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Voyage Ouzbekistan : entre hospitalité et hostilité

Boukhara Ouzbekistan

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Ouzbekistan Khast Imam

Un voyage en Ouzbekistan est toujours une forme d’aventure dans un monde très différent de ce que l’on trouve en Europe et une expérience riche, qui dépasse le voyage touristique. Impressions de Tashkent, entre hospitalité et hostilité. Récit de voyage.

Nous avons réalisé un voyage en Ouzbekistan et notamment une escapade dans la région de Charvaq / Tchimgan au nord-est de Tashkent. Une très belle région entre un grand lac aux eaux turquoises et, une fois n’est pas coutume dans ce pays, un paysage de montagnes grandioses aux différentes tonalités. Cet endroit n’est fréquenté que par les touristes ouzbeks.
Nous avons été hébergés par une famille chaleureuse qui a tenu absolument à nous revoir en nous invitant à une noce familiale pour nos derniers jours à Tashkent.

Hôtels Tashkent, péripéties dans la capitale d’Ouzbekistan


Episode 1. Hôtel Poythat

De retour dans la capitale pour nos 3 dernières nuits après la découverte de Charvaq / Tchimgan, nous nous sommes dirigés vers l’hôtel Poythat pour réserver une chambre avec piscine, ce n’est pas de trop dans cette fournaise estivale, et terminer ainsi en beauté notre périple.

Comme d’habitude, le réceptionniste nous demande nos passeports et pour la première fois depuis le début du séjour, nos derniers tickets d’enregistrement. Je lui dit que je n’ai pas ceux correspondants aux 2 dernières nuits car nous avons dormi chez l’habitant, et que celui-ci n’était pas habilité à en délivrer. Le réceptionniste prend alors un air interloqué et me dit sur un ton désolé qu’il est dans ce cas dans l’impossibilité de nous louer une chambre. Je lui fait alors remarquer (et je l’avais lu sur les guides) qu’il était possible de « s’absenter » 2 nuits sans souci dans le système d’enregistrement. Il me répond que cette absence de 2 nuits n’est effectivement valable que pour les 2 premières nuits en arrivant en Ouzbékistan et non durant le séjour. N’ayant pas envie d’ergoter davantage et pensant que j’avais à faire à un grouillot buté, je décide d’aller voir ailleurs!

Episode 2. Hôtel Kaufmann

Là, le scénario prend une allure quasi paranoïaque. La réceptionniste est catastrophée par notre situation et nous prédit les pires ennuis lors de notre passage à la douane.
Dans le hall une grande jeune fille au look de top-model russe qui avait assisté à la conversation me fait signe discrètement de s’approcher d’elle.
Elle restera toujours de biais, comme si nous nous croisions sans discuter. Elle se présente comme voyagiste et d’une voix susurrante « anti-micros » digne d’un roman d’espionnage, elle me dit de ne pas m’inquiéter, que ce genre de situation s’arrange facilement. Il suffit que j’attende que le type responsable de la sécurité qui se trouve à côté de la réceptionniste s’éloigne, et de glisser ensuite quelques dollars à la jeune fille et tout s’arrangera comme par enchantement. Sur ces bons conseils notre blonde top-model voyagiste se volatilise… j’attends donc 5 bonnes minutes dans le hall avant que le responsable de la sécurité sorte enfin du comptoir et j’applique à la lettre les conseils de ma bonne fée. Malheureusement, je ne suis pas sous une bonne étoile et la réceptionniste se montre insensible à ma poignée de dollars, elle me dit même avec un regard affolé qu’elle risque ‘trop gros’ et que « c’est trop dangereux pour nous », avant d’enfouir définitivement sa tête sous la tablette.
Je commence à réaliser que nous nous sommes mis dans de sales draps et que cette situation répétitive devient passablement compliquée.

