce stupide jeu de loterie instantané qu’on trouve dans de nombreux cafés maintenant. Comme nous devons rejoindre Le Puy-en-Velay où nous avons réservé une chambre, nous ne pouvons plus désormais musarder en route.

Après quelques tours et détours en ville, nous trouvons notre hôtel, l’Hôtel Bristol, qui nous hébergera pour la nuit et comme il est déjà tard, nous restons sagement dans notre chambre pour avancer nos lectures avant de prendre un dernier repas auvergnat pour ce périple. La matinée du lendemain est consacrée à la visite de Saint Michel l’Aiguilhe car, quand nous venons au Puy, nous nous imposons systématiquement la montée des 268 marches qui conduisent vers cette merveille en miniature, perchée sur son éperon rocher, qu’est cette chapelle romane en modèle réduit qui comporte toutes les caractéristiques du genre mais en réduction. Un vrai lieu d’esprit qui éclipse, à notre avis, la grande cathédrale dominée par l’énorme statue de la Vierge coulée avec le bronze des canons pris à Austerlitz. Le site de l’Aiguilhe  est judicieusement complété par une petite salle d’exposition et un très intéressant diaporama qui rappelle l’histoire de ce monument. Les jambes bien dégourdies, le cœur gonflé et l’âme en paix, nous quittons la cité du Velay pour mettre le cap sur notre région en nous contentant d’une brève halte, sur le bord de la route, pour prendre un léger casse-croûte avant de regagner notre port d’attache.

Nous sommes ravis d’avoir transformé ce long voyage à but utilitaire en un agréable périple à travers l’Auvergne, ses monts, ses vallées, ses plateaux, son histoire, son patrimoine et … sa gastronomie et de plus en plus convaincus que la France possède un patrimoine naturel et historique de très grande classe mais qu’il faut parfois savoir dénicher et mériter.

Denis Billamboz

3 commentaires sur “Sur la route d’Albi … Tours et détours dans la France profonde”

  1. Voilà une région que je ne connais pas et qui mérite vraiment le détour à ce que je vois.
    La cité médiévale de Corde-sur-Ciel doit être magnifique !

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