Comment faire de bonnes photos de voyage? Qu’est-ce qui fait qu’une photo est réussie? Nous nous sommes tous posé cette question un jour! Dans cet article, vous trouverez quelques conseils de base pour améliorer vos images.
Connaître les règles
Un chinois visite l’Europe. Au retour, un ami lui demande ses impressions : « C’était bien, mais il y a deux pays que je n’ai pas pu voir. Un matin, je me suis levé un peu tard. Lorsque je suis monté dans le car, il n’y avait plus de place à la fenêtre. »
Cette blague classique illustre la contrainte particulière qui pèse sur la photo de voyage : le temps. Car le voyageur dispose de peu de temps pour saisir l’atmosphère, choisir un point de vue, et décider de la composition. Avant de déclencher, il est donc indispensable d’avoir acquis quelques réflexes…
Dans cet article, nous allons explorer les règles de base de la composition. Pourquoi? Parce que c’est nous qui faisons les photos, ce n’est pas l’appareil! Comparez ces deux photos du même bâtiment. Et devinez laquelle a été prise avec un téléphone portable de 5 ans d’âge?
A droite, on voit très bien qu’il s’agit d’un fort. Toutefois, l’image est banale. A moins d’être un fan de Vauban, le regard n’a guère envie de s’attarder. En revanche, à gauche, plusieurs éléments attirent l’attention :
- On voit une rangée de pieux au premier plan: à quoi peuvent-ils bien servir?
- Un personnage se dirige vers le fort;
- La mer n’est pas bêtement bleue, mais d’un vert émeraude inhabituel;
- Enfin, le ciel sombre apparaît lourdement menaçant, en contraste avec la clarté du sable.
Une bonne photo de voyage réunit plusieurs caractéristiques :
- sa composition guide la lecture: ici, les pieux du premier plan, la surface de la mer, la ligne d’écume des vagues, le découpage du ciel… il faut éviter le fouillis!
- elle permet de comprendre sans effort ce qui est représenté, de situer son environnement;
- elle donne envie d’explorer l’image;
- et enfin, elle fait ressentir une atmosphère particulière.
C’est aussi un impératif pour réussir un joli livre photos, un cadeau ou souvenir de voyage personnalisé, car les normes demandées sur les plateformes proposant ces services sont assez élevées pour garantir une bonne qualité du rendu.
Et maintenant, une photo ratée!
Ce gentil paysan chinois voulait absolument nous faire goûter aux poires de son jardin. Malheureusement, on ne les voit pas sur la photo! Derrière lui, une maison assez belle, mais qui semble posée sur sa tête. De plus, j’ai coupé la tête de son épouse, ornée d’une remarquable coiffure. A l’arrière-plan, les toits du village forment une courbe harmonieuse… que j’ai malencontreusement massacrée, la faute au treillage du premier plan. Tout en haut, au milieu, un bout de feuille parasite. Enfin, les rizières ne sont pas mises en valeur.
Les règles fondamentales de la composition
Depuis Léonard de Vinci jusqu’au Bauhaus, de nombreux artistes ont étudié les techniques de la composition. Ils ont mis en lumière (si j’ose dire) ce qui fait que l’être humain trouve une image plus ou moins harmonieuse. A ce titre, vous connaissez sans doute le nombre d’or (égal à 1,62) qui fixe les proportions idéales entre les deux dimensions de l’image.
Précision importante : il ne s’agit pas de règles immuables. Ce sont plutôt des guides, des repères, qui fonctionnent dans la plupart des cas. Il faut savoir s’en affranchir lorsque le sujet s’y prête… mais pour cela, il faut d’abord les maîtriser!
