Difficile de s’y retrouver dans les noms indiens et pourtant les noms indiens sont une véritable carte d’identité… Alors comment çà marche ? Voila une question que nous entendons souvent et qui nous fait sourire ! En effet c’est une question de la vie quotidienne.
Si vous allez dans un restaurant, la personne qui vous accueille à l’entrée vous demandera presque toujours votre nom, même si vous n’avez pas fait de réservation. Et lorsque vous faites part de votre étonnement devant cette question, on vous répond : « This is for our records only ».
Mais comme toujours une question peut en cacher une autre et les choses ne sont pas aussi simples.
Et tout d’abord d’où vient de terme de « good name» qui figure dans cette question ? C’est tout simplement une mauvaise traduction de l’hindi ; en effet en hindi le terme employé évoque l’idée que le nom est sacré et qu’il est « auspicious » (qu’il porte bonheur). Cela étant lorsqu’on vous demande quel est votre « good name », vous vous demandez si vous avez un « bad name ». Puis, car vous réfléchissez et vous vous demandez s’il s’agit de votre prénom, de votre nom ? Bien entendu pour nous étrangers, cela est différent et n’importe quelle réponse sera acceptée. Pour les indiens c’est une tout autre histoire…
Le nom révèle en effet beaucoup de choses et c’est une information essentielle qui en contient plein d’autres.
Le nom révèle votre religion et votre interlocuteur sait d’emblée si vous êtes hindou, sikh, chrétien, jaïniste, musulman. Plus que cela, le nom indique aussi votre caste. Il peut indiquer aussi votre origine géographique. Et dans chaque religion, communauté, il existe des règles différentes quant au prénom, nom, middle name ou surnom (given name).
Pour les Sikhs par exemple, le nom « Singh » apparaît presque toujours comme middle name, comme dans Mahindar Singh Bawa.
Pour les Jaïnistes, le nom le plus répandu est Jain (au moins c’est simple !). Mais les noms suivants indiquent aussi l’appartenance à la religion jaïniste : Banthia, Nahar, Kanthed, Kothari, Kataria, Mehta, Pichholiya, Daga, Shrimal, Shri Sanghvi, Vohra, Motha, Badjatya, Doshi, Saravagi, Chodhari, Kocharand.
Chez les catholiques indiens on trouvera des noms et prénoms d’origine portugaise ou anglo-saxonne ; Angelo Pinto, Joseph Decruz ou Henry Sebastian D’Souza.
Le nom de la caste ou de la sous-caste se retrouve aussi quelques fois dans le nom de famille ; ainsi le nom indien Chaudhari (qui ne nous disait rien jusqu’à présent) fait référence à une sous-caste hindoue télougou qui était propriétaire terrien, donc de l’Etat d’Andhar Pradesh !!!
Quelques fois, le nom de la divinité hindoue adorée par une famille (on vous rappelle qu’il y a 300 millions dieux hindous) devient partie d’un nom de famille.
Dans la communauté Parsi (70.000 personnes en Inde), les noms de famille se terminent souvent par « wala », « walla » ou « walah » qui veut dire « métier » ou « occupation ».
On trouvera ainsi des noms comme Cyclewala (marchand de cycles) et il y a même une actrice connue qui s’appelle Shenaz Treasurywala ! Il y a même un ancien ministre indien qui s’appelle Rajesh Pilot tout simplement parce qu’il a été pilote de chasse dans l’Indian Air Force.Un certain nombre de noms de familles sont caractéristiques d’un Etat en particulier et chacun des Etats indiens a des noms de famille qu’on ne trouve que dans cet Etat.
On voit aussi des initiales dans un nom, ou plutôt un nom précédé de deux voire trois intiales. Par exemple, TP Raman, ou PSR Rvagansar etc… Les initiales sont en fait la référence au nom ou au surnom du père. Mais cela devient aussi le surnom et parmi les interlocuteurs habituels de Geoffroy, ses interlocuteurs habituels (du Sud de l’Inde car c’est surtout dans la Tamil Nadu) il a des contacts avec TT, TP, PSR…
Mais les complications continuent !!!
Nos lecteurs vont nous maudire !En effet chaque Etat (ou communauté linguistique) a ses règles et il est parfois difficile de s’y retrouver. Ainsi les tamouls (pas tous) ont l’habitude de faire précéder leur nom des initiales de leurs lignées en remontant jusqu’à la 7° génération. Cas pratique : vous avez quelqu’un qui s’appelle : Mu. Ko. Ka. Mu. Tha. Er. Ganesh ! Ca vous paraît compliqué et surréaliste mais cela présente le grand avantage de savoir (sans avoir besoin de lui demander) qu’il est le cousin de Mu. Ko. Ka. Mu. Tha. Ka. Ganesh !!!
On peut résumer le comble de la complication en disant que le nom d’un indien n’est pas toujours son nom et donc que son nom peut en cacher un autre ! Par exemple Mr C.V. Raman, connu des scientifiques pour avoir remporté en 1930 le Prix Nobel de Physique par ses travaux sur la dispersion moléculaire de la lumière (c’est pas beau çà ?) a un nom différent ; il s’appelle Chandrashekhara Venkata Raman, soit dans l’ordre le nom de son père, son nom de famille et son surnom, le tout abrégé en C.V. Raman.L’ordre des noms varie aussi selon les lieux et dans le Kerala (côte de Malabar et Kochin) on voit souvent le nom de famille suivi du surnom suivi du nom de la caste. Dans le Karnataka, c’est souvent le nom de la ville (ou village) suivi du surnom.
Mais nous allons terminer par une toute dernière complication du système indien des noms…Il est fréquent en Inde de changer de noms et on voit souvent dans les journaux des « avis de changement de nom », cette procédure étant courante. Quelques fois un nouveau nom est formé avec deux surnoms. Un changement de religion s’accompagne souvent aussi d’un changement de nom.
Voilà, vous en savez un peu plus sur les noms indiens.
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Très bon article.
C´est très important de connaître les habitudes des habitants d´un pays. C´est une question de respect.
En lisant, je pensais au « good name » comme « god name ».
Merci pour partager et nous faire savoir.
Elisa, Argentine