Baby Boom de Jean Vautrin aux éditions Histoires Mazarine est un recueil de nouvelles tantôt joyeusement pessimistes, tantôt surréalistes ou absurdes, mais dont le style ne peut laisser indifférent…
Voilà revenus les personnages de Vautrin. Cette fois, ils entreprennent la plus difficile des escalades : se hisser sur le toit du bonheur. Dès lors, comment ne pas aimer cette petite fille qui croit tuer les hommes rien qu’en les regardant ? Qui sont ces Américains qui, à force de vouloir un enfant, acceptent de jouer avec un bébé de chiffon ? Pourquoi Henri brûle-t-il tant de posséder « l’eau chaude » ? Qui est le pogo aux yeux rouges ? Vers quel voyage au bout de l’exigence s’enfonce ce milliardaire qui traverse l’Orénoque pour aller vers son père ? Où est le bonheur ? Qu’est-ce que c’est ? Faut-il manger des bonbons ? Forniquer contre argent ? Pisser dans une bouteille ? Ou se faire photographier tous les jours de sa vie devant Constantinople ? L’écriture de Jean Vautrin est très particulière et les romans et nouvelles de cet écrivain ne peuvent laisser indifférents. On aime ou on déteste. Pour ma part, j’aime.
Ce recueil contient des nouvelles assez disparates que je qualifierai de joyeusement pessimistes. Certaines frôlent le surréalisme et offrent des récits où l’absurde est très présent. Je pense notamment à « Baby Boom » avec cette poupée de chiffon qui prend la place d’un enfant dans le cœur d’une femme au grand dam de son mari. Mais lui même…
Je pense également à « Jesse Owens a fumé sa dernière cigarette », superbe et énigmatique récit où la folie a la part belle ou à « Le voyage immobile de Kléber Bourguignault » qui raconte une inoffensive manie qui se métamorphosera en une terrible obsession. La fin de cette nouvelle est très cruelle !.
D’autres histoires sont plus conventionnelles mais bénéficient du style inimitable de l’écrivain. J’ai particulièrement aimé la dernière : « Je mourrai et j’irai vers mon père » à l’atmosphère étouffante.
Bref, BABY BOOM est un livre hautement recommandable. Cerise sur le gâteau, il bénéficie d’une magnifique couverture dont l’illustration est due au génial Bilal.
Que du bonheur donc !
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