D’un monde à l’autre : Adopter un monde, adopter le monde… Quand un petit garçon africain part à la recherche de ses origines: une invitation à la découverte des différentes cultures et civilisations du monde entre le Grand Nord et la Polynésie. Cette bande dessinée oscille entre conte philosophique et balade ethnologique. Un voyage entre émotions et une une multitude d’objets qu’offre ce livre délicat et plein d’humanité.
D’un monde à l’autre est un album qui m’a beaucoup touchée et beaucoup émue. D’ailleurs, ce n’est qu’aujourd’hui que je parviens, enfin, à prendre du recul et poser des mots sur le flot d’émotion qui me happa à la lecture.
Litterature de jeunesse – Bande dessinée
Le narrateur est un jeune garçon qui lors d’un dimanche en famille, à la campagne, chez ses grands-parents, se fait une joie d’explorer la caverne d’Ali Baba qu’est le bureau de son grand-père. Ce dernier a rapporté de ses voyages autour du monde une multitude d’objets que le jeune garçon ne se lasse pas de regarder et de se faire expliquer. Mais ce qui le fascine plus que tout c’est la mappemonde de son grand-père, mappemonde départ d’une grande question sur ses origines: le jeune garçon est d’origine noire africaine tandis que son grand-père est blanc. Quel grand, quel immense voyage a-t-il fait, lui, le jeune narrateur avant de venir ici?
Le grand-père gâteau, le prend sur ses genoux et lui raconte la nuit des temps, le temps du nomadisme, mais surtout une coutume que de nombreux peuples sur terre pratiquent: l’adoption. « Tu sais, l’adoption est une tradition vieille comme le monde! Elle existe depuis plusieurs centaines d’années et se pratique sur tous les continents, même dans le Grand Nord, chez les Inuits qu’on appelle aussi les Esquimaux. »
Il lui raconte les prénoms donnés en souvenir de la famille naturelle et celui donné par la famille qui accueille, il lui raconte la Malaisie où « il arrive qu’une famille confie l’un de ses enfants à un couple qui n’en a pas. Mais avant que le petit ne parte vivre chez ses nouveaux parents, il doit avoir goûter au lait de sa première maman. C’est comme ça, dit-on, qu’un lien invisible les unit pour toujours. » Le flot des paroles du grand-père embarque son petit-fils dans une immense rêverie où les couleurs se mêlent et où les enfants tout en étant semblables à lui, ne lui ressemblent pas.
Une question, grave, émerge: ce doit être difficile de se séparer pour toujours de son enfant, non? La réponse du grand-père est absolument merveilleuse: « La vie a beaucoup d’imagination, tu sais, elle écrit des histoires douces et amères, à la fois pleines de sourires et de larmes, souvent mystérieuses. A nous de les comprendre et de les vivre! »
Les passages d’un monde à l’autre sont incessants et multiples au coeur de nombreuses familles, quelque que soit l’endroit où elles vivent.
« D’un monde à l’autre » est un album tout en émotions et en finesse où l’interrogation suscite une richesse d’histoires, une multitudes de réponses à un même manque….celui d’un enfant dans un foyer. Il explique, avec des mots simples et tendres, qu’accueillir une vie est aussi fort que de donner la vie, qu’être enfant adopté est aussi fort qu’être un enfant naturel….l’amour d’une mère est universel et unique pour l’enfant qu’elle borde et embrasse le soir dans son lit.
Un album délicat, sobre et d’une immense humanité! On en vient à regretter une chose (essentielle)….que nos sociétés, dites modernes, compliquent à l’infini un acte qui est pourtant naturel: l’accueil d’un enfant qui n’est pas le sien!