Les Belles choses que porte le ciel de Dinaw Mengestu est un roman magnifique sur l’exil et le déracinement. Regard d’un écrivain américain exilé sur une Afrique à la dérive…
Le jeune Sépha a quitté l’Éthiopie dans des circonstances dramatiques. Des années plus tard, dans la banlieue de Washington où il tient une petite épicerie, il tente tant bien que mal de se reconstruire, partageant avec ses deux amis, Africains comme lui, une nostalgie teintée d’amertume qui leur tient lieu d’univers et de repères. Mais l’arrivée dans le quartier d’une jeune femme blanche et de sa petite fille métisse va bouleverser cet équilibre précaire… Avec ce premier roman brillant et sensible, Dinaw Mengestu, jeune écrivain américain d’origine éthiopienne, s’impose d’emblée comme un auteur majeur. L’exil, le déracinement sont au cœur de ce roman qui révèle un extraordinaire talent d’écriture et une maturité singulière.
Le récit commence en légèreté. Sépha et ses deux amis paraissent insouciants et tout en parlant de leur Afrique natale lors de leurs réunions arrosées semblent totalement immergés dans la société américaine. Puis très vite, on sent que le déracinement leur pèse beaucoup plus qu’ils ne l’avouent. L’histoire se centre rapidement sur Sépha et l’on se rend compte de sa résignation et de sa mélancolie. Petit à petit on apprend son histoire, sa fuite d’Éthiopie, son arrivée à Washington où il pense ne rester que quelques mois puis l’achat d’une petite épicerie qu’il laisse d’ailleurs doucement péricliter. En parallèle, on assiste à son amitié avec une femme blanche et sa petite fille. C’est d’ailleurs dans cette relation que l’on constate les limites de l’intégration et le mur invisible qui sépare un immigré noir et pauvre d’une jeune femme blanche et aisée dans ce quartier en pleine mutation où la réhabilitation n’est pas forcément une bonne nouvelle pour ses habitants.
Ce livre est un petit bijou de sensibilité, de mélancolique douceur et d’humanité. Il dessine les portraits de personnes un peu à part dans la société. Ni totalement exclues ni vraiment intégrées elles semblent comme en sursis dans un monde en mutation rapide.
LES BELLES CHOSES QUE PORTE LE CIEL bénéficie en outre d’une superbe écriture et sa lecture est un pur moment de bonheur. Bref, ce roman qui a obtenu le Prix du roman étranger 2007 est hautement recommandable.
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J’ai lu ce livre dont j’ai fait une critique sur ce site. Je l’avais trouvé intéressant même si ceux qui parlent de l’Afrique sont trop souvent ceux qui l’ont quitté. Quand les élites resteront-elles en Afrique pour faire progresser ce continent ?