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La Vallée-aux-Loups ; un lieu d’évasion pour un Chateaubriand botaniste (Hauts de Seine)

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La Vallée-aux-Loups dans le Hauts de Seine fait partie des maisons d’écrivains célèbres en France. Cette demeure, appréciée de Chateaubriand puisqu’il y réalisa plusieurs de ses oeuvres est plus qu’un havre de paix ; un lieu d’évasion pour un Chateaubriand botaniste…

 

La Vallée-aux-Loups ; un repère pour Chateaubriand

 

La vallée aux loups chateaubriand

En 1807, de retour de Jérusalem, François-René de Chateaubriand se vit contraint de s’éloigner de Paris à la suite d’un article dans lequel il fustigeait la tyrannie exercée par l’empereur Napoléon Ier, dont on sait qu’il ne partageait pas les idées et auquel il ne pardonnait pas d’avoir fait fusiller le jeune duc d’Enghien. L’écrivain aspirait à travailler dans le calme et acheta la propriété de la Vallée-aux-Loups, dans le coteau boisé du val d’Aulnay, à la croisée des Deux-Forêts reliant les bois de Verrières à la forêt de Meudon.
De l’histoire de cette maison avant l’arrivée de Chateaubriand, nous connaissons peu de choses, sinon qu’elle avait appartenu à un certain André-Arnoult Aclocque, brasseur parisien et membre de la garde nationale qui avait sauvé la vie du roi Louis XVI en le coiffant du bonnet rouge. Espérant recevoir, à titre de remerciement, la visite du souverain, il avait fait construire dans son
parc la tour Velléda, dans laquelle Chateaubriand installera sa bibliothèque et se retirera pour écrire. En achetant La Vallée- aux -Loups, l’écrivain accomplissait un rêve ancien. Déjà en Angleterre, où la Révolution l’avait chassé, il aspirait à cette paix de l’âme, loin de toute société : « Je pourrais encore être heureux à peu de frais. Il ne s’agirait que de trouver quelqu’un qui voulût me prendre à la campagne. Là, je pourrais écrire, herboriser, me promener tout à mon aise…pourvu qu’on me laissât tranquille et livré à mon humeur sauvage. »


Cette communion avec la nature, Chateaubriand l’avait éprouvée dès son enfance dans l’austère château familial de Combourg, entouré de bois et de landes qu’il se plaisait à parcourir seul :  » C’est dans les bois de Combourg que je suis devenu ce que je suis. »  La Vallée-aux-Loups avait tout pour lui plaire :  » J’étais dans des enchantements sans fin ; sans être Mme de Sévigné, j’allais muni d’une paire de sabots, planter mes arbres dans la boue, passer et repasser dans les mêmes allées, voir et revoir tous les petits coins, me cacher
partout où il y avait une broussaille, me représentant ce que serait mon parc dans l’avenir, car alors l’avenir ne manquait point. (…) Je fis quelques additions à ma chaumière ; j’embellis sa muraille de briques d’un portique soutenu par deux colonnes de marbre noir et deux cariatides de femmes de marbre blanc : je me souvenais d’avoir passé à Athènes. Mon projet était d’ajouter une
tour au bout de mon pavillon ; en attendant, je simulai des créneaux sur le mur qui me séparait du chemin : je précédais ainsi la manie du moyen âge, qui nous hébète à présent. La Vallée-aux-Loups, de toutes les choses qui me sont échappées, est la seule que je regrette ; il est écrit que rien ne me restera. »
( Mémoires d’outre-tombe )

 

Dans ce lieu devait naître plusieurs de ses oeuvres dont L’itinéraire de Paris à Jérusalem, qui relatait, en l’embellissant, son voyage en Terre-Sainte, Les Martyrs, et principalement ses Mémoires qui sont avec La Comédie Humaine de Balzac et La Recherche du Temps Perdu de Proust, un monument de notre littérature. Et que racontent-elles : la fuite du temps, la mort, l’isolement, l’écroulement d’un empire, le déclin de l’amour et comme l’écrit superbement Julien Gracq dans la préface de l’oeuvre aux éditions Flammarion ( collection Bouquins ) :  » Cette voix qui clame à travers les deux mille pages des Mémoires que le Grand Pan est mort, et dont l’Empire Romain finissant n’a pas connu le timbre unique – l’écho ample de palais vide et de planète démeublée – c’est celle des grandes mises au tombeau de l’Histoire. « 