Episode 3. BB Gulnura Karimova

Changement de fusil d’épaule, revoir nos ambitions hôtelières à la baisse et revenir à nos premières amours : le BB Gulnura Karimova. C’est là que nous avions commencé notre voyage. C’était me semble t-il une petite affaire familiale privée. Peut-être feraient-ils preuve de plus de souplesse que toutes ces structures étatiques…
Effectivement le jeune homme qui nous reçoit nous dit que tout ceci est de la « foutaise » et « qu »il n’y a rien de vrai dans tout cela », mais malheureusement il est complet et n’a rien à nous louer. Je lui fait alors la proposition « malhonnête » de lui racheter rétroactivement les 2 nuits précédentes afin de récupérer le précieux sésame d’enregistrement, il me répond que cela est impossible, avec le sourire en coin de celui qui vient d’entendre des propos honteux.
Nous ne sommes donc pas plus avancé… direction l’hôtel Grand Orzu

Episode 4. Hôtel Grand Orzu

Nous reprenons un énième taxi. Le chauffeur démarre en lâchant un rot gras et sonore, visiblement le plov est encore frais dans l’estomac. Je lui fait un « abdoulila » mais il ne comprend pas et reste de marbre. Comme beaucoup de taxi à Tashkent il connaît mal sa ville et nous perdons un temps précieux. Plusieurs fois il demande son chemin. Il est soudainement pris d’une crise de raclements de gorge. Il s’arrête brutalement sur le côté, ouvre sa portière, baisse la tête dans le caniveau et renâcle à s’en décoller le cerveau avant de lâcher une salve de mollards. La situation est drôle mais je n’ai plus trop envie de rigoler et mon épouse est inquiète. Nous sommes vendredi il est 15h, et pour la première fois dans ma vie de voyageur je pense à demander de l’aide à mon ambassade qui, d’après mon guide papier, ferme dans une heure pour tout le week-end.

Nous arrivons enfin à l’hôtel Grand Orzu. Je passe sur les détails de l’accueil rigoureusement identique aux précédents. Sans ces foutus morceaux de papier impossible d’obtenir une chambre. Je me demande même si nous ne ferions pas mieux dans notre situation « de délinquants »de nous livrer directement à la police pour expier notre crime… d’avoir découché 2 nuits !!!…au moins nous aurions un logement !!!
… etc… autres tentatives infructueuses …

Il reste peu de temps avant la fermeture de l’Ambassade. Nous faisons une dernière tentative chez le petit cousin non loin du précédent : l’hôtel Orzu. En sortant du taxi il fait très chaud dans tous les sens du terme, et l’air semble chargé d’humidité comme s’il y avait un brumisateur. En fait, je réalise que l’hôtel est voisin d’un centre karcher pour auto.
Nous sommes reçus par une blonde poupine répondant sur son badge au doux nom de Leninyia. La dynamique Leninya après les propos de désolation habituels décide sur mon insistance d’appeler son supérieur et après moults tergiversations, on nous propose de nous louer une chambre à condition que nous donnions le nom, l’adresse et N° de téléphone de notre hébergeur de Charvaq. Là c’est moi qui commence à flipper je me vois mal dans le rôle de la balance d’une famille aussi charmante. Je lui demande l’objet exact de sa démarche. Elle me répond avec un sourire qu’ils ne risquent absolument rien, il lui faut juste avoir la certitude que nous avons bien dit la vérité sur nos 2 nuits manquantes.

Heureusement j’avais conservé leur carte de visite et je demande à Leninya de l’appeler devant moi. Ce qu’elle fit. Heureusement notre hébergeur était au bout du fil et a pu confirmer nos dires. C’est ainsi que nous avons pu obtenir enfin un toit pour nos dernières nuits. La chambre était exigüe et un peu défraîchie, mais dans l’ensemble correcte. Nous aurions préféré terminer notre voyage par un peu plus de charme, mais après une telle galère nous n’allions pas en plus faire les fines bouches.

