Shanghai l’ambitieuse
Shanghai l’ambitieuse, essai de Rachel Delcourt, présente le portrait de la capitale économique chinoise. Un livre sur la Chine, qui met en évidence l’évolution fulgurante de la ville, avant qu’elle accueille l’exposition universelle 2010…
Lors de mon retour en France en juin, j’ai fait le plein de livres pour quelques mois, et particulièrement de
livres sur la Chine, que j’ai du mal à trouver ici… Parmi eux se trouve Shanghai l’ambitieuse de Rachel Delcourt. Le sous-titre du livre Portrait de la capitale économique de la Chine annonce clairement le propos: il s’agit de livrer un portrait de la ville, et précisément à l’aube de l’Exposition Universelle – le livre est paru en avril 2010, et au rythme où évolue cette ville, c’est un point important. Cet essai condense en une centaine de pages des traits caractéristiques de Shanghai: après un rappel de l’histoire particulière de la ville, différents aspects de la ville et de ses habitants sont dépeints – relation avec gouvernement central, éducation, ambitions sociales et personnelles, us & coutumes plus ou moins policées, et bien sûr place prépondérante de l’argent…
Shanghai l’ambitieuse se lit facilement et intéressera particulièrement ceux qui connaissent peu ou pas la ville, ça les aidera à décoder plus rapidement les attitudes des gens de Shanghai. Pour ceux qui connaissent la ville, vous pouvez y apprendre des choses, mais cela ne révolutionnera ce que vous avez déjà pu observer au quotidien…
Détail très intéressant appris à la lecture de ces pages: Shanghai s’affaisse littéralement dans son sol, à cause d’une exploitation trop importante de ses eaux souterraines depuis les années 1930 et de la construction des tours et gratte-ciels: dans certaines zones, le niveau du sol a diminué jusqu’à 3 mètres!
Certaines personnes l’ont-elles lu? Au plaisir de lire vos avis à ce propos!
Shanghai Living ou la vie de familles de Shanghaï: Hu Yang
Shanghai Living (Shanghai ren jia) de Hu Yang est un beau livre de photographies, agrémentées de commentaires très intéressants. Ce livre documentaire montre la vie des familles chinoises dans la ville de Shanghai… Shanghai trépidante, Shanghai aux multiples facettes dévoilées au travers du quotidien d’une centaines de familles et autant d’histoires d’une ville hors du commun…
On m’a récemment prêté un livre extraordinaire, un des premiers que je lis en chinois, car il est d’une part doublé d’anglais et surtout fait la part belle aux photos: Shanghai Living (Shanghai ren jia) de Hu Yang.
Tout a commencé en 2004 quand Hu Yang a décidé d’aller rendre visite à une centaine de familles Shanghaiennes pour voir comment elles vivaient. Pourquoi? car il trouvait que les gens avaient malheureusement perdu l’habitude de se rendre visite, d’aller les uns chez les autres, et que finalement personne ne connaissait ses voisins. Un ami étranger lui a aussi fait part de son envie d’entrer dans une maison chinoise. Il a alors voulu réaliser ce travail documentaire pour comprendre qui vit dans cette métropole internationale si attractive qu’est Shanghai.
Son travail photographique a alors commencé: il a démarché les familles qui lui paraissaient intéressantes, une à une, et a finalement photographié 500 intérieurs. De ce travail documentaire unique a été tiré une exposition et ce livre. Les photos y sont accompagnés d’un court témoignage, en chinois et en anglais, où les personnes photographiées parlent de leur vie, et de leurs conditions de vie.
Je trouve ces photos et témoignages admirables: c’est un travail documentaire donc, mais d’une grande humanité aussi. On comprend un peu mieux les Chinois, les petits bonheurs ou grandes difficultés qui remplissent leur quotidien. C’est un travail artistique fait de portraits singuliers, touchants et d’une sensibilité unique.
Morceaux choisis, extraits du site de la galerie Shanghart où l’exposition a eu lieu il y a plusieurs années, et où je n’étais malheureusement pas…
Petite coïncidence, la dernière photo est celle de Jin Xing, cette danseuse unique qui m’a tant touchée il y a quelques semaines…
A mon grand regret le livre Shanghai Living n’est plus édité… par chance, vous pouvez aller voir sur le site de la galerie Shanghart, toutes les photos et leurs très touchant témoignages sont encore en ligne!
