Eux aussi arborent des couleurs : celles des petites compagnies ou coopératives auxquelles ils appartiennent: rose, rouge, jaune vert…Ensuite, ils sont nombreux. Partout. Toujours. A n’importe quelle heure. Un énorme avantage sur Paris, mais un avantage qui a ses inconvénients, car le Département du transport (Land Department Transport : TDT) ne parvient plus à les contrôler, et le nombre de plaintes pour toutes sortes d’abus et de crimes n’a cessé d’augmenter (comportement désagréable, compteurs trafiqués, conduite dangereuse, choix délibéré de longs parcours, et risque d’être largué n’importe où sauf à l’endroit demandé… plus quelques horreurs comme : vols, viols et extorsion de fonds sur des touristes étrangers). Bouddha merci ! Je n’ai expérimenté que la conduite dangereuse. Enfin presque !
Ça commence à l’entrée du soï où se trouve mon hôtel et qui débouche sur l’Avenue Langsuan (litt. « Derrière le jardin »). Cette avenue est en sens unique, la circulation y est donc rapide. Je hèle un de ces taxis qui se trouve être dans la file opposée à celle proche de mon trottoir. Aussi sec, il débouche, sans prévenir et coupe la circulation pour venir s’arrêter à ma hauteur. J’admire l’indifférence zen des autres conducteurs. Pas un coup de klaxon. Pas un seul doigt d’honneur (tout le monde roule vitres fermées à cause de la clim, donc pas le temps de baisser la vitre.. mais ce n’est pas dans la nature ni dans la culture des thaïs. S’ils s’adonnaient à cette pratique il y aurait des morts tous les jours sur la chaussée). Ensuite, ma vie est livrée au kamikaze, rouge, rose, jaune ou vert.
Ils sont 80 000 dans la capitale, alors que le TDP avait limité leur nombre à 13 500 en 1992. Comme la population augmentait, le gouvernement a cédé à la pression et levé la limite. 80 000 taxis enregistrés dont 60 000 en constant mouvement pour trouver des passagers. En principe, ces conducteurs doivent avoir un permis, avoir plus de 25 ans, et connaître le code. Quel permis ? Quel code ? En Thaïlande, la route appartient au plus malin, au plus rapide… et finalement à celui qui a la plus grosse voiture, c’est bien pour ça qu’ils achètent tous des engins 4×4 avec pare-buffles pour protéger leur pare-chocs. La route, c’est aussi le complément de salaire des policiers… mais ceci est une autre histoire.
Bref, j’ai pris 12 ou 15 fois des taxis durant mon séjour, j’ai eu peur les 15 fois. Un chauffeur a voulu me conduire à Nongsuan alors que j’articulais bien Langsuan (va savoir où se trouvait ce quartier !), et un autre m’a fait faire le tour de la ville à cause de prétendus embouteillages (ici on dit « rot tit » : « voitures collent ». On dit bien « traffic jam » en anglais. Quel rapport avec la confiture ? Et « embouteillage » en français. Quel rapport avec les bouteilles ? C’est finalement plus logique en thaï).
Etre piéton a aussi ses risques : j’ai failli me faire écraser deux fois en traversant à un carrefour, j’ai failli tomber dans une bouche d’égout mal fermée, j’ai failli tomber une fois avec mon appareil photo en pare-chocs, et j’ai failli me tordre la cheville au moins trois fois sur des trottoirs déglingués.
En contre partie de ces inconvénients, les taxis de Bangkok sont les moins chers du monde et ils sont les seuls à conduire avec autant d’adresse et de sang froid « (jaï yen yen ») dans une circulation aussi démentielle.
Demain, à Chiang Mai, il va falloir que je réapprenne à négocier avec les conducteurs de « tuk-tuk » et de « sawng thaeaw » (camionnettes rouges à deux bancs) qui, eux, n’ont pas de taxi-meters.
Et puis si vous voulez faire mourir de rire votre chauffeur et obtenir le prix désiré de votre course (ça marche à tous les coups avec moi, mais le sourire est indispensable), dites-lui : (le problème, c’est qu’il faut adopter le bon ton…) « Kham khi di kwaa kham thot ») Je ne donnerai la traduction qu’à ceux qui me la demanderont en particulier.
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