Inde insolite, Inde fascinante… Indes au pluriel … Poursuivons notre voyage en Inde, en plein coeur du Rajasthan… Jaipur Jodhpur… Revenir à Jaïpur, la ville rose, à Jodhpur, la ville bleue ; revenir dans cette Inde des odeurs et des épices qui est si enivrante et parfois dérangeante…
Lorsque je quittais l’Inde il y a une dizaine d’années, je jurais de ne plus jamais y remettre les pieds, j’avais même raccourci mon séjour d’une semaine et payé un deuxième retour avion, allant même jusqu’à refuser un arrangement possible avec Air India, pour voyager avec Air France. Je ne voulais plus entendre parler de l’Inde, ni du Rajasthan ni des indiens. Je leur tournais le dos – et je le croyais – définitivement.
« Never say never » a plus que jamais et une fois de plus, tout son sens ici. Puisque je suis de nouveau en plein cœur du Rajasthan. Une décision de dernière minute. Une impulsion. Un caprice, quasiment une lubie. J’avais programmé d’aller photographier les volcans islandais… on ne peut pas faire plus à l’opposé : le feu sous la glace là-bas. Ici, le feu tout court. Celui du ciel et du soleil. Celui des regards. Éventuellement celui de la nourriture. Et je n’ai qu’une envie : revenir.
Revenir à Jaïpur. Non pas dans la ville rose, mais dans le relais de chasse du Maharadja Sawaï Man Singh dont je viens d’apercevoir une photo en compagnie de Lord et Lady Mountbatten of Burma. Ils se sont donc bien rencontrés et je n’avais pas tout à fait tort en m’identifiant à elle dans le pavillon de chasse de Rambagh.
Revenir à Jodhpur, la ville bleue. Ville de garnison et de guerriers à cheval, avec sa forteresse imposante, emblématique d’une Inde guerrière, son palais de maharadja conçu par un architecte anglais comme si l’empire des Indes allait durer mille ans, et surtout pour ses maisons violemment bleues.
Revenir en Inde en dépit de la crasse, de l’odeur persistante d’urine (les hommes pissent partout, dès qu’il y a un mur, pour eux, ça doit être comme une invitation), mêlée à celle du crottin de cheval, de la bouse de vache ; en dépit de ces vaches justement, qui en prennent vraiment à leur aise dans les rues étroites, vous refusent le passage avec une obstination paresseuse, et qui, lorsque vous les frôlez, soulèvent leur horrible queue pour vous envoyer, quasiment sur les pieds, une bouse monumentale.
Revenir en Inde pour l’odeur de ses épices, le goût de son thé parfumé à la cardamone et au gingembre, pour ses couleurs qui vous éblouissent comme des flashes d’une puissance telle qu’il ne sera plus jamais possible de faire de comparaisons avec d’autres pays ; pour l’intensité brûlante du regard de ses hommes, surtout lorsqu’ils ont les yeux dorés ; pour la timidité de ses paysannes et leur sourire éclatant derrière leur voile de mousseline ; pour l’allure altière de ses serviteurs habillés comme des princes Rajput ; pour ses gardiennes de chèvres à la beauté plus touchante que celle des plus riches maharani ; pour les prières à la déesse Laxmi, psalmodiées ça et là au hasard d’une rue et pour mille choses encore qui font que l’Inde est unique et le restera encore longtemps. Tout le temps qu’elle gardera, ancrées en elle, culture et traditions, mêlées à la modernité des temps qui changent. Irrémédiablement
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