14 avril 1865. Les Yankees fêtent leur victoire et la fin de la guerre de sécession. Le même soir, le président Abraham Lincoln est assassiné par un acteur, James Wilkes Booth et deux autres membres du gouvernement échappent à une tentative d’assassinat. Les coupables sont rapidement appréhendés, seul Booth est tué lors de son arrestation. L’enquête menée par l’armée se focalise
alors sur une pension tenue par une certain Mary Suratt dont le fils bien que faisant partie des conspirationnistes n’a pas encore été arrêté. Elle va donc être jugée, au côté des autres conspirateurs, le jury militaire étant persuadé qu’elle sait où se cache son fils et qu’elle faisait partie du complot. Un jeune militaire, récemment converti en avocat, est désigné pour lui assurer sa défense. Mais comment peut-il la défendre, sachant qu’il la croit coupable et que le jury militaire a déja arrêté son verdict.
Un film raté. Le propos était probablement de montrer comment la justice peut être corrompue en temps de guerre et pourquoi il est urgent même en temps de guerre d’instaurer des tribunaux civils et non militaires. Problème, le réalisateur, Robert Redford, veut passer par le pathos pour nous faire acquérir cette idée. Du coup le film se focalise sur le procès de Mary, on voit seulement
les autres accusés dans le fond de la salle d’audience, ce qui ne parait pas logique, même et surtout pour un tribunal militaire. Il aurait dû filmer le procès de Mary dans le marasme du procès des conspirationnistes, pour illustrer justement cette justice expéditive et montrer leurs motivations. Et poursuivre après la fin du procès de Mary, sur celui de son fils pour offrir au spectateur une vue d’ensemble du fonctionnement de cette justice. Au final, les accusés font figure de victimes puisque tout est centré sur le personnage de cette femme que le film défend de bout en bout. On a alors droit à des scènes convenues sur la dignité de cette femme (en évitant soigneusement toute ambiguïté ce qui est enfantin), l’acharnement du tribunal et de l’accusation et le désespoir de l’avocat. Dommage, il y avait un vrai sujet à traiter tant historique que moral. Le film est sorti le 24 novembre directement en DVD, un article du Monde en fait une critique pour
le moins acerbe.
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