5 jours au salon de Vinexpo Bordeaux. La fièvre est montée jusqu’au dernier jour, entre acheteurs sur le tard, chineurs de bouteilles pleines sur stands vides et exposants fatigués, nerveux, heureux, pressés, compressés, décompressant.
Ceux qui avaient préparés Vinexpo se déclarent très satisfaits du salon. Les autres semblent moins enjoués.
On ne vient pas vraiment au salon Vinexpo à Bordeaux pour y chercher une détente culturelle. Alors, bien évidemment, quand, d’un pas pressé, lesté sur la moquette orange, d’un hall à un autre, j’empruntai la passerelle qui chemine sur le lac, je fus surpris, comme beaucoup d’autres, par le lapin, rouge ou vert, je ne sais plus, monumentale. La taille lui donne l’importance. L’incongruité de son emplacement tout autant.
Je passai vite, étant en retard, poursuivant mon effort, le long du hall 1, du côté des restaurants, autres spectacles, autres oeuvres monumentales des artistes comme Jim Dine et William Sweetlove.
Je passai sans noter les oeuvres, les artistes. Au petit matin, quand le salon était encore vide, ces “statues” me paraissaient inquiétantes, trop grandes, trop proches.
A l’intérieur, le stand officiel de la galerie Guy Pieters au salon Vinexpo – Le Salon International du Vin et des Spiritueux – Edition 2009 à Bordeaux, gardé soigneusement pendant 5 jours et 5 nuits :
Incroyable information exclusive entendue à Vinexpo, durant cependant une conférence de qualité intitulée : “Marketing de l’offre ou Marketing de la demande : Le positionnement de la filière vin et spiritueux”. C’est pour vous messieurs qui faites du vin : Le marketing fait vendre une bouteille de vin !
C’est à dire ce qui se voit, se perçoit, se comprend à demi-mot ou à renfort de beau slogan. La couleur du vin ou celle de son étiquette, la forme d’une bouteille, le packaging du Bib, la marque, le nom de la cuvée, le bouchon ou la capsule, le carton, l’emballage, le placement, le prix, enfin bref tout se qui distingue le vin avant que de le déguster.
Soyez-en persuadé !
Ca ne veut pas dire qu’il faut faire n’importe quoi, comme une étiquette fluo vert-pomme pour casser les codes du vin. Ca ne veut pas dire que le marketing veut la mort de l’authenticité, du terroir et de la culture du vin de nos régions. Nous avons bien au contraire, la chance, comme l’Italie et l’Espagne, d’avoir été les premiers sur ce marché mondial du vin. Nous avons donc la priorité de fait. Nous avons aussi une diversité de produits qui ne se retrouve nulle part ailleurs et sur aucun autre secteur.
Il y a de la place pour tous ces différents vins que nous savons produire en France, il y a donc un marketing à adapter pour chacun et beaucoup d’entre vous le savent déjà.
Regardez-bien le site d’African Terroir, vous y verrez que le marketing travaille sur des valeurs de “Terroir“, de produit “Naturel“, de commerce équitable. Ils associent le vin et le tourisme pour communiquer sur des images connues à travers le monde : cette girafe par exemple, les bigs fives, Cape Town, etc…
Voilà c’est ça le marketing ! Mettre en valeur ce vin, lui donner une identité, nous rappeler qu’il existe un terroir, des cépages et une histoire du vin en Afrique du Sud.
Quand j’ai pris cette photo sur le stand de African Terroir à Vinexpo, je me suis rappelé de cette histoire que mon fils m’a racontée juste avant de partir pour le salon : “Tu sais pourquoi les girafes ont un long cou ? ….non…hé bé parce qu’elles puent des pieds !“
Mais d’une manière générale, le marché mondial est soutenu, dynamique, actif et la morosité “crisienne” me semble davantage perdurer dans les papiers de certains journalistes que dans les propos des différents exposants. A croire que certains ne sont venus que le Dimanche, premier jour de salon, jour creux par excellence, croisant par inadvertance la fête des pères et la fête du fleuve.
La rançon de la gloire pour Vinexpo
La multitude des salons Off, leur récurrence et la taille de certains, amènent vraiment à se demander si ce n’est pas devenu une conformité voir même une obligation finalement. Sans Off, le In ne serait pas un succès. A tel point que Le Off en devient Officiel…
Au-delà de ce simple constat, cette tendance des salons off signe fortement ce que l’on ressent à Vinexpo. Il y a deux marchés du vin. Il y a celui de l’opulence, du luxe, des grands noms, leur cortège de stands imposants, d’hôtesses tirées à quatre épingles, de tapis rouge, d’invitations privées, de membre du club avec carte dorée accrochée à la boutonnière de la veste de costard, et ce bruit d’hélicoptères ,allant et venant, au-dessus du lac où les plus fortunés, certainement, se payent chacun une vue sur le monde. Les chinois, acheteurs, importateurs, animent le marché. Les pays de l’Europe du Nord confortent eux-aussi leur bonne santé et leur soif.
Alors dans ce fast, cet optimisme de rigueur ou de fait, les bouts de salon paraissent, en effet, déprimés, atones, vides, à l’image de ce hall 2, séparé physiquement du hall 1, principal moteur du salon, par un stand-restaurant-bar du CIVB. On pourrait même se dire que passer de l’un à l’autre de ces 2 halls, signifiait un véritable changement de référence, en traversant, en toute innocence, la blanche vertu du Bordelais.
Que trouvait-on dans ce hall 2 ? Des vignerons hébergés à plusieurs sur des stands fédérateurs. Et comme par hasard, ceux du Languedoc, du Roussillon, des Espagnols, quelques Italiens mais aussi ceux des appellations moins prestigieuses du Bordeaux. Bien dommage d’y retrouver, au fond, le stand d’Anne de Joyeuse et celui du Prieuré Saint Jean de Bébian.
Le salon a deux vitesses…
Le succès des Off, attirant une clientèle plus motivée et en adéquation avec le thème du off, entraînera certainement encore plus de mouvements dissidents de la sorte à l’avenir Il faut bien se démarquer, faire son évènement à soi plutôt que se retrouver noyé dans la grand messe du In. Ca se comprend. On y retrouve ainsi différents groupes, associations, syndicats, appellations. Voyez par vous-même l’éclectisme :
Les femmes vignes Rhône et les femmes de vin, L’Expression des Vignerons Bio d’Aquitaine, les blogeurs vignerons, Hauts les Vins, Contains sulfites…mais pas trop au chateau Tire Pé, Vignerons Sans artifices au Château Moulin Pey-Labrie, Les Gens de Métiers, Fair Wind Wine, et bien d’autres en additionnant les soirées.
De la grippe A… la crise
Vous lirez encore après ça que le marché est morose… que la crise pèse…que la grippe “A” rajoute au catastrophisme. Et pourtant, j’entends encore ce commercial export d’une grande cave coopérative de Bourgogne me dire tout souriant “on a une progression des ventes au-delà de nos espérances”. Et ce domaine à Cheverny, ravi de son premier Vinexpo, au sein du stand du Val de Loire, me confier que si “Dimanche tout le monde a eu très peur, le reste de la semaine s’est déroulée à merveille.”