Dans la foulée, nous nous rendons à l’Ambassade de France, qui se trouve à l’angle d’une de ces interminables avenues arborées de la capitale. Nous sommes accueillis par 2 vigiles qui nous demandent nos passeports avec un « bonjour » hésitant. A l’intérieur drapeaux français et européen au vent, dans le hall trône le portrait de Nicolas retouché et ciré sur Photoshop. Il n’y a pas de doute, nous sommes bien en France.
Sans attendre, une fringante attachée vient à notre rencontre par un « alors que se passe-t-il ». Après lui avoir expliqué la situation, elle nous précise les points suivants :

1 – Aujourd’hui en Ouzbékistan on peut rester une semaine sans enregistrement OVIR. Il faut néanmoins être enregistré à peu près régulièrement pendant son séjour.
2 – Elle nous rappelle le cas de ce type qui s’était vu infliger une amende de 700 USD, car durant un mois il ne s’était jamais fait enregistrer et « l’avait fait sciemment ».
C’est un cas exceptionnel.
3 – Les autorités ouzbeks avaient admis par intérêt, que les touristes français notamment, qui constituent le plus gros du contingent de voyageurs dans ce pays, supportaient très mal le flicage dont ils étaient l’objet dans le métro ou à la douane et que ces mêmes autorités avaient commencé par « assouplir le système ».

J’ai fait remarqué à notre fringante compatriote que sur le terrain les choses étaient moins évidentes et que notre galère en était une preuve. Le flou artistique entre les intentions, les dispositions et les comportements réels vis à vis des voyageurs individuels créent un vide qui ne peut que profiter à la corruption ambiante et notamment aux douaniers. Sans doute elle -même d’origine ouzbek se sentait gênée par la situation et elle termina notre entretien par des propos rassurants…

Au cours de notre séjour nous n’avons jamais été importunés par la police. Nous n’avons jamais pris le métro de Tashkent mais, d’après les témoignages recueillis, le harcèlement des flics aurait cessé.

Sur la route les policiers sont omniprésents. A la périphérie de Tashkent j’ai vu jusqu’à 3 contrôles consécutifs à 200 m d’intervalle chacun. Sans doute 3 brigades arrondissant les fins de mois sur les automobilistes ouzbeks.

Sur la route les barrages sont incessants, ça dépend des endroits, parfois tous les 10 ou 20 ou 30 km… et ça ne rigole pas. Le cérémonial est toujours le même :
L’automobiliste commence par ralentir puis roule au pas presque à l’arrêt et regarde le flic qui agite son bâton orange… En moyenne à certains barrages qui ressemblent à des postes de douane, une voiture sur deux est arrêtée. Le conducteur descend alors du véhicule et serre la main du flic. On dirait qu’ils se connaissent tous, comme 2 vieux potes. En fait il n’en est rien, on fait ami-ami avant le procès-verbal et ça va très vite. Nous avons pris beaucoup de chauffeurs au cours de notre périple et nous avons assisté à toute sortes de verbalisation : sur le port de la ceinture de sécurité dont on n’a jamais su s’il était obligatoire ou non, sur un pneu lisse ou sous gonflé etc…il y a toujours un bon motif ça se termine généralement par une petite somme de la main à la main sans reçu.
Nous avons eu une fois une tentative de racket indirecte par les policiers. C’était sur la route entre Khiva et Nukus. Le flic a demandé au chauffeur d’ouvrir son coffre pour contrôle et lui a demandé de nous sous-tirer des dollars par son intermédiaire. Le chauffeur nous a raconté ensuite s’en être sorti dans un premier temps en prétextant qu’il était dans l’impossibilité de communiquer le moindre mot avec nous à cause de la langue. Mais qu’à cela ne tienne le flic l’a aligné tout de même d’une énorme amende pour un ouzbek, équivalente de 10 USD pour avoir collé des films de protection solaire sur les 2 petites vitres latérales triangulaires arrière , ce que la plupart des ouzbeks font pour se protéger comme ils peuvent de l’accablante chaleur estivale dans leur véhicule.
Pris de compassion pour ce pauvre chauffeur je lui ai, bien sûr, remboursé cette somme et c’est donc bien nous qui étions visés dans ce qu’il faut bien appeler un racket.

Une cérémonie de mariage en Ouzbekistan


Le soir même de notre déconvenue de Tashkent, nous nous sommes rendus à l’invitation de mariage lancée par notre famille d’hébergeurs de Charvaq. Nous étions un peu gênés par la situation et espérions ne pas avoir mis cette famille dans l’embarras.

