« J’ai toujours eu envie d’écrire un livre qui parlait des choses que je vois en Amérique. Si j’avais pu écrire un livre capable de tuer l’Amérique, je l’aurais fait. Je croyais que j’allais y passer toute ma vie. J’ai adoré. Je veux dire, ne serait-ce que pour le nouveau échantillon d’hommes là-bas ! [Rires] Bon sang, qu’ils sont sexy ! Mais les européens sont presque écrasés par le poids de leur histoire. Au moins, nous avons la liberté d’inventer à notre guise. »
David Wojnarowicz serait-il sans limite ni tabou? Vagabond, marginal, débauché, artiste maudit, Wojnarowicz est tout à la fois. Mais il est avant tout un homme rempli de faiblesses, pleinement conscient de celles-ci, dont la plus grande fut son mélange de lucidité et d’idéalisme quand il pensait que ses mots, ses images pourraient influencer les mentalités dans le sens d’une plus grande tolérance à l’égard de tous ceux qui font peur aux bien-pensants, homosexuels, malades du sida, dépravés sexuels, toxicomanes, mis aux bans de la société !
« La nuit en songe je rampe sur des pelouses fraîchement tondues, je contourne les statues et les chiens et les voitures qui surveillent votre geôle. Je m’introduis dans vos maisons par les plus infimes fissures des briques qui vous procurent un sentiment de confort et de sécurité. Je traverse vos salons et grimpe vos escaliers et pénètre dans vos chambres à coucher. Je vous réveille pour vous raconter ce qui m’est arrivé lorsque j’avais dix ans, un jour que je rôdais autour de times square à la recherche d’un homme qui se coucherait sur moi pour me prodiguer les câlins et les baisers dont ma mère et mon père me privaient. Je me suis fait accoster par un type qui m’a emmené dans un coin reculé le long des quais et m’a roué de coups tant il avait peur des pulsions ardentes enfouies dans ses entrailles. J’aurais aimé l’étrangler mais mes mains trop petites ne pouvaient faire le tour de son cou. Je vous réveillerai pour vous accueillir dans votre cauchemar. » Accepter le plongeon peut s’avérer dérangeant : comme toute incursion dans un univers parfois abject, il faut rester conscient du risque inhérent à la rencontre : on ne peut en sortir indemne.
David Wojnarowicz, l’humain irrécupérable?
Pour celui qui a oscillé d’un art à l’autre, qui a mis son amertume, son âme et ses démons dans ses peintures, ses photographies, ses sculptures et ses écrits, la vision de la Vie était celle d’un monde irrécupérable où tout n’était que tentative pour repousser artificiellement ou réellement les limites du possible, du dicible et du ressenti. Sa littérature n’est qu’une voix forte, libre, fiévreuse qui ne recule devant rien, malgré ses paniques intérieures, ses défaites prévues d’avance, ses hasards faits de drogues multiples, de prostitution occasionnelle, de comportements homosexuels à risque à l’heure où le sida décimait par dizaines de milliers, les Américains de cette « communauté », de débordements insidieux et de passagers dont on sait, après la rencontre, qu’on en connaîtra rien de plus qu’avant de s’être lancé dans l’aventure. Pour rien? Tout a nourri son oeuvre riche de douleurs, de doutes et de questionnements intimistes qui sont aussi un condensé des affres de notre temps, de nos mentalités et de notre société…
« Mes souvenirs les plus forts sont toujours liés à des images puissantes, des images avec lesquelles je me laisse dériver, que je n’oublie jamais. Il y a des années, un camionneur m’a dit que l’une des choses les plus intéressantes au monde, c’était conduire un camion parce que tu es tranquillement installé sur un siège, et tu es seul. Tu es abrité par la structure du véhicule, mais en même temps le paysage change constamment. C’est presque un état parfait, tu flottes sur un paysage tout en te reposant. J’adore ce sentiment que l’on éprouve en conduisant, sauf quand l’activité mentale devient très, très intense. Ton cerveau se met à bouillonner. Et tout devient très sexuel, très sensuel. Tu te mets à peupler ta voiture d’hommes. […]
