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Une séparation d’Asghar Farhadi ; un film magnifique (Cinema iranien)

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Une séparation d’Asghar Farhadi, Ours d’Or au festival de Berlin 2011, est un drame grave et parfois douloureux, comme sait en produire le cinema iranien. Dans l’Iran d’aujourd’hui, un couple se sépare quand le mari se retrouve contraint de prendre en charge son père malade et que les conflits apparaissent…

Cinema iranien : Une séparation d’Asghar Farhadi

Une séparation d'Asghar FarhadiIran, époque actuelle. Simin n’a plus que quarante jours pour convaincre son mari de quitter l’Iran avec leur fille Termeh. L’échéance de leur visa approchant, Simin demande le divorce pour pouvoir partir. Reste le problème de leur fille. Nader refuse de partir car il doit s’occuper de son père, souffrant d’alzheimer, et il refuse que sa fille quitte le pays.

Dans ce contexte difficile, Simin est retournée vivre chez sa mère, et Nader doit seul s’occuper de son père et de sa fille. Il décide d’engager une femme, Razieh, pour s’occuper de son père pendant qu’il est au travail. Très rapidement, des problèmes surviennent, notamment pour des questions religieuses (Razieh se sent génée de « changer » son père car sa pratique religieuse le lui interdit). Razieh propose donc à Nader d’engager son mari qui est au chômage depuis des mois, et qui en tant qu’homme n’aura pas les mêmes réticences. L’accord est conclu mais le mari de Razieh devant faire face à des créanciers, se retrouve en prison et  Razieh pour ne pas perdre la place de son mari revient s’occuper du père de Nader. Débordée, devant faire face au vieil homme, Razieh commet quelques erreurs qui lui attireront la colère de Nader. Un jour, retrouvant son père ligoté à son lit et à demi-inconscient alors que la jeune femme est absente, Nader s’emporte et la renvoie de sa maison avec violence. La jeune femme tombe dans les escaliers. Admise quelques heures plus tard dans un hôpital, elle perd son enfant. Razieh et son mari décide de porter plainte pour meurtre, accusant Nader de l’avoir jeté dans les escaliers et d’avoir provoqué la fausse couche. Nader se défend et accuse la jeune femme de maltraitance sur son père. Le conflit commence.

L’intelligence du film tient au fait que le spectateur est témoin de ce conflit, sans être totalement omniscient. On ne voit pas réellement ce qui s’est passé dans les escaliers, de même qu’on ne sait pas réellement si Nader était au courant de la grossesse de Razieh. On voit donc un homme qui cherche à se défendre de l’accusation de meurtre, quitte à mentir parfois ou à orienter les témoins. Et on voit une femme qui cherche à sauver son honneur (de l’accusation de vol et de l’agression dont elle a été victime) mais qui va mentir aussi pour se faire entendre. Le conflit dégénère rapidement en conflit de classes, Nader ayant plus de moyens pour faire entendre sa voix, mais ce qui ne l’empêche pas d’être accusé à tort. Ce conflit devient un vrai sac de noeud, où chacun tente de se faire entendre en utilisant parfois des moyens illicites, mais sans pour autant verser dans le manichéisme. En tant que spectateur, je n’ai à aucun moment « adhéré » à un couple plutôt qu’à l’autre et je trouve que c’est en cela que le film est extrèmement bien maitrisé: on comprend les deux couples, on comprend ce qui les pousse à agir de la sorte, on voit qu’ils sont parfois faux dans leur déclarations mais que cela ne peut conduire à leur condamnation immédiate. Le film se clôt sur une société où chacun est un oppressé et un oppresseur, ce qui dépasse largement le seul contexte de l’Iran. Certes, le film dépeint la société iranienne (on le voit avec les scènes dans l’école de filles ou dans les scènes de rue où toutes les femmes sont voilées), mais le film dépasse le seul contexte iranien pour parler plus généralement des sociétés humaines et des relations entre classes sociales ou entre sexes. Les actrices sont bouleversantes, avec une mention spéciale à l’actrice qui joue Razieh et celle qui joue Termeh.

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Et les acteurs sont aussi très bien, notamment celui qui joue Hodjat, le mari de Razieh (lorsqu’il explique qu’il n’est pas un porc parce qu’il est pauvre ou quand il se frappe pour ne pas frapper sa femme dans la scène de fin). Reste Termeh qui va subir de plein fouet toute cette violence et qui se retrouve face à un juge devant un choix dramatique pour elle. Scène magnifique où elle a fait son choix, mais ne peut déjà pas l’assumer. On sent alors toute la violence de ces rapports conflictuels entre adultes qui pour une jeune fille de son âge ne sont tout simplement pas supportables.

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