Notre ami se tenait debout en rang d’oignons devant la salle avec une bonne douzaine d’autres messieurs de la famille, attendant leurs convives. En nous voyant il esquisse un large sourire, ouvre ses bras et me tape dans le dos. Il faut dire qu »il avait particulièrement apprécié notre soirée banquet de la veille copieusement arrosée de vodka. Ses enfants courent et se jettent dans les bras de ma femme. Ils sont heureux de nous revoir et nous collent littéralement. Suprême honneur il tient à nous faire asseoir à sa table. La salle est immense plus de 450 convives. Notre ami nous présente sa famille et tout le monde veut nous serrer la main. Les tables sont immenses et couvertes de toutes sortes de mets et préparations nationales.

mariage ouzbekistan


Les mariés entrent en grande pompe, c’est vrai qu’ils ont fière allure escortés par 2 longues cornes de brume géantes ressemblants à des trompes tibétaines. Le marié est grave et la mariée baisse les yeux. Ils resteront toute la soirée immobiles derrière un énorme gâteau blanc étagé, digne de Walt Disney, et des corbeilles de bananes.

La cérémonie parait vidée de tout contenu religieux. L’Islam, comme souvent dans ce pays, semble après la période soviétique s’être considérablement évaporé. Visuellement le rituel ressemble plutôt à une mise en scène de Bollywood. Nos hôtes sont sans aucun doute des gens plutôt aisés. Peu de femmes portent des foulards, lorsqu’elles en ont un, c’est le plus souvent un accessoire de mode très décoré. Bien au contraire dans la salle les hauts talons, les jupes moulantes et les couleurs vives sont de mise.
On danse sur de la musique locale en se tortillant, on fait des cercles. Mon épouse est prise à part par un groupe de femmes qui lui enseignent les rudiments de danse ouzbek. Les gestes des bras sont précieux, délicats. Comme elle s’en sort avec aisance les autres femmes s’enhardissent.

Le rythme est soutenu et la sono est à un niveau de chuintement critique pour nos oreilles. Sur la piste une femme d’une trentaine d’années en robe bleu satinée et fendue, fait une véritable démonstration de sensualité auprès de son époux, on est proche du Kamasutra… Plus loin ne petite grand-mère danse avec son époux en lui tendant une énorme liasse de billet de banque !

Régulièrement on vient me remplir mon verre de vodka et les convives semblent amusés par nos « tchin tchin ». Tout le monde veut faire « tchin tchin » avec nous. De temps en temps -je sais ça ne se fait pas- mais je remplis discrètement mon verre d’eau avant d’atteindre le seuil critique. C’est qu’après avoir galéré tout l’après-midi pour trouver une chambre d’hôtel je n’ai pas envie en plus d’être complètement ivre et dans l’impossibilité de retrouver mon chemin !

Mon hôte me prend par l’épaule et s’excuse pour la gêne occasionnée par cette histoire de registration. Il me fait part à nouveau de son rêve de pouvoir un jour ouvrir un hôtel digne de ce nom, mais les choses avancent lentement faute d’argent et de tracasseries administratives.
Il tient à me présenter un cousin qui fièrement me remet sa carte de visite. Apparemment il s’agit d’un homme de loi ou juriste influent. Il me dit avec ses quelques mots d’anglais que nous pouvons faire appel à lui au moindre embêtement. Nous voici donc passés en quelques heures du statut de paria à celui d’amis proches de la Nomenklatura !

La soirée se poursuit sur le même rythme, de temps en temps nous sortons de la salle pour profiter de la fraîcheur relative de la soirée. Toujours escorté par une cohorte d’enfants prêts à me suivre dans mes espiègleries dont ils raffolent. Les enfants ouzbeks sont élevés dans un cadre assez strict. Ils aident constamment aux tâches ménagères à la maison plus qu’ils ne jouent entre eux, et la relation avec le père est très cérémonieuse, c’est du moins ce que j’ai pu constater dans notre famille amie.
Nous jouons près d’une grande fontaine. Sur les pelouses un groupe de vieux musiciens russes joue du blues. Une sonorité lancinante avec une basse bien grasse et terriblement efficace. Nous dansons, et c’est à mon tour d’enseigner les rudiments du rock. Les ados sont ravis, les passants regardent, rient, et je suis régulièrement abreuvé par les verres de vodka qui me poursuivent jusqu’ici et … retchin tchin… cette fois-ci impossible de tricher en remplissant mon verre d’eau.

