Chiang Mai se prépare pour Loy Khrathong, l’une des plus belles fêtes thaïes, une fête magique en l’honneur de la déesse des eaux dont l’origine remonte à l’époque Sukhothai. Une fête qui brille comme une petite lueur d’espoir dans le cœur des thaïs dans cette période plutôt sombre. Sombre pour l’industrie du tourisme naufragé.
Après les calamites politiques de 2008 à 2010 qui ont éloigné les touristes de Bangkok, les hôtels ont dû geler leurs prix pour être attractifs. Tout semblait aller mieux il y a quelques mois, alors ils ont réajusté ces prix de 8 à 10% afin de récupérer un peu de leurs pertes. Mais l’eau est arrivée.
Aujourd’hui, des millions de touristes ont changé leur destination ou simplement annule leur voyage en Thaïlande, La stabilité politique était revenue mais c’était sans compter sans ce déluge lent et inéluctable. Une nouvelle catastrophe pour l’industrie hôtelière et pour des dizaines de milliers de sans-emplois qui vont venir s’ajouter aux 660 000 (The Bangkok Post) qui ont perdu le leur après que des milliers d’usines et d’ateliers aient été inondés.
Comment redonner confiance aux touristes se demande le « Thaï Hotel Association » « La Thaï Authority for Tourism » TAT, aurait peut-être dû mieux communiquer afin de rassurer ces touristes du monde entier.
Il y a 40 ans, Sornkiri chantait sur des paroles du poète Paiboon Butrkhan (traduction approximative)
« Eh Fillette, tu dis qu’une inondation c’est mieux que la sècheresse »
« Moi je dis à la sécheresse viens, et à l’eau de ne plus monter »
« Cette année les pluies ont apporté la peur dans toutes les maisons »
« J’ai trouvé refuge sur le toit et maintenant mes larmes se mêlent à l’eau »
Merci à Kong Rithdee pour avoir rappelé les paroles de ce poète, comme une prophétie…
Le thème de l’eau revient dans presque tous les poèmes et a toujours été une source d’inspiration pour les thaïs. Je ne vous ferai pas la liste de tous les noms thaïs qui sont composés de « nam » (eau) Mais quand même je me fais un plaisir d’en noter quelques-uns, ceux que je connais en tout cas :
nam gneun : eau/argent = bleu
nam kaam : eau /désir = sperme
nam kheun man long « : eau monter, eau descendre = marée
mam nak : eau/lourd = fardeau
nam taa : eau/œil = larme
Les dictons siamois et le phrase exhalent une qualité beaucoup plus viscérale que les traductions en anglais ou en français en l’occurrence. Les vers traduits de Sornkiri donnent le « sens » mais pas la texture vernaculaire.
« Nous réalisons avec nostalgie que nous avons parcouru un long chemin depuis nos racines et l’époque où nos maisons étaient sur l’eau. Mais c’est tragique aujourd’hui de constater que ce qui a changé le plus, ce n’est pas tellement le climat, mais c’est nous »
Je n’ai jamais autant eu le cœur serré qu’en traduisant ces paroles du journaliste Kong Rithdee dans le Bangkok Post. Et surtout en lisant les previsions meteorologiques annoncant encore et encore de la pluie sur Bangkok dans les deux jours.
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