Dans son roman Je viens d’ailleurs, Chahdortt Djavann raconte l’histoire d’une petite fille de douze qui doit lui ressembler étrangement, qui devient une jeune fille au moment où, en Iran, les islamistes versent le sang au nom d’Allah et traitent les femmes comme leurs animaux et même peut-être pas si bien. un réquisitoire contre tous les intégrismes.
« On me demande souvent d’où je viens. Cette question, je me la suis posée à mon tour, et ce livre est ma réponse. Je viens d’où je parle, je viens d’où je regarde. Je viens d’ailleurs. » Cette petite fille, elle pourrait être elle, Chahdortt Djavann, petite Iranienne d’une douzaine d’années qui rencontre l’histoire, celle qui s’écrit avec du sang et des larmes, un jour de 1979 quand les « pasdaran », les commandos islamiques surgissent dans son lycée et massacrent les élèves révoltées contre la dictature mise en place par le régime islamique.
Je viens d’ailleurs de Chahdortt Djavann : le livre de la révolte
Chahdortt Djavann raconte dans ce petit livre et en quelques scènes la vie d’une gamine qui devient une jeune fille sous ce régime qui écrase le peuple et surtout les femmes qui sont ramenées à l’état animal, vouées à la procréation d’enfants, mâles de préférence. Ces années « elles m’ont appris que pour survivre il fallait renoncer à vivre ». Après les années lycée et la révolte, viennent les années d’étudiante et la soumission, le temps de l’exil et le retour pour trouver le vide, la culpabilité d’avoir échappé à ce monde, le désespoir, la résignation et un énorme gâchis.
C’est un livre de la révolte, de la douleur mais jamais de la résignation ni de la haine, c’est aussi un acte d’amour de Chahdortt Djavann envers le pays qu’il l’a reçue et qu’elle a aimé. « Cette langue a accueilli mon histoire, mon passé, mon enfance, mes souvenirs et mes blessures. Cette langue m’a accueillie. Elle m’a adoptée. Je l’ai adoptée. Mais, quels que soient nos efforts mutuels, les vingt-quatre ans que j’ai vécu sans elle laisseront à jamais une lacune en moi. »
Chahdortt Djavann nous emmène dans sa douleur et dans sa révolte avec l’émotion, la douceur et la dignité qu’elle doit peut-être à la pratique de la langue perse qui se prête si bien à la poésie, mais qui n’altère en rien la puissance du témoignage et l’indignation qui envahit le lecteur qui croit ressentir jusqu’au fond de sa chair, toute cette violence gratuite et stupide répandue au nom d’un soi-disant dieu qui aurait été bien peu recommandable pour imposer un tel traitement à des âmes aussi innocentes. Un réquisitoire implacable contre tous les intégrismes qui envahissent notre monde.
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Pour en savoir plus sur Chahdortt Djavann:
une grande dame de culture , une philosophe de qualité qui met à l’honneur notre langue, super interview
Vu mon rythme de lecture, j’ai un peu honte d’avoir mis plus d’un an pour arriver enfin à ouvrir ce livre, mais depuis que je l’ai entamé, je ne le lâche pas. La langue est directe, juste, bien écrite … Le récit est intéressant et jusqu’à présent (page 130), j’ai toujours apprécié la tension, les images qui font ressortir la difficulté de la vie sous la direction des mollahs. Bien que je n’ai pas encore terminé, le chapitre qui m’a le plus marquée est celui consacré à la petite. Hélas, le sort n’aurait pas été différent dans bien des pays du monde, islamistes, mais pas forcément, quand on y réfléchit. Quel est le chapitre qui t’a le plus touché?
C’est un petit livre qui se lit très rapidement mais qui laisse une belle empreinte.
Je viens de le commander … Je lis hélas très lentement pour répondre à toutes les lectures que tu nous suggères, mais dès que j’aurais terminé Geisha de Liza Dalby (à lire absolument pour qui a envie de découvrir l’univers des saules et des fleurs avec un mélange de récit, de témoignages et d’informations issues de sa thèse), je vais m’attaquer à ce livre de Djavann…
Un témoignage fort le sort des femmes dans l’Iran des ayatollahs.
Auteure de plusieurs livres à méditer dans le contexte actuel !
son roman la muette est aussi un livre poignant