14 de Jean Echenoz ; un roman scolaire et insipide (Litterature francaise)

Avec 14, Jean Echeno signe un court roman  historique qui évoque la guerre de 14 – 18 à travers le destin de 5 hommes partant « la fleur au fusil » alors qu’une femme attend avec fébrilité le retour de son amant.

Anthime se balade à vélo en ce début août 1914, lorsqu’il entend les cloches des villages environnants entonner le tocsin. Il comprend immédiatement que la guerre est déclarée et qu’il va être mobilisé. Le lendemain, il rejoint la caserne, accompagné à distance par son frère Charles. Séparément, ils se préparent à cette guerre que tous envisagent de façon désinvolte. Mais l’épreuve du feu arrive bientôt, et les soldats vont alors vite comprendre que cette guerre durera. Blanche, compagne non officielle de Charles et enceinte de lui, communique avec les deux frères. aidé de son médecin, elle va appuyer son transfert dans l’aviation, alors qu’Athime s’embourbe dans les tranchées.

Anecdotique. Voire insipide. Alors, certes Echenoz écrit bien mais cela ne suffit pas pour faire un bon, un grand roman. On a l’impression qu’il a fait d’importantes recherches sur la période, et qu’il nous en livre un devoir type scolaire assez peu inspiré.

La seule solution consistant à n’être plus apte qu’on en vient à désirer, celle qui (voir Athime) vous garantit le départ, mais le problème réside en ce qu’elle ne dépend pas de vous.

Pourquoi cette parenthèse, on dirait un rappel comme dans un devoir d’élèves (voir doc.1). Tout fait cliché comme le nom de Blanche et l’histoire des deux frères amoureux de la même femme. Pire, on a l’impression parfois qu’il nous fait un catalogue des images modernes, contemporaines de la guerre: un chapitre sur l’allégresse du départ, un autre sur les habits, puis on passe à une revue
de détail sur la nourriture, sur la place des animaux dans la guerre avant d’aborder la question des blessures volontaires et des mutineries. A quelques exceptions près, on a un plan thématique/chronologique de la Grande Guerre. On n’y croit pas une seconde, et on se demande même si Echenoz y croit vraiment

Tout cela ayant été décrit mille fois, peut-être n’est-il pas la peine de s’attarder encore sur cet opéra sordide et puant.

Effectivement, cela ne vaut pas la peine de s’attarder sur le livre d’Echnoz et sa vision de la Grande Guerre. Et la comparaison avec l’opéra est jetée comme ça, en fin de chapitre, idée bancale non exploitée par la suite. Et que dire de cette scène

Il est arrivé qu’un de ces chiens non entravés, sexuellement provoqué par un semblable de l’autre côté du quai de la Fosse, vint maladroitement se fourvoyer dans son rut contre une roue du landau, qu’un instant son élan a failli déséquilibrer , aussitôt dissuader par un vif coup d’escarpin de Blanche et filant en couinant. (…) Anthime a suivi des yeux l’animal désolé, tirant maintenant des bords à droite et à gauche, son érection maintenue mais à présent pour rien, l’objet de son désir s’étant évaporé pendant cet incident, avant de disparaître au coin de la rue de la Verrerie.

Mais qu’est-ce qu’il raconte? S’il veut aborder le problème de la sexualité des anciens combattants, qu’il le fasse mais pas en un paragraphe avec cette image sordide de chien s’excitant sur une roue de landau. C’est pathétique. Facile et rapide à lire mais pathétique. J’espère qu’il s’agit d’un livre de commande qui n’aura pas vraiment inspiré son auteur et je me remets à la lecture de
Parade’s End, même époque mais au moins c’est plus dense.