C »est l’occasion de revenir un peu sur « Borat »… Ou l’occasion de quelques leçons culturelles sur l’Amérique au profit glorieuse nation Kazakhstan… Borat, leçons culturelles sur l’Amérique au profit glorieuse nation Kazakhstan (Borat: Cultural Learnings of America for Make Benefit Glorious Nation of Kazakhstan) de Larry Charles
Après avoir développé avec succès un projet de long-métrage autour de l’improbable gangsta-rappeur Ali G. (2002), Sacha Baron Cohen impose au cinéma Borat, l’un des deux autres personnages (avec Brüno) imaginés par le comédien-humoriste pour son show sur la chaîne britannique Channel 4.
Le personnage de Borat est un journaliste Kazakh envoyé par le ministère de l’information de son pays aux Etats-Unis afin d’apprendre les secrets du rêve américain. Le film est conçu comme un faux documentaire dans lequel Sacha Baron Cohen va s’appliquer via Borat à fustiger justement le mythe du rêve américain, symbolisé in fine par la quête improbable de l’amour de Pamela “C.J” Anderson. Il faut peut-être pondérer l’ambition dénonciatrice du comique mais sa démarche déclenche autant l’hilarité qu’elle dessine effectivement un portrait audacieux et pathétique de la société américaine.
Cohen verse allégrement dans la caricature, offrant une image apocalyptique mais irrésistiblement drôle des moeurs de ce pays de l’ex-union soviétique (la séquence d’ouverture est d’antholigie). Cela autorise dans le même temps Borat à tous les excès, à toutes les provocations et de bousculer ainsi violamment les principaux tabous de la société américaine.
Borat s’attaque aux féministes, aux racistes, au homophobes via une démarche grotesque mais finalement subtile puisque ces attributs sont exactement ceux de Borat. En assummant sans aucun complexe un personnage mysogine, incestueux, antisémite et homophobe, Sacha Baron Cohen pousse ses victimes à révéler eux même quelques uns de leurs penchants les plus malsains.
Il y a quelque chose de l’ordre de la fascination à voir Borat exorter littéralement une foule entière à ses sentiments les plus belliqueux. Borat va tellement loin qu’il finit par choquer ses proies, alors même que son attitude est constamment exagérée et donc peu crédible. Ce que Borat malmène en particulier, c’est la morale bienséante et courtoise des américains, leurs valeurs qui consistent à ne pas moquer les différences des autres. Ainsi, Borat est généralement bien acceuilli, dès lors qu’il n’oblige pas à un contact physique, et s’ingénie à éprouver la patience de ceux qui lui font face. Les séquences de la leçon de conduite, de la rencontre avec un groupe féministe, du témoignage d’une rencontre particulière lors d’une parade de la gaypride, de l’achat d’une voiture, de la leçon de savoir-vivre ou encore de la cérémonie d’une Eglise Pentecôtistes etc., sont toutes dangereusement hilarantes et révèlent l’hypocrisie latente d’une société qui si elle est ainsi attaquée n’est pas forcément pire que celle dans laquelle nous petits français sois-disant bien élévés vivons.
Le film donne une impression plus ou moins véritable d’une improvisation constante. Ce n’est ni plus ni moins que le principe de la caméra cachée et les personnes piégées, parce que le film ne les montre pas vraiment dans des positions avantageuses, auront pour beaucoup chercher à faire interdire l’exploitation du film, ou tout au moins de leurs images. C’est peine perdue, Borat existe, circule et s’impose comme un objet assez insolite de cinéma. C’est en tout cas de très mauvais goût, et pour cette raison même, particulièrement drôle.
Après Ali G. et Borat, Sacha Baron Cohen s’attachera sans surprise à inviter maintenant Brüno sur le sol américain, pour de nouvelles folles aventures (le film est visible les écrans français depuis le 22 juillet).
Benoît Thevenin
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Borat, leçons culturelles sur l’Amérique au profit glorieuse nation Kazakhstan – Note pour ce film :
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