Et dire que nous ne sommes ici, dans cette famille, à peine plus que des passants rencontrés quasiment la veille ???… quelle différence entre l’hospitalité des ouzbeks et l’hostilité latente des autorités de ce pays envers les voyageurs individuels. Dans le fond ce n’est pas si mal d’avoir eu ces emmerdements de l’après-midi, j’aurai de ce voyage une vision plus élargie que celle d’un unique engourdissement ébahi face à la beauté des monuments.

Face aux autorités en Ouzbekistan


Ou comment les autorités ouzbeks conçoivent la bienvenue en Ouzbekistan…

Bien avant mon départ, un incident m’avait mis la puce à l’oreille sur la façon dont les autorités ouzbeks concevaient la bienvenue dans leur pays. C’était au printemps lors de ma demande de visa auprès de l’ambassade à Paris. J’avais déposé les dossiers de demande de visa avec fiches de renseignement, photos et passeports. Le préposé m’avait alors demandé de revenir 8 jours plus tard.

L’après-midi même, coup de téléphone à la maison. Je suis absent, ma femme décroche :
– Bonjour ici l’Ambassade d’Ouzbékistan, pourriez-vous nous préciser la profession de votre
mari ?
– mon épouse : « mais il l’a indiqué sur la fiche »
A ce stade du récit, je précise que ma profession n’a rien de mystérieux, elle tient en un seul mot, ce n’est pas un nom à rallonge, elle ne se termine pas par « ing » et même un enfant de classe primaire est capable de disserter dessus.
Le type de l’Ambassade continue : « oui mais pouvez-vous nous préciser en quoi cela consiste-t-il exactement ? » « avec qui travaille-t-il ? » « cette société fait-elle partie d’un groupe ? » « c’est sa société ? »  » et le lieu de travail ? » etc… un véritable interrogatoire qui tournait autour du pot : est-il journaliste ou assimilé ?
Mon épouse en donnant des réponses succinctes lui précise qu’en plusieurs décennies de voyage c’est bien la première fois que nous recevons ce genre d’appel d’une ambassade ! le type lui répondit gêné que c’était juste une formalité pour comprendre !

Lorsque mon épouse m’a mise au courant de cet appel, j’ai émis un gros doute sur l’obtention des visas…mais finalement 8 jours après j’ai pu les retirer sans autres péripéties…

Coup de projecteur sur l’Islam en Ouzbekistan

L’Islam en Ouzbékistan ne représente pas « un danger ». Les mosquées sont discrètes concernant leurs fréquentations, et les signes de prières et autres dévotions forts rares en publiques. Les femmes voilées dans la plupart des grandes villes sont rares. On croisera moins de femmes voilées (je parle du voile total) à Tashkent, Samarkand ou Nukus … qu’à Paris, Londres ou Bruxelles. Les femmes qui se couvrent complètement les cheveux le font le plus souvent avec une touche « mode » couleurs vives etc…. Les hauts talons, shorts minis et jupes moulantes sont portées couramment dans la rue et pendant les fêtes familiales. Taskent est depuis l’époque soviétique connue pour être un haut lieu festif pour sa vie nocturne, et crois-moi c’est quelque chose le look des filles. Au cours du rituel du mariage les jeunes époux ne vont pas se prosterner face à une symbolique musulmane, mais plutôt au pied d’une de ces inombrables statues du héros national … Tamerlan. Les évènements d’Andijan en 2005 (massacre de plusieurs milliers de personnes) ont surtout servi au dictateur Karimov pour faire le ménage et détruire toutes formes d’opposition dans le pays.

48 heures après notre belle soirée de mariage nous reprenons l’avion pour Riga / Paris.
A l’aéroport de Tashkent en pleine nuit, nous remplissons notre déclaration de sortie de devises. Heureusement, contrairement à l’aller, cette fois-ci nous trouvons des formulaires en anglais.

Nous passons un premier guichet, les formalités sont passablement longues. Le préposé n’en finit plus de coller des coups de tampons, il coche d’interminables cases. On le sent tout de même pressé d’en finir, car il faut dire qu’il a 2 avions de passagers à se taper ainsi, le nôtre et un vol pour Moscou.

