Dans Villegas, Gonzalo Tobal explore la relation de deux cousins aux caractères différents, qui ont suivi des chemins de vie différents et se retrouvent à l’occasion d’un enterrement. L’occasion de découvrir toutes les failles de leur relation.
Retrouvailles et failles
Portrait de deux cousins aux caractères très différents, Villegas est le premier long-métrage de Gonzalo Tobal (Présenté en Séance Spéciale à Cannes 2012). Les deux personnages, Esteban et Pipa, sont deux trentenaires vivant chacun à Buenos Aires. Ils ne se sont pas vus depuis longtemps, mais se retrouvent à l’initiative d’Esteban pour se rendre à Villegas, le petit village de leur enfance isolé dans la campagne, pour l’enterrement de leur grand-père.
Si Esteban et Pipa cheminent ensemble, leurs échanges au sein de la voiture, révèlent assez rapidement des failles dans leur relation. S’ils se sont perdus, la (ou les) raison(s) nous échappe un peu. Simplement, ils ont emprunté des chemins de vie différents, mais on devine aussi une part de non dit et des blessures qui commencent à ressurgir.
Le film de Gonzalo Tobal, s’il ménage quelques jolis moments, notamment dans la relation tendrement complice qui se dessine doucement entre Esteban et Jazmin, la jolie jeune fille de la station service, ne s’élève pas beaucoup au dessus de son cadre strictement anecdotique. Surtout, après une première partie qui laissait entrevoir plus de richesse dans le récit, la seconde s’épuise jusqu’à tourner presque à vide.
L’enterrement du grand-père n’est pas la finalité de cette histoire. L’enjeu principal est contenu dans les retrouvailles entre Esteban et Pipa, le temps d’une courte pause, et la confrontation douce qui en découle. Les deux sont arrivés à un moment charnière de leur vie, ce moment où ils se rendent compte qu’ils ont grandit trop vite et n’ont pas réalisé leurs rêves d’enfant. Aussi, malgré leurs différences, ils s’aperçoivent vite qu’ils partagent quelque chose de très commun, un sentiment d’échec, de gâchis, et une certaine amertume.
Les personnages sont tous très attachants, et le film ne manque pas de justesse et de charme. Sa simplicité est pourtant aussi son talon d’Achille, car on ressent comme un manque d’aspérité et de profondeur. Reste que la ballade n’est pas déplaisante, bien au contraire, bien aidée aussi par la musique lancinante et plutôt jolie qui l’accompagne tout le long.
B.T
Sortie dans les salles françaises le 7 novembre 2012
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