Créée en 1946, par un groupe d’artistes de Brasov, l’Union des Plasticiens fut la première du pays. Il s’agissait, au tout début, de syndicats des beaux–arts, car ce n’est qu’en 1949 que ces syndicats se muent en unions de création, suite à un décret. Dans cette nouvelle édition de notre rubrique « Espace Culture » consacrée au jeu–concours Brasov, nous vous invitons à écouter les propos du professeur Nicolae Daicu, président de la filiale locale de l’Union des Plasticiens.
Pour mieux saisir l’évolution du phénomène artistique dans la contrée de Brasov, nous allons commencer par évoquer une date : 1949. Notre interlocuteur en explique les significations:
« Ce fut une excellente période pour tous les ateliers de création. Des commandes sociales, il y en avait, certes, mais elles n’arrivaient pas à ôter à l’artiste le plaisir de donner la mesure de son talent dans son domaine de prédilection : écriture, art théâtral, pictural et ainsi de suite. Autrement dit, les artistes parvenaient à maintenir un certain équilibre entre obligations envers le pouvoir en place et joie de l’âme. On distinguait donc entre l’art pour l’art, celui que le créateur se réservait à lui-même, et l’art pour le régime politique, où les dérapages étaient de mise. Ce dualisme art à thèse – art pour l’art perdure donc depuis une soixantaine d’années. C’est à cette même époque que l’on voit naître de grands noms, tels Mattis Teutsch, Dinu Vasiu, issu, lui, d’une famille de peintres renommés, Zina Blànutà – disciple de Nicolae Tonitza. Certains d’entre eux, formés aux écoles d’élite de Vienne, Berlin, Bonn ou Budapest, ont laissé leur empreinte indélébile sur l’évolution de l’art plastique ».
La filiale de Brasov de l’Union des Plasticiens ne compte que 54 membres. Un nombre réduit par rapport aux 6 mille créateurs que compte l’Union à l’échelle nationale. Sur ce total, la capitale s’adjuge, elle, 3 mille, dont 2 mille plasticiens. Nous repassons le micro au professeur Nicolae Daicu:
« Les peintres sont les plus en vue. Ces artistes, qui passent parmi les plus agréés partout dans le monde, arrivent plus aisément à vendre leurs œuvres. Quant à la section sculpture, s’agissant d’un art plutôt conservateur, elle est la moins nombreuse. Je pense qu’en fait tout relève de la formule primordiale. L’on a besoin des outils spécifiques, d’un atelier spacieux et bien équipé et de beaucoup d’énergie physique et créatrice ».
Par ces temps de crise financière, l’art se vend de moins en moins bien. Les acheteurs, médecins ou avocats pour la plupart, on les compte sur les doigts d’une main, affirme notre interlocuteur. Pourtant, la filiale Brasov de l’Union des Plasticiens organise quelque 25 expositions annuellement :
« Les participants sont, pour l’essentiel, des artistes de Brasov et des environs. Des fois, nous avons eu aussi des invités de Bucarest ou bien de l’étranger, par exemple du Luxembourg, de Hongrie ou de Pologne. Par ailleurs, nous organisons des expositions commémoratives. Enfin, ce serait aux musées de rendre hommage aux artistes ayant quitté ce monde et non pas à notre Union, dont la vocation est de promouvoir les artistes de leur vivant ou les jeunes talents. Enfin, bref, nous avons réussi à serrer les rangs. Nous sommes peu nombreux, mais bons. »
Le sculpteur Nicolae Daicu excelle dans la technique dite de la cire perdue, qui rend plus visible la touche personnelle du créateur. Il opine que :
« Bien des ouvrages travaillés dans la technique de la cire perdue sont très ciselés, voire luisants, comme ceux de Brancusi, par exemple. Moi, je choisis la variante romantique, qui me permet de faire vivre la terre glaise. Tous les artistes ne tiennent pas à ce détail de qualité. Je suis d’avis que les volumes doivent absolument être expressifs et agencés de manière à faire alterner petits et grands volumes, espaces creux et pleins. Une fois la voie trouvée, vous sortez de l’anonymat ».
La filiale de Brasov de l’Union des Plasticiens de Roumanie célèbre cette année son 60e anniversaire. Pour marquer cet événement, elle envisage de sortir un catalogue. Entre temps, des expositions attendent leurs visiteurs. Prenez donc part au jeu-concours de RRI. Même si vous ne remportez pas le grand prix, vous avez toujours la chance d’entrer en possession d’une création des plasticiens de Brasov. Vous n’avez qu’à répondre correctement au questionnaire. Bonne chance ! (aut. : Daniel Onea, Eugen Cojocariu ; trad. : Mariana Tudose)