Une fois ces premières formalités enregistrées, nous avançons vers un deuxième guichet pour le contrôle des passeports. Mon épouse a quelques mètres d’avance sur moi. Tout à coup dans ce no man »s land, surgit de nulle part un douanier trapu qui pointe son index vers mon épouse et lui intime l’ordre de présenter son passeport. On n’a jamais bien compris l’intérêt de la démarche puisque de toute façon il est prévu de le représenter une seconde fois à un autre douanier dans la guérite un peu plus loin…
Sans attendre il se tourne alors vers moi et me demande « tickets registration ». Je mets ma main à la poche arrière de mon jean et sort une liasse informe de bordereaux dans le plus grand désordre. Il faut dire que les fameux tickets de registration n’ont rien d’uniforme. Si certains sont de véritables cartes de visite sur papier glacé, d’autres ressemblent plutôt à des petits morceaux écrit sur du papier d’emballage quand ce n’est pas carrément des posts it jaunes ! En prenant entre ses 2 doigts ma liasse collante le douanier me la rend aussitôt avec un « Oooh! ». Il valait mieux qu’il en soit ainsi, car à vrai dire ce n’est pas 2 nuits, mais 5 qui n’avaient pas été enregistrées : mes 2 nuits à Charvaq + 2 autres à la belle étoile et une due à une erreur d’un hôtelier de Samarkand.

Toujours sans perdre une seconde, il se tourne vers 2 jeunes français derrière moi et leur demande à contrôler leur argent restant. Pendant que nous faisions la queue pour le deuxième guichet, ce douanier emmènera un des deux jeunes dans un bureau adjacent. Je ne saurai que plus tard, en discutant avec lui dans la zone d’embarquement, que le douanier s’était montré particulièrement tatillon et longuet pour contrôler quelques dizaines d’euros…

Nous avons passé sans encombre le dernier guichet, et c’est bien la première fois qu’en basculant dans l’ennuyeuse zone « duty free » entre whisky et parfums, que nous avons ressenti un tel sentiment de sérénité.

Conclusion :
Lorsque je choisis de me rendre quelque part, j’aime bien me sentir le bienvenu et d’abord par les autorités. Et non comme un boulet encombrant que l’on traîne pour lui ponctionner ses dollars et lui mettre des bâtons dans les roues avec de la « registration », « du recomptage d’argent », « des interrogatoires » etc…

Il faudrait un jour, que le dictateur Islam Karimov et sa bimbo de fille reconvertie dans l’hôtellerie, comprennent que pour faire venir des voyageurs en Ouzbekistan et remplir leurs chambres d’hôtels, il devient impératif de faire de l’hospitalité ouzbek autre chose qu’un vague concept !
Si les choses se sont assouplies quelque peu dans les intentions, sur le terrain il n’en est rien et visiblement la communication a du mal a passer. Disons que le curseur du racket a été baissé de quelques crans, mais les tentatives d’intimidation sont toujours là et le flou ambiant profite toujours aux mêmes.
Comme me l’a fort justement rappelé un français marié à une ouzbek à l’aéroport, nos petits tracas de voyageurs ne sont rien par rapport à ceux vécus par les habitants du pays. Lui-même, mais surtout son épouse, avaient véritablement été « épluchés » ainsi que toutes leurs valises, lors du passage à la douane.

Et que dire également de la quasi destruction des vieux quartiers populaires dans les différentes villes, qui enlève tout arrière plan historique et humain aux édifices magnifiquement restaurés. Je me souviens du témoignage de cette femme énergique et passionnée, gérante d’un bed & breakfast à Samarkand, qui se désolait de voir son vieux quartier authentique du Gour Emir être enfermé derrière un nouveau « mur de Berlin mosaïqué » que les autorités justifiaient par le fait que les délégations officielles visitant les monuments n’avaient pas à voir la « populace » rentrer et sortir de chez elle…

Il serait bon à notre retour de voyage, en plus de s’esbaudir à juste titre sur les merveilleuses cathédrales musulmanes des villes de la route de la soie, de se rappeler que ce pays est avant tout composé d’hommes et de femmes véritablement hospitaliers… mais aussi de flics, de dictateur et de corruption.

Williama
Août 2009


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