Une partie de ma sexualité a toujours été fantasmée, ou se situe dans ces pratiques sexuelles anonymes. C’est une chose que j’ai adorée, en grandissant pendant les années 70, le fait de pouvoir me rendre dans les entrepôts de temps en temps, ou dans les parcs, ou dans le métro, ou dans un train qui va à Brooklyn, à 4 heures du matin. Je projetais sur le mec avec qui je couchais une biographie créée de toutes pièces, la somme totale de mes désirs. Ça pouvait être la courbe de son cou, un geste, la façon dont il allumait sa cigarette, la façon dont la lumière nocturne de la rue baignait son visage, ou dont son pantalon tombait sur ses hanches. Je projetais cette bio sur chacun d’eux, et jouais avec ces éléments, en m’appuyant sur la réalité physique du rapport sexuel. Une fois que mon diagnostic a été posé, j’ai dû repenser la façon dont je voulais vivre ma sexualité – je veux dire, tu peux exprimer ta sexualité pleinement sans nécessairement avoir une bite dans la bouche, ou dans le derrière. Il existe tout un champ d’expression sexuelle que je peux décliner avec autrui. […] Certains pensent que lorsque tu apprends que tu es séropositif, tu deviens tout à coup une maladie ambulante, ou que tu attends la mort sans rien faire, que ta vie est en suspens. […] Malgré l’épidémie, les gens continuent à avoir des relations sexuelles, autant qu’auparavant.
J’ai connu des mecs de trente, quarante ans. J’ai toujours dit que j’avais fait ma crise de la quarantaine quand j’avais seize ans. Parce que je traînais avec des types plus âgés qui me ramassaient à Times Square. Et je connaissais tellement bien leurs mécanismes mentaux que je pensais ne jamais traverser ce qu’ils traversaient, grâce à cette intime connaissance. Je n’ai jamais eu peur de vieillir, en fait, j’adore l’idée de vieillir, surtout actuellement. Je serais très heureux d’être un vieillard de quatre-vingt dix ans, avec ma cane, à donner des coups sur la tête des autres. […]
Mes premières sensations de désir sont apparues un jour que j’étais assis sur le canapé. Ma belle-mère et ma demi-soeur et mon frère sont partis chercher mon père à la gare routière. Il partait toujours pour des semaines ou des mois. Je feuilletais le programme télé et je suis tombé sur une pub pour un savon avec un type sous un torrent d’eau, qui se savonnait. Il y avait quelque chose sur son visage, ses lèvres, ses bras, ses biceps… j’étais en transe. Ça a dû durer une heure et demie. Tout à coup, j’ai entendu le bruit d’une voiture qui se garait dans notre allée, j’ai violemment refermé le magazine, je l’ai caché, et j’ai filé dans ma chambre. Quand j’y repense, je crois que c’est la première fois que j’ai éprouvé du désir, et de la culpabilité. »
Les amateurs pourraient le rapprocher par certains aspects à Rimbaud qu’il s’agisse de son sens de l’image, de ses trajectoires ou de ses choix révoltés, mais aussi à un homme condamné à vie par son goût de la décadence et de l’interdit et le plaisir tiré de la déchéance, comme le fut chez nous, dans une mesure moins choquante, Cyril Collard, si sanguin dans son livre « Condamné Amour » ou dans « L’Animal » où il écrivait » : « Je crache, je dégueule cette mélasse de sucre blond et toutes ces demi-mesures, demi-art, demi-drogues, demi-folie, petite bourgeoisie, appartements aux murs de fleurs imprimées. » ! Le chemin de Wojnarowicz, aussi tragique en vérité que celui de Collard ou Rimbaud, conduit vers la souffrance, l’érotisme qui devient sa propre perte, la maladie puante, la mort – peut-être la sienne et celle des autres – et surtout vers l’écriture qui existe, seule, survivante d’une quête Impossible.
