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A situation grave en Thaïlande, sujet frivole. Frivole ?

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Donc l’état d’urgence vient d’être décrété à Bangkok et les villes environnantes. En fin de soirée et après avoir reçu des mises en garde d’amis, de journalistes et de blogueurs, via internet,  je décidais avec mon ami thaï, d’aller prendre la température au Night Bazar de Chiang Mai, un Night Bazar vaguement sinistré depuis la désertion des touristes, mais impressions de « déjà vu » lors du coup d’état de septembre 2006 contre Thaksin. Quelques postes de télévision d’un autre siècle clignotaient ça et là entre les voitures-étalages.

Images zébrées, son « crachouillard »… à part quelques rares mordus de l’info, les vendeurs continuaient de héler les touristes « special price for you ! », les femmes Akkha, sous le poids de leur casque argenté, continuaient de faire couiner leurs grenouilles de bois,  des filles et des garçons en vêtements traditionnels Lanna continuaient de se dandiner sur la scène du « Kalare Food Center » devant des touristes cramponnés à leur bière, les conducteurs de tuk-tuk alignés le long de la rue attendaient, eux, d’hypothétiques clients. « C’est tout ? » je demandais, étonnée  à mon ami… « Pas de rouges défilant dans les rues de Chiang Mai, la ville de Thaksin ? »  L’état d’urgence, c’est grave, c’est l’interdiction de rassemblement de plus de 5 personnes, c’est le contrôle des médias, c’est l’information censurée, c’est l’arrêt de toute personne occasionnant des troubles de l’ordre. « Et l’armée ?  Elle est où ? » « Les gradés sont peut-être avec Abbhisit et son gouvernement, mais l’essentiel du corps de l’armée et de la police est pour Thaksin.  Ils n’attaqueront jamais les rouges. L’armée n’est pas prête pour des mesures extrêmes » m’a répondu d’un trait mon ami. On se met alors à discuter avec des conducteurs de « sawng thaeaw » et de « tuk-tuk », ils n’ont que ça à faire les pauvres, et moi, avec mon tact de « farang », je leur pose directement la question : « Vous êtes pour les chemises rouges » ? Ils ne répondent pas, se contentent de sourire. Mon ami glisse un billet dans la pochette de chemise d’un chauffeur et lui demande : « Tu es pour qui » ? Eclat de rire entendu. « Tu comprends maintenant » ?  me demande Anusorn. « On a un cœur mais on a d’abord un estomac ».  Beau résumé. Effectivement, ça ne m’avait pas échappé. Manger c’est une priorité. Partout,  mais en Thaïlande, on ne mange pas seulement pour se nourrir, on ne se met pas à table pour discuter littérature ou des derniers potins « people », on s’assied pour manger. Pour le plaisir. Plaisir bruyant, plaisir ponctué de « arroy » (délicieux), « sep » en Isaan, « ram tae tae »  ici dans le nord. Apprécier la nourriture sans le faire savoir de quelques claquements de langues, de quelques petites aspirations éloquentes ou de remarques enthousiastes, c’est un manquement à la politesse de base, au plaisir sacré de la nourriture, un plaisir auquel les thaïs se soumettent – pas seulement trois fois par jour comme dans beaucoup d’autres pays –  mais à toute heure de la journée, quand l’envie leur prend. Et ça tombe bien, la nourriture est partout. Prête. Disponible. Succulente. À toute heure du jour et même de la nuit.

Les « chemises rouges » de Bangkok le savent bien qui traînent dans leur sillage, leurs étals de somtam, de poulet grillé, de crèmes glacées « boran » – « À  l’ancienne », comme certains massages, – de laap. La nourriture, c’est le nerf de la guerre. Difficile de vivre en Thaïlande si on n’apprécie pas les subtiles saveurs d’herbes, de piments, de salé-sucré, de curry. La meilleure nourriture au monde, c’est une française qui le proclame. Et pas forcément la nourriture sophistiquée ou chère, non, la plus simple, la plus basique vous fait oublier, l’espace de quelques instants, la suffocante chaleur, l’insupportable pollution, la circulation effrayante, la confrontation des thaïs-lao et des thaïs-chinois, les provocations exacerbées des rouges, la frustration des Bangkokiens et les motivations hésitantes du gouvernement. Un « khao soï », un « khao phat khing », un simple « khuay thiaw » et les sourires fleurissent sur les visages, l’estomac satisfait peut repartir au travail : dans la rizière,  les bureaux ou les manifs.

Si vous passez par Chiang Mai, un must : le restaurant « Saï Lom Joï », près de Thapae Gate, accolé au Black Canyon. C’est « le » rendez-vous des voyageurs, de tous âges, conditions et nationalités. Le personnel, mené de main-maître par un couple sino-thaï, adopte, selon les jours, une couleur de tee-shirt différente correspondant à quelque croyance ancienne, sûrement bouddhiste. Hier c’était vert… et voilà l’ambiance…. Très joyeuse et souriante en dépit du manque de client.

Sai Lom Joi 2
Sai Lom Joi 4

Sai Lom Joi 3

Ne pas se fier a l’apparence mais a ce qu’il y a dans l’assiette… Et saison des mangues en ce moment !

1 commentaire pour “A situation grave en Thaïlande, sujet frivole. Frivole ?”

  1. « Quels droits ont-ils de fermer nos yeux et nos oreilles »
    Je voudrais simplement préciser que le gouvernement actuel est le fruit de coups d’État (celui de 2006 évoqué ici et 2008).
    Au delà du folklore les problèmes existent et les élites ne mangent pas de la même façon et ne baisent pas dans les même bordels alimentés par les étrangères et les filles de L’Isarn.
    Prem et l’armée ont mis en selle Abhisit alors que les élections avaient donné la victoire au Rouges.
    En fermant « La Chaine du Peuple », après avoir caché son vrai visage, la dictature se dévoile.
    Elle le fait en mettant en avant et en surévaluant le rôle de Thaksin.
    La protestation de Rouges va bien au delà de ce Berlusconi
    Les Rouges sont les paysans, les quasi-esclaves (thaïs et immigrés birmans, laotiens, cambodgiens) des industries et de la prostitution.

    Ceci dit, excellente description de l’ambiance « sanouk » (s’amuser ) et « kin len » (manger par jeu, en fait manger pour le plaisir de manger : souvent les Thaïlandais mangent d’abord pour se nourrir, puis ensuite pour le plaisir).

    Yaoline
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