Bien qu’habituée à voyager en itinérant et en solo, j’ai opté pour un circuit en autobus en all inclusive pour visiter la Norvège. Je n’aurais pas spontanément imaginé d’aller en Scandinavie compte tenu de mon goût pour les destinations ensoleillées et chaudes. Mais il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis et je n’ai pas été déçue par mon choix. Au contraire. J’ai été bluffée par les paysages et même si tout n’est pas parfait dans ce genre de formule, elle a ses avantages pour des destinations aussi onéreuses.
Quand je pense qu’il y deux ans, je m’étais jurée de ne jamais mettre les pieds dans un autocar de tourisme à la japonaise, en contemplant toutes ces cargaisons de touristes hagards débarquer devant le Monastère des Jéronimos, à Belem, ce n’était assurément pas pour moi ! Mais le périple en Arménie de 2014 a changé mon point de vue : 40 degrés ? J’irai découvrir un pays scandinave. Conduite automobile difficile, surtout en solo ? Je me laisserais conduire, enfin, et j’ai donc cédé à la tentation de retenir un circuit organisé, tant qu’à faire le plus long et le plus cher, qui devait nous mener d’Oslo au Cap Nord en avion, puis redescendre en autocar et en ferries, avec passage sur les hauts plateaux du cercle polaire, Tromso, Trondheim, Bergen, sans omettre les iles Lofoten, le tout en pleine époque du soleil de minuit !
La Scandinavie étant particulièrement chère – le salaire médian est de 5000 euros nets, impôts retirés – autant prendre un « all inclusive » (autre terme honni de la routarde que je suis) car j’aurais été capable de me priver de saumon et de crumbles aux fruits rouges par mesure d’économie. Un voyage organisé Norvège m’est vite apparu comme la meilleure solution pour découvrir l’essentiel de ce pays, sans avoir à me prendre la tête pour trouver des hébergements accessibles et pour effectuer toutes les réservations nécessaires à la réalisation d’un séjour parfait. J’aurais pu débuter par un grand circuit en Scandinavie comme on en trouve sur beaucoup de sites d’agences, mais je préférais aborder la Scandinavie pour la première fois en choisissant un pays. Très vite, les images d’Epinal sur les îles Lofoten aux confins du cercle polaire, les fjords, se sont imposés dans mon imaginaire sur la Scandinavie pour que la Norvège l’emporte.
Ce qu’il faut absolument savoir si vous envisagez un voyage organisé en Norvège en autobus
Petite information utile et générale sur les circuits en autocars pour ceux qui seraient tentés;-) :
1/ Aucune possibilité de choisir ses vols
les vols sont souvent réservés très tôt le matin sans qu’on n’y puisse rien – donc aller à l’aéroport en taxi s’imposait – dès le lendemain, le vol pour Alta était à 9 heures, donc départ d’Oslo à 7 heures, oups ! C’est des vacances ça ?
Les départs d’excursions sont prévus entre 7 h et 8 h du matin, ce qui n’est pas spécifié dans les informations : il faut prévoir les pauses du chauffeur et surtout les interminables déjeuners, inutiles car le buffet du petit déjeuner norvégien est suffisamment garni pour nous faire tenir la journée ! Vu les horaires on est obligés de l’avaler très vite, ce qui n’arrange pas la digestion ..
Le soir, les arrivées à l’hôtel sont tardives, et on n’a eu qu’un seul temps libre, qui n’a commencé qu’à 18 heures, pour visiter Trondheim. Et la dernière après midi à Oslo, c’est tout.
2/ La majorité des participants sont des couples de seniors
on pense à tort que ces « tours « sont fait aussi pour les personnes seules : que nenni, il n’y avait que des couples entre 60 et 75 ans, à la limite deux vieilles copines, et encore mieux sur les 47 passagers, (le chiffre impair c’est moi!) il y avait 18 personnes appartenant à la classe en zéro de Faverges, , le type même des joyeux retraités blagueurs et grands habitués des voyages organisés, donc philosophes ! Bref, le groupe dans le groupe, mais je reconnais qu’ils ont été sympas avec moi.