Poète de la dégénérescence
David Wojnarowicz est plasticien, peintre, sculpteur, photographe, vidéaste. David Wojnarowicz est théoricien, écrivain et poète. David Wojnarowicz est macabre, outrageux, sensible. Son art est simpliste ; l’œuvre d’un sale gosse qui voudrait faire hurler sa mère, puritaine et coincée. Sa mère à lui c’est l’Amérique. « L’East Village New-Yorkais est son royaume. Ado, il se prostituait dans les rues de la Big Apple, pour bouffer. David Wojnarowicz aime les garçons et il aime bien le montrer pour combattre l’homophobie, la diabolisation du pédé (« Le sida est la crucifixion des homosexuels, la punition de leur débauche. »). Ca se passe dans les eighties. David Wojnarowicz se bat contre le sida dans les rues de la Big Apple, pour vivre. »
David Wojnarowicz est mort en 1992 du sida, il avait 38 ans. Il a réussi à donner à sa vie le seul sens qu’il croyait juste et qui restait possible pour un être des marges : le non-conformisme. Etre un artiste pour David Wojnarowicz, ce n’était pas avoir du talent, faire de jolis dessins, bien accorder les couleurs, tourner de belles phrases, c’était juste être une voix libre, si divergente soit-elle : « Toute ma vie j’ai ressenti de la rage par rapport à ce qu’on appelle la « société ». Je veux que les gens m’entendent. Je veux être compris et reconnu, d’une certaine manière. Mais de là à croire que ce que je fais a le poids pour changer les choses ? Je n’en sais rien » , affirmait-il. Sa voix couchée par écrit prolonge son existence dans un livre intitulé « Au bord du gouffre », un gouffre à l’image de sa vie. Le lecteur, comme l’homme-artiste féroce dont on suit les mots avec une émotion plurielle, se tient suspendu sur un fil prêt à se rompre pour nous précipiter dans le gouffre. Certains verront sûrement dans cette vie, l’invasion du vice, l’horreur du sexe purement pornographique où l’on trouve ce que l’on cherche – le sida ?; une présence -, du Désir violent ou maladif dans ce qu’il pouvait avoir de plus malsain. Pourtant, Wojnarowicz a seulement choisi de lutter à sa manière, dans les ruptures, les idées en contre-sens, contre un monde révulsant qu’il jugeait trop engoncé dans sa fausse et pieuse vertu.
« Il y a quelques mois, je suis allé au Mexique, et j’étais très malade. […] Je suis allé dans le Yucatan. J’étais malade comme un chien, et j’étais avec Tom et on avait vu une affiche pour une corrida dans un quartier mal famé. Il voulait y aller, moi j’étais plus mitigé. Je me sentais très mal, et j’étais dans cette chambre d’hôtel à regarder des dessins animés avec cette souris Mexicaine qui parle espagnol, ça m’épuisait totalement. Je croyais vraiment que j’allais devenir fou. Et je me sentais incroyablement excité sexuellement, comme cela m’arrivait par le passé, comme quand j’étais ado… tu sais cette lubricité désespérée, maraudeuse ? Alors je suis allé faire un tour et j’ai découvert ce parc à voitures au bout d’un parking de Mérida.
Je traînais autour du parc à mater un type incroyablement beau décharger un camion. Si tu connais l’endroit, tu peux y aller et tu vois ce vieux type au fond qui s’occupe des entrées, et pour une somme dérisoire tu peux louer un petit box. C’est juste à côté du parking, alors c’est l’endroit idéal pour rencontrer des garçons, dont aucun n’a les moyens de se payer des capotes, ce qui fait que cet endroit va très rapidement se transformer en un lieu de mort. J’avais un tel sentiment de lubricité, au coin de la rue, plongé dans une sorte de stupeur, dans des pensées de stupre, et … et c’est devenu très frustrant, alors je suis rentré et j’ai dit à Tom, « Okay , allons voir la corrida ». Je m’étais dit que la vue du sang me secouerait, me tirerait peut-être de ma torpeur. Pendant la corrida j’ai pris des notes, c’était horrifiant. Je veux dire, j’avais déjà vu des corridas à la Télé, à Mexico, et il y avait ce mec qui a tué le taureau – et j’ai soudain compris ce dont il s’agissait. Parce que c’étaient des moments incroyables, les corps masculins d’une beauté si extraordinaire que la mort semblait un paroxysme, un orgasme. Et d’un certain côté, cela tombait profondément sous le sens. Mais ces mecs étaient d’ignobles toreros, ils acculaient les taureaux dans l’arène. Pendant que j’assistais à la corrida, je me suis mis à écrire, et je me suis rappelé certains événements qui se sont déroulés pendant mon enfance, ma première expérience sexuelle lorsque j’avais six ou sept ans, les souvenirs de mon père, qui était une brute, un sadique, et toutes ces images violentes qui me reviennent de l’enfance. […]«
