La ville de Belgrade compte une majorité d’églises orthodoxes dont certaines par leur architecture témoignent du style typiquement belgradois. Parmi les églises orthodoxes serbes que l’on peut découvrir quand on visite Belgrade, l’une d’elles est l’église Alexandre Nevski (Crkva Svetog Aleksandra Nevskog – Црква светог Александра Невског), située au centre de Belgrade.
Découvrir l’iconostase de l’Eglise Alexandre Nevski
L’Eglise Alexandre Nevski est située dans un tout petit parc au carrefour de la rue Francuska (rue de France) et la rue Cara Dusana, en plein centre ville… et facilement accessible qu’on y aille à pieds, en bus ou en tramway, dont plusieurs arrêts se trouvent à proximité.
Cette église serbe orthodoxe est assez récente. En fait, l’Eglise Alexandre Nevski a été construite pendant le règne du Roi Alexandre (celui-là même qui était assassiné à Marseille), qui aurait offert à l’église son iconostase en marbre et les deux trônes, qui étaient, en fait destinés à l’accueillir quand il viendra, avec la reine, assister à la liturgie. Cet iconostase en pierre grise… le trône royal et tout le reste m’ont touchée. Pourquoi? parce que l’on est arrivé à l’église au moment d’un mariage, et voilà que les mariés portaient des couronnes en or… Dans mes yeux enfantins… il aurait été logique à ce moment que cela soient vraiment le roi et la reine, et qu’il vont s’asseoir là… pour écouter les chants des popes qui s’activaient dans tous les sens. Et… à ce moment là.. j’avais déclaré que c’était ici que je me marierais un jour, moi, catholique, sans savoir que cela se produira réellement un jour, et qu’un jour moi aussi, je serais reine.
Mais revenons à notre église… qui tient une place très spéciale dans mon coeur. Et, la première chose qui frappe, c’est son architecture. En effet, bâtie en forme de croix grecque, elle garde en soi aussi bien les préceptes de l’école byzantine que celle, traditionnelle serbe. Un style dont les premiers rudiments datent du XVe siècle, bien qu’une autre église belgradoise le démontre bien plus, l’église Saint Marc. Ce que j’aime surtout sur Alexandre Nevski, ce sont ses fenêtres… hé oui! bizarrement, bien que loin de toute influence occidentale, ces fenêtres sont colorées d’une part, mais possèdent également des parties sculptées .. permettant également à la lumière de s’immiscer à l’intérieur. Et le tout, ce petit dôme entouré des trois autres, cette figure robuste et pourtant élancée, j’aime. Oui, car extrêmement simple, et pourtant travaillée, où chaque détail compte.
A l’intérieur de l’ Eglise Alexandre Nevski … c’est l’obscurité, oui, très peu de lumière du jour perce vraiment, sauf en des heures très précises et aux certains endroits. Selon les préceptes architecturaux, le truc est de rentrer dans l’église comme dans une sorte de matrice. C’est au plein milieu que la lumière se passe, qu’elle vient se poser sur les épaules, envelopper et porter.
Il n’y a pas de chaises à l’intérieur. Oui, car les orthodoxes prient debout. Les murs sont peints de fresques aux couleurs chatoyantes (rappelons nous, l’église est quand même assez récente – fin du XIXè siècle), mais ce que je préfère surtout, c’est le Pantocrator (toutes les églises orthodoxes en ont un…), peint avec beaucoup d’émotion, et dans le pur art gréco-byzantin… un bonheur à voir. Et bien sur, l’iconostase, qui, encore aujourd’hui attire mon regard, avec ses icônes – toutes portant l’esprit du XIXè siècle, et donc une touche de romantique qui jusque là n’a pas été vraiment de coutume par ici.
Même aujourd’hui, j’y vais souvent. Je dois avouer que j’évite les jours de grande affluence, mais j’aime bien m’y égarer quelquefois pour la liturgie du soir, quand quelques avertis viennent faire leurs prières du soir, accompagnés de chants de la chorale et des prêtres. Allumer une bougie pour la santé de nos proches, ou encore pour l’âme de ceux qui sont déjà loin de nous, dans la pénombre… accompagnée de chants si tristes et merveilleux des chorales orthodoxes… est un moment sans précèdent et loin de la réalité de tous les jours, ces voix graves, éloignées de mille lieux des chants grégoriens qui sont pour moi empreints de joie… un moment de recueillement.
Pourquoi cette église est-elle si chère à mon coeur? J’étais encore gamine, et nous étions à Belgrade à l’époque aussi… et mes grand-parents maternels venaient nous rendre visite. Jusque là, rien de passionnant, si ce n’est une multitude de souvenirs, qui pèsent sur le coeur, faisant un mélange de bonheur et de douleur à cause des choses qui ne reviendront plus… parties avec Mamie-Papy, qui sont, aujourd’hui bien loin de moi. Mais, voilà, se souvenir, c’est revivre, et ainsi un jour, (c’était encore pendant l’ère communiste), Mamie et Papi voulaient aller à la messe de dimanche, un rituel auquel ils ne dérogeaient pas même étant en vacances. Mais voilà qu’à l’époque, ils ne savaient pas qu’une petite église catholique se trouvait à proximité de notre maison, et avaient donc opté pour la liturgie orthodoxe. Et, comme je voulais absolument aller avec eux, ils m’y ont emmenée. Jusque là, rien de spécial – une petite fille qui suit ses grand-parents à la messe, mais en fait… en cette petite escapade, il y a tout un symbolisme qui devait me revenir beaucoup d’années après… au moment de mon mariage.
Peut être que cette église n’a aucune valeur pour un touriste ou même un belgradois qui ne serait pas du quartier. Mais moi j’y suis attachée, et j’y reviens régulièrement. C’est un de ces liens avec mon enfance, qui ne rompront jamais, ainsi que l’église qui m’a vue reine… d’un jour, portant la couronne en or, il y a de cela onze ans déjà.