3/ Si vous n’aimez pas changer d’hébergement chaque jour, ce n’est pas pour vous
on a changé d’hôtel tous les soirs, il fallait donc trimbaler sa valise
chaque fois : dès le second jour, une dame a oublié la sienne dans le hall, et n’a pu la récupérer qu’en fin de séjour ! J’ai admiré son flegme, on l’a toujours vue habillée pareil mais elle n’était pas frileuse apparemment, en dépit de ses 72 ans.4/ Dans mes voyages en solo, je n’ai jamais eu la moindre galère, touchons du bois, mais ce voyage a du être maudit, car émaillé par de nombreux incidents, et chapeau à notre jeune guide, qui a su se dépatouiller pour verrouiller le programme, en changeant les réservations et horaires de visites !
4/ Faire confiance à un chauffeur ; ce n’est pas toujours évident!
Un chauffard qui sentait l’alcool paraît-il a doublé un cycliste en face de nous, notre chauffeur belge a voulu l’éviter et s’est déporté sur la droite, juste en face d’un ravin. Un rocher providentiel a éraflé la carrosserie – en dessous de moi – et on a senti le car taper, puis osciller pour enfin s’arrêter sur un parking également providentiel, juste au dessus du ravin !! tout le monde avait crié, persuadés qu’on était de la catastrophe finale ! Mais on ne ressent pas vraiment la peur sur le coup.
La police – une très jeune femme seule et non en binôme comme chez nous – est arrivée cinq minutes après, puis deux ambulancières, venant de nulle part .. le type était entre temps reparti, mais un des passagers avait pris sa plaque en photo et il a été intercepté et ramené sur les lieux, tout s’est passé dans le plus grand calme cependant, et comme le car pouvait rouler, on a du se rendre dans la ville voisine où l’on a passé encore deux heures a attendre la fin des formalités. C’est seulement là qu’on a fait l’alcootest au « chauffard ».
J’avais fait une croix sur le Cercle Polaire et le précieux tampon sur mon passeport, mais non, on y est allés avec quatre heures de retard et comme le soleil ne se couche pas ce n’était pas grave ..
Trois jours après, contrôle à l’entrée du tunnel le plus long d’Europe, 24 km, pesée du car, on a 400 kilos de trop ! Et de plaisanter la dessus ! Toutes les négociations ont été vaines, il a fallu décharger la moitié des valises pour passer ce fichu tunnel, notre guide, Dominique a téléphoné pour inverser notre parcours, et notre sacro saint déjeuner, Dany le chauffeur nous a déposé au bout du majestueux Sognefjord, son usine à touristes et son embarcadère, puis il est retourné au poste de police à vide pour nous attendre avec les valises récupérées, à l’autre bout du fjord, à la fin du fameux tunnel.
J’oubliais le coup des trois égarés qui avaient voulu entrer au Duty free d’Oslo, mais coté vols internationaux, alors qu’on allait à Alta : jamais ils n’ont pu ressortir, ils ont du repasser la douane, après de vaines tentatives, là encore, de négociation .. et pendant ce temps on les attendait dans l’avion, que notre guide a su retarder de 15 minutes, quand enfin les trois égarés sont apparus, penauds, dans le cockpit joyeusement hués par l’assistance.
Ces incidents qui auraient pu mal se terminer ont soudé le groupe, et on a fini par en plaisanter, et guetter la prochaine galère .. Il n’empêche que j’étais très énervée et frustrée de ce temps perdu, et j’essayais de faire comme les autres, ne pas trop le manifester ..
La Norvège du Nord au Sud, un circuit complet pour visiter la Norvège en quelques jours
Voici un aperçu de notre périple très complet qui nous a mené du sud au nord de la Norvège puis du nord au sud en passant par le centre et les iles Lofoten, sur une distance de 3 500 km en car, plus le trajet en avion et les trois traversées en bateau, et la croisière sur le Sognefjord !
On aurait passé pas moins de 161 tunnels de toutes longueurs, trois hauts plateaux enneigés (la neige ne fond pas, même à 15 degrés?) On aura manqué le soleil de minuit au cap nord, dommage, il pleuvait sans discontinuer un crachin obstiné, heureusement il y avait un joli centre d’accueil ouvert 24h.24 pour se réchauffer de temps en temps.
Des troupeaux de rennes, on en vus partout dans le Nord, avec des petits souvent, et proches des routes, on a pu les photographier mais pas s’arrêter bien sur. En revanche, on n’a pas vu d’élans ni de bœufs musqués, sans doute plus farouches.
