Le vin de Crimée est l’une des grandes fiertés de la presqu’île sur la mer Noire, et de l’Ukraine par extension.
Tout bon Français qui se respecte aura éventuellement un réflexe de scepticisme, voire d’ethnocentrisme, en entendant des Ukrainiens vanter la qualité « exceptionnelle » de leur vin. Naturellement, nous partons du principe que le meilleur vin est produit en France et que tous les autres ne s’y connaissent rien. Et bien détrompez-vous.
Les vins de Crimée, une richesse méconnue
Il faut tout d’abord savoir que ce sont des Français qui ont développé la production du vin en Crimée, dès le 19e siècle, à la demande du prince Vorontsov, gouverneur général de la région de Novorossiïsk, immensément riche, grand amateur de vins et par ailleurs responsable de la construction de plusieurs palais sur la côte.
Au 19e siècle fut créé à Magaratch un laboratoire œnologique, et les scientifiques dépêchés sur place s’employèrent à y développer non pas des vins rappelant au goût les vins français, mais des vins de bonne qualité, se conservant bien, afin de développer une production locale de qualité.
La terre de Crimée est ensoleillée, et les conditions nécessaires sont réunies pour une bonne production de vin. Une dernière information indispensable avant de commencer la dégustation : 8 sortes de raisins seulement sont principalement utilisées pour la production de vin en Crimée, dont certaines sortes « autochtones » et très anciennes, comme par exemple le cépage « Ekim kara » à partir duquel est produit le vin « docteur noir » (tchiornyi doktor), introuvable autre part. C’est donc avec curiosité, mais aussi une certaine dose de scepticisme que j’ai fait taire mon cocorico national pour me rendre à Massandra, à côté de Yalta, et y déguster leur production locale de vin.
Massandra : palais du tsar et domaine viticole de prestige
Massandra, le fameux domaine vinicole, sur la route entre Yalta et Alouchta. En 1894, le prince Léon Golitsyne y fit construire une cave aujourd’hui réputée, pour la consommation personnelle de la cour du tsar. C’est dans les catacombes de Massandra que sont entreposés les meilleurs crus de vin blancs et rouges de la Crimée.
A Massandra sont produits une cinquantaine de vins, parmi lesquels des portos, sherrys et madères bien connus en Europe de l’Est. Vous avez naturellement la possibilité lors d’une dégustation, d’apprécier et éventuellement d’acheter des vins secs remarquables. Chaque année en octobre, une grande foire aux vins est organisée par les caves de Massandra.
Caves impériales de Massandra
La dégustation commence de manière presqu’initiatique par la visite de la fabrique et de la cave. Les visiteurs sont guidés à travers des couloirs sombres et à peine éclairés, tandis que le guide raconte l’histoire du domaine, fondé en 1894 par Vorontsov, et de sa cave réservée à la consommation personnelle de la cour du tsar de Russie. Le temps fort de la visite est sans aucun doute la visite de la cave, où chacun peut chercher parmi les bouteilles poussiéreuses du vin produit l’année de sa naissance (quelques bouteilles des meilleurs vins sont conservées chaque année) et si le cœur lui en dit, l’acheter.
Enfin commence la dégustation. On s’assoit à une table, dans une pièce au plafond bas, et un plateau avec neuf différentes sortes de vins est déposé devant soi. En guise d’accompagnement, des sticks salés déposés dans un verre. Les vins numérotés ont une robe intense, et la dégustation commence, rythmée par les explications du guide. Les premiers mots qui viennent à la bouche après la première gorgée sont : sucré ! et coloré ! Ce qui ne va pas en s’arrangeant, car si l’on suit les numéros, les vins sont de plus en plus sucrés.
Les vins sont forts en bouche, avec beaucoup de tanin, certains âpres malgré leur forte teneur en sucre et leurs arômes fruités. Si les vins les plus légers ont un goût de jus de raisin sucré, les portos, madères et sherrys sont d’une qualité vraiment remarquable.
