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Vivre autrement

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La France pourra bien institutionnaliser des journées de la gentillesse, je ne vois pas comment elle pourrait « imposer » ou même « souhaiter » un sentiment spontané sensé venir du cœur. La gentillesse ne s’apprend pas par des diktats, même s’ils sont plein de bonne volonté à la base. La politesse, oui, le respect, oui !

On vit peut-être sous le coup de lois, de décrets, ça n’apprend pas à vivre ensemble. On vit entassés, les uns sur les autres, les uns contre les autres, mais pas vraiment les uns avec les autres. La moitié de la planète vit actuellement dans les villes tentaculaires. Des villes qui éveillent des rêves illusoires, des villes qui déshumanisent, des villes où l’individualisme est une des caractèristiques essentielles.

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Dans les régions montagneuses du nord de la Thaïlande et principalement dans cette province de Mae Hong Son que je connais bien, les gens vivent « ensemble », dans ce qu’on appellerait – nous – des villages, mais qui sont en fait des « communautés ». Des communautés où l’on met le travail en commun par exemple.

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« Mettre en commun » un sentiment basé sur l’appartenance, l’identité : Karen, Shan, Thaïe. Pour une survie necessaire. Petites communautés régies par un chef de village avec des responsabilités basées sur le bon sens et non par la politique politicienne.

Observations fondées sur les faits d’une journée par exemple, plus quelques années de longues visites et un séjour d’une année en 2005/2006 au cours de laquelle j’enseignais l’anglais à des adultes Karen ayant trouvé un refuge provisoire dans la petite ville de Mae Sariang.

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Lorsqu’on vit ensemble, il y a des règles de réciprocité. C’estla base de la vie en commun et en harmonie. Je t’aide, tu m’aides en retour. Je te respecte, tu me respectes en retour. Et en cas de litige, le chef du village intervient en père de famille pour régler les problèmes familiaux par exemple, ou alors c’est le Luang phaw, le père abbé du temple voisin. Une pratique qui crée des liens, des liens qui unissent et non des lois qui punissent.

Dans une communauté Karen, chacun a son petit lopin de terre sur lequel il fait pousser du riz ou du maïs, ou des choux… Aucun des propriétaires ne peut payer une main-d’œuvre étrangère et saisonnière, alors chacun son tour, en fonction des dates de récoltes, va aider l’autre.

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Dans de nombreux villages de montagne, on trouve le long des routes, des « arbres à mérites » avec de l’argent accroché, destiné aux moines et aux temples de la communauté. Maigres économies de 20 bahts ou de 100 bahts. Que se  passerait-il dans Paris ou la banlieue de ces « arbres à mérites » avec argent offert à tous les regards ? Il ne viendrait à personne ici l’idée de piquer un des billets ou de piquer l’arbre lui-même ! On peut appeler cela comme on veut, crainte, superstition… c’est le résultat qui compte.

Un mot est important en thaï, et il est surtout vécu et appliqué dans les petites communautés : 

«  sa mak kkhi » =  union – harmonie.

D’autres exemples demain.

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Michèle Jullian

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