J’ai beaucoup entendu parler d’Harlan Coben, en bien et en moins bien d’ailleurs, et le défi « Littérature policière sur les 5 continents » fut l’occasion pour moi de tenter l’aventure. Je ne souhaitais pas lire « Ne le dis à personne » parce que j’ai vu le film lors de sa sortie, aussi ai-je choisi « Temps mort » opus d’une série dont l’action se situe dans les milieux sportifs.
C’est l’histoire de Myron Bolitar, un agent sportif au grand coeur, d’une naïveté en amour sans borne, aux allures de tendron sentimental cachant une détermination à toute épreuve: il faut dire qu’il fut une étoile montante du basket, lui petit blanc perdu parmi les noirs, dont la trajectoire fut stoppée par une vilaine blessure. Son meilleur ami, Win, est un étrange personnage richissime, requin en affaire, doté d’un humour corrosif et pétri de violence, éduqué qu’il fut à la mode des services secrets. Bref, un duo de choc pour une affaire aux apparences tranquilles: il faut servir de baby sitter à une jeune prodige, noire, du basket féminin, Brenda Slaughter, qui a oublié d’être laide et contrefaite. Elle a reçu des menaces de mort et, en cette veille de match crucial pour le lancement d’une ligue de basket féminin, il est souhaitable que rien de fâcheux ne lui arrive.
De fil en aiguille, Myron se retrouve à rechercher la raison de la fuite puis de la disparition de la mère de Brenda, départ coïncidant avec une affaire trouble datant de vingt ans, celle du décès de l’épouse d’Arthur Bradford, héritier d’une famille influente de Livingstone et homme politique. Myron remue une boue que beaucoup souhaitaient oublier, aussi est-il confronté aux sbires des uns et des autres: les découvertes macabres viennent troubler les bonnes familles, des squelettes bien cachés dans les placards ressurgissent de manière inopportune, les faiblesses de la police montrent qu’il y a eu des enquêtes étouffées, des témoignages tus. La vérité sera étonnante, troublante et cruelle, donnant un goût amer à la peine de Myron.
Que dire sur ce polar sinon qu’il m’a ennuyée jusqu’aux cinquante dernières pages! Je n’ai rien trouvé de transcendant à l’écriture ni à l’intrigue, les traits d’humour tombaient à plat (était-ce du à mon manque de culture sportive et de vie de vestiaires?Ou à une mauvaise traduction?), la mise en place des éléments de l’enquête laborieuse, les considérations sociétales un peu trop rapides (que voulez-vous, j’aime bien les éléments explicatifs dans les polars).
Une lecture décevante: je m’attendais à plus machiavélisme dans la construction de l’histoire (j’avais adoré « Ne le dis à personne »!!). Certes, un des personnages cache bien son jeu et surprend mais le tout n’est pas vraiment bien amené. Une impression d’écriture bâclée….dommage. Une question m’est venue à l’esprit, après avoir lu la bibliographie impressionnante de l’auteur: publier à un rythme d’enfer (1 roman presque tous les 6 mois) ne nuit-il pas à la qualité de l’écriture, de la construction de l’intrigue et à l’inspiration? J’ai eu la désagréable sensation de lire un roman écrit dans un moule, le contenant ne change pas, seuls quelques changements d’ingrédients pour avoir une impression de nouveauté….mais cela n’engage que moi.
Roman traduit de l’anglais (USA) par Paul Benita