Sur les chemins de Compostelle : Du cap Finistère aux brumes de Galice … Un voyage émouvant et très particulier dans le Nord de l’Espagne sur les pas de Armelle Barguillet Hauteloire…
Au Dyc, les idées s’échangent, les projets s’échafaudent grâce aux expériences de croisière déjà vécues ensemble. Ce sera le cas des équipages de Ma Banga et de Sun Chris qui souhaitent partager une équipée lointaine. Notre choix s’étant porté sur l’Espagne, dont le charme des côtes de Galice nous avait été vanté, nous décidons, d’un commun accord, de l’envisager pour le mois d’août 2005.
Il est impossible de résumer en quelques lignes trente jours d’un journal de bord où seront consignées de multiples impressions et anecdotes, mais on peut essayer de faire partager quelques-uns des moments forts qui ont marqué ce qui peut prendre la forme d’un pèlerinage à St Jacques de Compostelle – lieu de rassemblement depuis la nuit des temps – par mer.
Mais, dès le lendemain, après une nuit de récupération, nous reprenons la mer en direction de Bayona, le point le plus au sud de notre périple, où nos amis de Ma Banga – partis une semaine avant nous – nous attendent. Nous allons, pendant quelques heures, manœuvrer pour arrondir les pointes d’une côte hérissée de caps et dépasser le plus mythique d’entre eux le Cabo Finisterre que nous apercevons chapeauté d’une brume violette. Bientôt un épais brouillard nous enveloppe et le vent s’oriente ouest nous obligeant à remonter au près, ce qui accentue l’impression de fraîcheur et d’humidité.
Désormais nous ne distinguons plus rien à dix mètres et évoluons dans une atmosphère réduite et cotonneuse. L’eau a pris une teinte grise. Sommes-nous en Ecosse ou en Irlande ? Contraste saisissant après la chaleur du jour. Le spectacle le plus inattendu nous est offert par un ballet de dauphins, sautant, se frottant contre la coque, nous devançant parfois à la pointe de l’étrave. Puis la nuit s’installe, ne nous laissant plus deviner que le pinceau des phares trouant la brume ouatée.
Au lever du jour de ce lundi 8 août, la mer est calme, l’air doux et c’est sous un ciel enfin bleu que se profile un cirque posé dans l’écrin des montagnes qui le ceint, Bayona. A l’approche de la Marina, le panorama ressemble à un immense lac d’Annecy entouré de sommets, dont on aurait adouci les cimes. Deux silhouettes font de grands gestes au bout d’un ponton : Martial et Françoise viennent prendre les amarres, il est 10h30.
Après la visite de la vieille cité bâtie sur le roc, que Gustave IX fit édifier pour protéger la population des incursions et des razzias des barbaresques qui, à l’époque, écumaient la Méditerranée et se risquaient jusque sur ces côtes pour y trouver, par le pillage, butins et trésors. Le surlendemain nous nous rendons dans le pittoresque archipel des îles Ciès posé sur des eaux comparables à celles des plus beaux lagons des mers coralliennes, dont le calme flot vient franger des plages blanches, où ne manquent que quelques cocotiers penchés.
Après les belles Ciès, ce sera le petit port de Muros où nous passerons une soirée dans un agréable restaurant à tapas, en écoutant une trentaine de musiciens et chanteurs nous offrir un véritable récital de musique celtique digne du festival de Lorient, preuve de l’ancrage des Celtes sur cette terre atlantique. Le lendemain sera consacré à St Jacques de Compostelle, cité de pierre d’où surgissent les flèches des églises et des cathédrales, toute une architecture flamboyante et baroque. Le clou est assurément la place de la basilique et l’imposant parador des rois catholiques. En ce 15 août, hélas ! on se croirait au Mont Saint-Michel. Même affluence, mêmes crépitements des flashs, si bien qu’au retour Muros nous semble pareil à un coquillage endormi au bord de ses vagues.
A quelques jours de là, le temps est venu de nous séparer de deux de nos équipiers qui regagnent la France, tandis que, de conserve avec Ma Banga, nous nous acheminons vers le dernier port du continent espagnol au nord de la Galice : Camarinas. Nous pensions effectuer une ballade côtière touristique par temps de demoiselle, mais l’euphorie sera de courte durée, car plus nous approchons du cape, plus la mer se creuse et nous nous retrouvons très vite dans un phénomène de ras, bassine agitée nous gratifiant de quelques magistrales douches et vagues brutales qui emportent le sac du genaker avec sa voile.
Puis, en levant la tête, nous constatons que, sur la deuxième barre de flèche, le réflecteur radar a disparu. Coup de barre à bâbord pour nous dégager sur un long bord, le vent étant monté de 15 à 28 nœuds, soulevant une mer très hachée sous un ciel d’or. On imagine sans peine ces parages par force 8 ou 9. Le « cabo Finisterre » est fidèle à sa réputation.
Pendant trois heures, nous ressentirons les effets pour, à l’approche de Camarinas, nous glisser dans la Ria, golf aux eaux sereines, étreint par de majestueuses montagnes. Cette aventure galicienne sera scellée par un bon repas avec nos amis de Ma Banga dans l’unique auberge du port, qui fait également office de yacht-club. Il y aurait beaucoup à dire sur le retour, mais si l’espace du grand large est infini, celui de la revue de notre DYC ne l’est pas et la page a vite ses limites. Laissons donc aux lecteurs la faculté d’imaginer ce bonheur, que beaucoup connaissent et partagent, de l’intimité avec la mer, des nuits balisées d’étoiles et des jours passés à négocier avec le vent et la longue houle de l’Atlantique.
Yves BARGUILLET
Cet article est paru dans » LE CARNET de BORD » du Deauville Yacht Club 2005-2006.
bonjour
je souhaiterais avoir quelques idées pour un voyage en Galice
merci pour vos conseils.
Claude
Elles viennent d’un site qui les protège (ce sont des systèmes de code pour éviter les reprises par copier coller), du coup, elles disparaissent… (hélas) ce qui suppose que je vais devoir les mettre sur le site manuellement et les réinsérer!
Que se passe-t-il avec les photos ? C’est la même chose avec l’article sur Haïti.