Un artiste polysémique et féroce: du dépassement à l’autodestruction
Pour David Wojnarowicz, toute expérience était une forme de dépassement. Toujours unique. Plus que le dépassement, il y a le surpassement qui se conjugue avec fracture et survie, tout en mettant en exergue beaucoup de contradictions que tout homme porte en lui sans oser les regarder en face. Par le désordre, le Sexe et la violence ; le sperme et le sang : réalités inséparables, la maladie, l’anéantissement du corps et de l’esprit ou ses stratagèmes inattendus ou prévus avec une précision chirurgicale pour conduire à l’irréversible, la « mélancolie » dans toutes ses dimensions et l’autodestruction étaient nourricières et fédératrices de cette création sulfureuse qui sans compromis annonce par éclats le refus d’un possible idéal salvateur. Il n’y a que du noir dans la vie intraveineuse : la course au plaisir facile, la fuite des demi-mesures, la misère du désir, autre symbolique du désir de vie et de mort constamment imbriqués, sont ses seuls remparts contre une solitude si terrifiante qu’il voudrait pouvoir la tuer, les yeux ouverts, ne serait-ce que par des mots ! Alors, il faut ECRIRE !
Au-delà de la noirceur pernicieuse, de l’esprit déjanté et courageux de ses productions, il y a une invitation à la réflexion sur notre monde, sur les gens bien comme il faut et la quête de soi dans le prisme de tous les « cons » qui nous laissent croire qu’on est vivant et intéressant, des rappels choquants et violents à tout ce qui constitue notre misère intérieure ou celle de notre société dite « évoluée ». Si vous acceptez le plongeon, je pense que vous ne la regretterez pas, mais comme toute incursion dans un univers quelque peu abject et dérangé, il faut rester conscient du risque inhérent à la rencontre : on ne peut en sortir indemne.
« Mes deux impulsions principales pour écrire étaient : si un jeune tombe sur l’un de mes bouquins et se sent moins seul, ce sera formidable. J’ai beaucoup souffert quand j’étais adolescent, parce que je n’ai jamais eu l’impression qu’il y avait des choses dans ce monde qui reflétaient ce que j’étais. Mais je voulais aussi laisser une trace, témoigner. Parce qu’une fois que ce corps m’aura laissé tomber, j’aimerais que mon expérience continue de vivre. C’était un soulagement absolument de mettre des mots sur ces choses-là, un soulagement incommensurable.
Je voudrais que certaines personnes se sentent moins seules, c’est ce qui compte le plus pour moi, ce qui a le plus de sens. Je pense qu’une partie du livre « Au Bord du Gouffre » ou « Meteor Crater » puise sa source dans le fait que j’ai tellement souffert lorsque j’étais môme parce que je pensais que je venais d’une autre planète. »
Son livre « Au bord du Gouffre », né du désespoir et de sa vie de chien enragé, Diable ou Ange déchu, a été publié en français en 2007. Cependant, il est préférable de le découvrir en anglais, car les anglophones apprécieront mieux la fureur de chaque mot et cette réalité du style américain des années 80-90, très inspiré du road movie » qui fait que l’on préfère aller droit à l’idée sans fioriture plutôt que de chercher des mots intelligents ou sonnant bien. La lecture est suffocante, mais fascinante et déconcertante, tant dans le contournement des promesses, la brisure non méthodique et politiquement incorrecte des rêves de l’Animal que dans la composition humaine ou littéraire, imprimée de crachats et de famines affectives ! « L’auteur a capturé la voix immémoriale des rues, celle du vagabond, du marginal, du voleur, de la putain… Ouvrez ce livre et écoutez » ! Je ne peux que vous y encourager aussi.
Acheter le livre Au bord du gouffre – disponible en version poche, ou chez Broché.
Dans les Mythologies intimes, une seule question se pose : c’est par où le précipice ?
« Parfois, les amulettes personnelles ne suffisent plus. Reprendre son souffle et croiser les doigts avant de plonger n’est parfois pas suffisant. Le petit bout de tissu rouge dans ma poche est peut-être très utile, mais il ne donne pas de conseil. Il faut alors faire appel aux grands moyens.