 

Mais en ce 4 octobre 1811, Chateaubriand est heureux chez lui et écrit ceci :

« 
Il y a quatre ans qu’à mon retour de Terre-Sainte, j’achetai près du hameau d’Aulnay, dans le voisinage de Sceaux et de Châtenay une maison de jardinier, cachée parmi les collines couvertes de bois. Le terrain inégal et sablonneux dépendant de cette maison, n’était qu’un verger sauvage au bout duquel se trouvait une ravine et un taillis de châtaigniers. Cet étroit espace me parut propre à renfermer mes longues espérances. Les arbres que j’y ai plantés prospèrent, ils sont encore si petits que je leur donne de l’ombre quand je me place entre eux et le soleil. Un jour, en me rendant cette ombre, ils protégeront mes vieux ans comme j’ai protégé leur jeunesse. Je les ai choisis autant que je l’ai pu des divers climats où j’ai erré, ils me rappellent mes voyages et nourrissent au fond de mon coeur d’autres illusions. (… ) Tout chevalier errant que je suis, j’ai les goûts sédentaires d’un moine : depuis que j’habite cette retraite, je ne crois pas avoir mis trois fois les pieds hors de mon enclos. Mes pins, mes sapins, mes mélèzes, mes cèdres tenant jamais ce qu’ils promettent, la Vallée-aux-Loups deviendra une véritable chartreuse. (… ) Ce lieu me plaît ; il a remplacé pour moi les champs paternels ; je l’ai payé du produit de mes rêves et de mes veilles ; c’est au grand désert d’Atala que je dois le petit désert d’Aulnay ; et pour me créer ce refuge, je n’ai pas, comme les colons américains, dépouillé l’Indien des Florides. Je me suis attaché à mes arbres ; je leur ai adressé des élégies, des sonnets, des odes. Il n’y a pas un seul d’entre eux que je n’aie soigné de mes propres mains, que je n’aie délivré du ver attaché à sa racine, de la chenille collée à sa feuille ; je les connais tous par leurs noms, comme mes enfants : c’est ma famille, je n’en ai pas d’autre, j’espère mourir au milieu d’elle. « 

 

Malheureusement, l’écrivain n’aura pas ce bonheur. Pour des raisons financières, il se verra dans l’obligation de vendre sa propriété et cela lui sera un déchirement. Mais miraculeusement préservée, elle demeure aujourd’hui un haut lieu où chaque arbre planté par l’auteur des Mémoires fait écho à son monde imaginaire. Alors que les cèdres sont des réminiscences du Liban, les pins des évocations de Jérusalem, les platanes des souvenirs de Grèce, jusqu’aux chênes d’Armorique qui rappellent les racines bretonnes de l’écrivain, les cyprès chauves, les magnolias, les catalpas furent  plantés en souvenir de l’aventure américaine. Ainsi s’élabora un parc d’écrivain, oeuvre de mémoire, conçue par un homme qui était, tout à la fois, un amoureux des arbres et de la nature, un féru de botanique et un créateur romantique de par sa plume et ses goûts.

 

Après lui, cette Vallée ne cessa d’attirer les artistes. De nombreux poètes ont célébré sa profonde solitude et la riante disposition de ses collines. De nos jours, on visite la maison et le parc et chacun peut à loisir se promener, s’attarder, rêver devant le cornouiller panaché, le cerisier pleureur, les glycines géantes, le cèdre de l’Atlas, le feuillage éblouissant du Sophora, l’if d’Irlande, le tulipier de Virginie, les roseaux de Chine, le cyprès chauve de Louisiane, le chêne écarlate et le hêtre de Serbie. La Vallée-aux-Loups demeure, au-delà du temps, un lieu d’évasion, où le passé et le présent se rejoignent sans heurt dans la permanence de la beauté et le puissant éclat du souvenir.

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

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Armelle Barguillet Hauteloire

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