A voir absolument, le palais de Massandra, situé dans les hauteurs. Ce palais construit au 19e siècle dans le style de la Renaissance française, abritant aujourd’hui un petit musée, servit au cours de l’histoire de résidence d’été pour les tsars, puis pour d’éminents membres du Parti communiste.
Koktebel : un domaine viticole né d’une passion
C’est également grâce à la volonté d’un passionné, Edouard Andreevitch Younguié que fut créé le domaine vinicole de Koktebel en 1879. Son fils, Alexandre Edouarovitch, voyagea en France, en Espagne, en Italie et en Allemagne pour étudier la viniculture, afin d’améliorer la production de vin du domaine familial. Le domaine de Koktebel est aujourd’hui réputé pour ses vins d’origine contrôlée de très bonne qualité et pour ses cognacs.
Le champagne de Crimée
La première cave à champagne de Crimée date de 1878 et elle est l’initiative du prince Léon Golitsyne. Son goût des bons vins lui a donné l’envie de reproduire un vin proche du Champagne apprécié par les rois de France et qui avait conquis les cours européennes. C’est pourquoi le Champagne de Crimée est aujourd’hui considéré comme le « roi du vin russe ». Il fallut des années et de nombreux voyages pour que le prince qui avait parcouru tout l’Empire russe pour trouver le meilleur lieu possible jette son dévolu sur la Crimée. Le territoire retenu fut baptisé du nom de « Novy Svet », Nouveau Monde, avec l’idée que le domaine fasse référence à la découverte de l’Amérique. Grand amateur de mousseux, Léon Golitsyne s’attacha à ce que la méthode classique d’élaboration du champagne inventée par le moine bénédictin Dom Pérignon au 17e siècle soit utilisée à Novy Svet pour produire des vins de qualité.
La méthode classique de mise en bouteille du champagne mise en œuvre à Novy Svet était caractérisée par trois étapes. Le vin, disposé dans des bouteilles à champagne, était tout d’abord conservé un à trois ans à une température de 12 à 14°C. Ensuite, lors de l’étape dite du « remuage », les bouteilles étaient disposées pendant trois mois sur un pupitre, goulot vers le bas, afin d’en faire descendre les lies. Ces lies étaient dans un troisième temps éliminées.
Cette méthode délicate nécessitait l’emploi de cépages de qualité exceptionnelle. A Novy Svet furent plantés des cépages de type pinot, aligoté, cabernet et riesling rhénan. Aujourd’hui, le champagne de Crimée est connu dans le monde entier et très demandé
Dans un vallon particulièrement protégé furent plantées les vignes dites « du sacre », desquelles fut produit le champagne destiné à la table de parade lors des festivités organisées Moscou en 1896 à l’occasion du sacre du tsar Nicolas II de Russie. Ce champagne à qui l’on donna le nom de « Paradisio » remporta le Grand Prix de la Coupe, le prix le plus prestigieux, lors de l’Exposition Universelle de Paris en 1900.
Conclusion: Pour trouver des vins se rapprochant plus des standards français, mieux vaut se rendre à Inkerman. Quant aux vins de Massandra, ils sont parfaits en apéritifs et digestifs. Les belles étiquettes en font de plus un souvenir original et idéal à offrir. Tout compte fait, j’ai été plutôt agréablement surprise. La réputation des vins de Crimée est méritée et leur dégustation vaut le détour.
Plus d’informations sur l’histoire des vins de Crimée
Envie de partir en vacances pour découvrir les vins de Crimée?
Bonjour, votre article sur les vins de crimée est très intéressant.
Ça fait plusieurs années que je cherche où acheter en France les vins de massandra et mousseux ukrainien ….
Avez vous une idée ? C’est pour offrir.
Goûté cimmeria 2018 , pas mauvais , sucré mais bizarre aucune odeur , pas du tout de senteur de vin , donc un jus de raisin avec de l’alcool ?
French wines are not the best at all!
The best are Italian and Chilean wines.