La règle des tiers
Pour l’appliquer, c’est très simple: placez les éléments importants de vos photos au tiers de l’image. Ci-dessous, dans cette image épurée, ces éléments sont l’horizon et le panneau de signalisation:
J’ai positionné le panneau au tiers droit, car la piste tourne vers la gauche. Le regard suit la piste, et découvre d’autres panneaux au loin, soulignant l’immensité de ce désert. Pour cela, j’ai choisi de placer l’horizon au tiers le plus bas, afin de laisser les deux tiers restants au ciel. Par chance, il était très nuageux, ce qui renforce le sentiment d’infini.
Le panneau sert aussi à capturer l’attention, à intriguer, et à donner un indice. L’oiseau ressemble à une autruche, mais la langue est l’espagnol. Donc, nous ne sommes ni en Australie, ni en Afrique du Sud.
La règle des tiers découpe le cadre de l’image en 9 rectangles égaux. Souvent, les éléments majeurs de vos photos seront des points, et non pas des lignes. Dans ce cas, placez-les aux intersections des lignes des tiers, comme sur le schéma ci-contre.
Utiliser les lignes
Les lignes sont le moyen le plus simple de structurer l’image. Les horizontales restituent un sentiment d’équilibre et de stabilité : elles rendent l’atmosphère paisible. Les verticales et les diagonales sont plus dynamiques, elles peuvent aller jusqu’à transmettre des sentiments d’inquiétude.
Dans la photo ci-dessus, les lignes verticales des pieux forment une première structure. Celle-ci paraît un peu fragile, en équilibre précaire. Ensuite, la passerelle guide naturellement le regard dans le sens de lecture, jusqu’à faire deviner le filet suspendu à son extrémité. La diagonale est la ligne la plus dynamique : je me suis placé à droite pour qu’elle « monte », afin d’accentuer encore cette impression. Enfin, les deux rectangles bleus sont disposés selon la règle des tiers.
Sur cet autre exemple, j’ai utilisé la ligne arrondie, descendante, de l’amphithéâtre. J’ai opposé la douceur de la courbe à l’aigu du clocher. En outre, j’ai incliné le clocher, pour suggérer un dialogue complice entre ces deux monuments, par delà les siècles:
Un autre exemple de structuration de l’image poussé à l’extrême grâce aux lignes. En sus, j’ai utilisé ici le pouvoir quasi-hypnotique de la répétition du motif, cher à Warhol:
Ci-dessous, les lignes des toits forment une structure un peu plus complexe, que le regard prend le temps d’explorer. En contraste, pour ajouter une note d’humour, j’ai inclus le toit métallique en forme d’œuf. Ma meilleure photo de la cité interdite… est celle que j’ai prise de l’extérieur!
Soigner le premier plan
Réfléchissez à votre premier plan. En particulier, essayez de ne pas le laisser vide, sauf si le sujet l’impose. Comparez les deux photos ci-dessous :
Au premier plan, une grande étendue déserte. Une plage. Bof…
En revanche, sur cette autre version, deux manchots occupent le premier plan. Ils invitent à explorer les buissons: on comprend qu’il s’agit de nids, on découvre d’autres manchots… en continuant l’analyse, on devine toute une colonie sur la plage. Les aviez-vous décelés sur la première photo ?
Utiliser un personnage
Les personnages apportent beaucoup aux photos:
- ils constituent un point d’attention qui attire l’œil,
- ils guident la lecture: spontanément, on suit la direction de leur regard,
- dans un paysage, ils forment une ligne verticale qui vient en contrepoint des lignes horizontales,
- ils donnent l’échelle.
Comparez ces deux photos:
Autre avantage: souvent, le lecteur s’identifie inconsciemment au personnage. On aimerait bien être à sa place!
Petite astuce : lorsque vous utilisez un personnage, laissez de l’espace dans la direction de son regard. Ici, la vache regardait vers ma gauche, je l’ai donc cadrée à droite:
Utiliser la couleur
La couleur est l’autre moyen de structurer vos photos. Les zones colorées constituent des surfaces, dont le photographe tire parti pour obtenir une meilleure harmonie.