On a traversé des immenses espaces inhabités, forêts, landes enneigées, des cascades et des lacs de partout, des sapins, et ça et là des maisons en bois, accompagnées de leurs « rorbur » une petite cabane destinée à faire du rangement. Parfois un village, des moutons, au milieu de nulle part, ou encore une petite station de ski très commerçante et animée, avant de replonger dans les espaces sauvages.
De nombreux campings aussi, même dans le nord, caravanes, camping car et même toiles de tentes, les habitants ne redoutent ni les nuits froides, ni l’inconfort relatif de ces régions désertiques.
L’état d’esprit norvégien
Une curiosité en dit long sur l’esprit norvégien : ici l’idée de propriété n ‘existe pas ; quand on achète une maison, le terrain autour n’est pas à vendre ! On n’est propriétaire que de sa maison, et pour le reste, il faut s’arranger avec d’éventuels voisins, car rien ne s’oppose à ce qu’ils s’installent à deux mètres, ou qu’un campeur vienne planter sa tente sous les fenêtres ! On peut aussi cueillir toutes les fleurs qu’on veut, la terre appartient à tout le monde, en fait !
C’est difficile à concevoir pour nous, propriétaires à cheval sur le cadastre et les nuisances de voisinage ! Sans doute cette grande liberté permet une régulation des rapports humains, en se passant de lois et de règles écrites, on ne peut pas les transgresser et cela limite les conflits! L’apport minimum pour acheter une maison est de 15 % du budget.
A l’école, il n’y a pas de classe de niveau, ni de notes, du moins jusqu’au lycée, il n’y a que des apprentissages personnalisés. Les enfants travaillent cinq jours par semaine, de 9 heures à 15 heures, et emportent leur déjeuner – ensuite des activités sportives ou artistiques sont prévues.
Comme dans la plupart de pays du monde, en fait. L’exception française a la vie dure.
Nous sommes arrivés à Bergen sous la pluie (il y pleut 260 jours par an!) mais le soleil est apparu, dès notre arrivée, un rutilant soleil du soir qui mettait en lumière les maisons colorées, la coque des bateaux, et pareil le lendemain matin, pour la petite visite guidée du quartier du Bryggen et du musée ethnographique.
Trondheim, un peu plus haut, semble plus grande, plus moderne et animée, mais conserve des ruelles silencieuses qui m’ont beaucoup rappelé Tallinn.
Le circuit s’est terminé par la visite d’Oslo, sous un soleil radieux -j’ai même bronzé – avec le matin une belle visite guidée du parc Vigeland et du musée Viking, et o miracle, on ne partait qu’à 8h et demi cette fois !
Le déjeuner j’ai fait l’impasse pour mieux profiter de l’après midi libre, car il fallait être au car dès 17 h, notre hôtel étant situé à 55 km, près de l’aéroport. J’en ai profité pour m’échapper un peu du groupe, pour la seconde fois en dix jours !
Météo en Norvège
Coté météo, si nous n’avons pas été gâtés dans l’extrême nord (entre 4 et 12 degrés) dès les îles Lofoten, le beau temps s’est installé, et ce fut un régal de visiter le charmant petit port de Svolvaer, et de faire la croisière pour rejoindre le continent en presque trois heures, dans un fjord plutôt ouvert, tout le contraire de celui plus au sud, de Sogneford, aux parois très encaissées, aux eaux vertes et profondes de plus de 1300 mètres. D’innombrables cascades dévalent des falaises à pic, certaines énormes, d’autres plus sinueuses et fines.
Je ne regrette pas d’avoir fait ce circuit en Norvège en autobus en all inclusive, en raison des belles découvertes qu’il m’a permises, et j’ai appris aussi pas mal de choses sur mon fonctionnement et celui des autres. Il n’empêche que c’est finalement très fatiguant de rouler 8 heures par jour, de manger trois heures par jour et de ne dormir que 5 heures par nuit, au mieux. Et de marcher fort peu surtout. En aurait on été capable avec ces trois repas complets ?
Mais je suis certaine que l’expérience restera unique, la promiscuité presque continuelle est difficile à supporter, en dépit de ses bons cotés, et surtout le coté militaire de l’organisation !