« Missing », le film de Costa-Gavras passait hier sur Arte, avec Jack Lemmon et Sissy Spacek émouvants à pleurer. Un fils et mari… disparu sous le régime de Pinochet au Chili. Dictature, coup d’état militaire, complicité américaine, secret d’état. Je n’ai attrapé le film que dans son dernier quart d’heure : images insupportables de corps nus allongés dans une morgue. Reconnaître ces corps. Missing….Et tous ceux qui n’ont jamais été retrouvés,… Missing….
Dans le train qui me ramenait un peu plus tôt de Calais vers Paris – Calais balayée par les vents froids du septentrion, Calais traversée de mouettes géantes aux ballets inquiétants et de plus en plus hardis – je lisais le dernier roman de Douglas Kennedy, « Quitter le monde » et notais ce passage : « ….Avec une dizaine d’autres prisonniers et de gardes en armes, elle a été embarquée dans un avion militaire qui est parti droit au-dessus du Pacifique. Les soldats ont ouvert la trappe et les ont jetés à l’eau, un par un. D’une hauteur de 1000 mètres et à au moins une heure de vol de Santiago, les chances que les corps soient ramenés sur la côte par les courants étaient pratiquement nulles et donc la junte ne pouvait être incriminée en rien. On arrêtait les dissidents, on les regroupait et… plouf ». (Page 155. Douglas Kennedy)
Jusqu’où peut-on aller pour garder le pouvoir ? Et la peur de voir ce pouvoir vous échapper peut vous amener jusqu’à quelles extrémités ?… « La peur est une habitude » a écrit (Aung Sang Suu Kyi. La peur pathologique, la peur, cercle vicieux d’une paranoïa d’état. La peur que la junte a engendrée auprès de sa propre population et qui se retourne contre elle. « A Naypyidaw, la nouvelle capitale birmane, les militaires ont construit des kilomètres de tunnels pour se protéger. De qui ? Ils craignent une chute vertigineuse et irrémédiable de leur pouvoir ? Alors ils s’y agrippent comme des malades. Et ils se terrent. Des tunnels qui ne font que traduire le degré d’insécurité qu’ils ressentent à leur tour. Piégés. Victimes du cercle vicieux de la peur qu’ils ont instauré dans leur propre pays » (lu dans Suite 101.fr).
Quelque part, ailleurs, pas si loin…on attend un enfant, un père, une grand-mère dont on est sans nouvelle. Disparus. On ne sait rien d’eux.
Missing…
Jeune karen ayant saute sur une mine
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