Le grand moyen le plus simple, c’est de se planter au milieu de la place publique et de hurler « Au secours ». Dans ces moments d’hésitations, de questionnement, voire de panique générale, je recommande donc à chacun de prendre des avis extérieurs.
Ainsi, j’ai bien travaillé sur le sujet. J’ai posé des questions à tous ceux susceptible de prendre le temps de m’écouter. Il faut éviter les gens qui vont penser qu’il s’agit juste d’un sujet de conversation ou d’une confidence. Non. Il s’agit bien d’un entretien pratique. J’ai décrit la situation, puis posé la question « que dois-je faire ? ». Tout bêtement. L’exercice se révèle intéressant si vous formulez exactement la même chose à chacun de vos interlocuteurs, séparément. J’aurais du prendre des photos de chacun d’entre eux au moment où je posais cette question idiote. J’aurais obtenu une collection de portraits sur le thème de la perplexité.
Mais tous, sans exception, m’ont dit de foncer. De « Ce qui fait foi, c’est l’envie qu’on en a » à « Te fais pas chier », en passant par « Tu devrais être heureux que la vie te donne l’occasion de te surpasser, et de dépasser tes propres limites, les règles sociales » , et même un « Après tout, si sexuellement c’est le top entre vous, ça peut suffire », j’ai eu le droit à un encouragement général. C’est donc le cœur entouré de Pompom Girls, précédé d’une fanfare (militaire s’il vous plaît), et sous les acclamations générales, que j’ouvre les bras à l’occupant. Il ne faudra pas venir me faire chier après en me disant que c’était perdu d’avance. Moi, je fais ce qu’on me dit. C’est par où, le précipice?
C’est dans ce type de période que l’on a tendance aussi à être plus sensible aux signes, aux indices. Plus à l’écoute de tout ce qui pourrait donner un sens. Les hasards.
Dans ce genre de situation, j’ai longtemps eu le réflexe de sortir les baguettes d’achillée, le Yi-king, et hop, un quart d’heure pour se poser une question à soi-même, et se poser tout court. Très utile pour faire le ménage à l’intérieur. Cette fois-ci, je ne l’ai pas fait. Mais je vais le faire.
Ce matin, j’ai croisé un monsieur qui se battait avec son courrier, m’a demandé s’il fallait mettre un timbre normal pour un courrier pour l’Allemagne, cherchait une « boîte postale ». Mon Dieu qu’il était beau ! Et souriant. Un Allemand. Décidément, je suis dans ma période collabo, c’est incroyable. Moi qui n’ai toujours juré que par les petits bruns râblés…
J’ai vérifié dans le dictionnaire : Pâques, c’est le jour de la résurrection de Jésus. Le grand retour ! Ca vous fait rire ? Mon jésus à moi, il porte un bouc, il a son uniforme militaire dans une housse avant de prendre le train, il vote Lepen, et malgré cela, mes amis me disent de foncer. Avec des amis comme ça, je suis bien parti dans la vie. En grosse cloche qui va a Rome, je vole jusqu’à l’échec de cette rencontre. En oeuf, je me roule dans le n’importe quoi tant que c’est doux et confortable – nous verrons bien à l’atterrissage. Et en lapin, je ne vous dis-même pas.
Théoriquement (je dis bien théoriquement, il ne s’agirait pas de vendre la peau du bison), ce soir, je retrouve le garçon qui ne vaut pas le coup. Mais alors pas du tout. Et j’en suis heureux.
De tous ces grands moyens, de tous ces avis extérieurs, de ses conseils, il va falloir tirer l’énergie nécessaire. Car après avoir ouvert tout grand les portes, les fenêtres, les oreilles, il est temps maintenant de se recentrer. Seul dans la bataille ! Envoyez-moi des biscuits, du chocolat et des cigarettes, priez pour moi, je vous enverrai des cartes postales du front. C’est promis. A nous deux, la bête! »
Pour aller plus loin :
- Biographie de Wojnarowicz sur Wikipedia
- Portrait et combat d’un artiste activiste sur The Guardian
- Découvrir les oeuvres de Wojnarowicz sur Artsy