Pour commencer, il existe trois couleurs primaires. Elles suffisent à fabriquer toutes les nuances visibles par l’œil humain. Il existe plusieurs systèmes de couleurs. Le plus pratique, celui des peintres et des artistes, repose sur le bleu, le rouge, et le jaune.
Une première harmonie consiste à utiliser deux couleurs primaires, comme ci-dessus. En complément, la théorie de la couleur nous donne une autre règle: plus une couleur est vive, moins elle doit prendre de place. Ainsi, les portes de cette boutique, en rouge vif, occupent moins de surface que les murs, d’un bleu très profond. L’inverse (mur rouge et portes bleues) donnerait une impression toute différente.
Les contrastes de couleur
Lorsque l’on mélange deux couleurs primaires, on obtient les couleurs secondaires, c’est-à-dire orange, vert, et violet:
Une harmonie classique consiste à associer une couleur primaire, avec la couleur secondaire qui lui est opposée sur le cercle. Ceci donne une image équilibrée. En effet, on observe facilement qu’en présence d’une couleur donnée, notre cerveau fabrique automatiquement la couleur opposée. Vous avez déjà fait cette expérience: fixez un petit cercle rouge intensément pendant une minute, puis pointez le regard sur un mur blanc. Vous verrez apparaître un cercle vert de même diamètre. Voici deux exemples de ces contrastes:
J’aime bien le contraste violet/jaune, un peu moins fréquent. Il donne une ambiance délicate, un peu irréelle:
En revanche, si vos photos ne comportent que des couleurs adjacentes, cela donnera un résultat plus tranché. Par exemple, rouge+jaune+orange est exotique, donne une impression de chaleur: on les appelle les couleurs chaudes. A l’inverse, les trois autres sont des couleurs froides, les associer restituera un sentiment de fraîcheur.
A mon humble avis, pour les photos de voyage, mieux vaut éviter de faire de la couleur pour elle-même. Sinon, on aboutit vite à de l’art abstrait, minimaliste. Une image vide d’information, vite ennuyeuse, et qui pourrait être prise n’importe où.
Pour aller plus loin
Pour finir, en mélangeant encore nos 6 couleurs, nous en obtenons 6 nouvelles: les couleurs tertiaires (ci-contre). Ce qui donne d’autres harmonies. Malheureusement, il me faudrait 10 articles pour les épuiser! Pour en savoir plus, je vous conseille la lecture de ce papier. Écrit par un graphiste, il explique les différents systèmes de couleurs. Et surtout, il donne des exemples d’associations, avec l’impression qui en résulte: https://esna.cscmonavenir.ca//files/2011/10/theorie_couleur.pdf
Les couleurs ont aussi leur symbolique. Comme vous le savez, elle dépend de la culture : par exemple le blanc est la couleur du deuil en Inde, mais pas en France, bien au contraire. Certains photographes associent le vert à l’échec, le bleu à la mélancolie, le rouge au sexe… pas sûr que cela fonctionne toujours et pour tous!
Cadrer serré
Très souvent, quand on photographie un monument, on cherche à le faire tenir entièrement dans le cadre. Cela donne souvent des photos banales. Au contraire, n’hésitez pas à sacrifier une partie du bâtiment! Vous obtiendrez une atmosphère plus intéressante:
En cadrant serré, j’ai voulu montrer combien la cathédrale écrase les habitations de toute sa masse. Ainsi, la photo donne à la fois l’idée de protection, mais aussi de domination, renforcée par l’utilisation de la lumière: les maisons sont dans l’ombre. Les pros appellent ceci un contraste clair-obscur.
Choisir le bon appareil
Bien évidemment, le cadrage serré implique de se rapprocher de son sujet, ou mieux, d’utiliser un téléobjectif. On peut faire de très belles photos avec un Smartphone, mais ces appareils ont encore quelques limites. Alors, si vous avez besoin de conseils pour choisir votre appareil, cliquez sur ce lien !
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