Rochers escarpés au profil troublant et fantastique, terre jaune quasi factice, arbres feuillus qui rappellent ceux de Cranach, villes lointaines semblant sortir de nulle part, personnages cocasses qui rappellent ceux de Bosch, plans d’eau dessinant des courbes dans le lointain, ciels liquides… voilà les éléments qu’on retrouve dans les tableaux de Joachim Patenier (ou Patinir).
Les personnages sont si petits qu’ils laissent toute la place au paysage.
Les paysages de ce peintre sont délicieux pour les dégradés de vert et de bleu qui étendent l’espace à l’infini.
L’élément dont la présence est la plus forte est ce monument mégalithique imaginaire et comme incliné sous la poussée d’un vent antédiluvien. De la végétation pousse dans ses creux. Son sommet, semblable à une tête statufiée, m’évoque un gardien effaré dominant un paisible panorama du pays anversois. Sur le flanc, une grotte permet d’abriter saint Jérôme.
Joachim Patenier – Saint Jérôme – vers 1516
Peinture à l’huile, Musée du Prado, Madrid
Sensibilité contrastée dans cette toile où les aspérités du rocher contrastent avec le velours sombre des arbres. Où la densité urbaine des villages miniatures tranche avec l’étendue métaphysique des surfaces d’eau transparente. Où l’horizontalité du paysage flamand contraste avec ces rochers qui s’élèvent vers le ciel.
Opposition, enfin, entre une chronique du quotidien à travers les minuscules personnages disséminés dans le paysage et l’atmosphère générale, onirique et irréelle.
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