Connaissez-vous cette œuvre de Hu Yang? qu’en pensez-vous?
Au plaisir de vous lire !
Lisez la revue Monde Chinois
J’ai découvert récemment une nouvelle revue Monde Chinois. Je viens de lire l’exemplaire intitulé Le renouveau de l’architecture en Chine. Comme vous le savez, les destructions et reconstructions des villes chinoises sont un des thèmes récurrents de mes billets: j’ai toujours trouvé fascinantes ces constructions champignons, et Changzhou en offre un spectacle mouvant au quotidien.
J’ai donc été absorbé par la lecture de cette revue. Un dossier détaillé, écrit par des auteurs pointus de divers horizons, j’ai beaucoup appris sur l’architecture en Chine. Je trouve certains passages un peu trop pointus pour une novice comme moi, mais sur les 80 pages d’enquêtes, beaucoup de clés de compréhensions de ce qui fait le quotidien des grandes villes chinoises sont proposées. J’ai particulièrement été intéressée par un article où plusieurs jeunes architectes chinois sont interviewés: on apprend beaucoup sur leur travail et sur leur vision de la Chine, et même, question ô combien taboue, sur les dommages causés par la Révolution Culturelle.
Petit bémol: je trouve qu’un article sur la Shanghai contemporaine aurait été le bienvenu. La disparition du vieux Pékin a été largement abordée, mais la renaissance de la ville la plus cosmopolite de Chine durant ces 20 dernières années aurait selon moi mérité quelques pages d’analyse.
A la suite de ce dossier sur l’architecture, une quarantaine de pages sont consacrées à des sujets plus variés: questions géopolitiques, chroniques et reportages culturels, avec une large place consacrée à la spécificité taïwanaise.
D’une manière générale, j’ai apprécié cette revue : questionnements sur la modernité à la chinoise, place que l’Asie doit se créer dans la mondialisation pour qu’elle ne soit pas uniquement synonyme d’occidentalisation, incompréhensions culturelles Orient-Occident…. tous ces sujets qui sont au coeur de mes questionnements sont ici abordés de près ou de loin.
La Chine m’inquiète de Jean-Luc Domenach
Dans son essai, la Chine m’inquiète, Jean Luc Domenach, spécialiste de la Chine offre une analyse passionnante d’un pays, l’Empire du Milieu, en passe de devenir l’une des grandes puissances du 21ème siècle. Un livre sur la Chine à lire pour changer peut-être votre regard sur ce pays de paradoxes…
J’avais envie de lire La Chine m’inquiète de Jean-Luc Domenach depuis sa sortie en 2008. Je viens de le finir et j’ai beaucoup appris… et je vous le conseille. L’auteur nous propose une photographie minutieuse de la Chine du début du 21ème siècle. C’est selon lui un moment clé de son histoire: le régime chinois actuel arrivera-t-il à perdurer et la Chine réussira-t-elle à conserver sa place dans le coleadership mondial?
Même si le titre de son livre est alarmiste, Jean-Luc Domenach n’est pas si inquiet que ça! Il le dit lui même, le « titre est un peu au delà de ma propre pensée ». La question centrale du livre est plutôt: la Chine passera-t-elle l’épreuve de vérité qui l’attend?
A l’aide de beaucoup de données précises et chiffrées (peut-être trop à mon goût), l’auteur présente ce que la croissance économique a changé en Chine. Il se demande aussi et surtout ce qui changera si jamais la croissance ralentit vraiment.
Car la croissance a beaucoup fait évoluer les mentalités: les rapports pouvoir-société ont changé. La société repose aujourd’hui sur un pacte implicite: tant que la population améliore son niveau de vie, elle tolère son gouvernement et ses travers. Mais qu’adviendra-t-il s’il n’y a plus d’espoir d’amélioration de niveau de vie?… Pour essayer d’y répondre, beaucoup d’aspects du monde chinois sont évoqués: la Chine politique, économique, sociale…
Je vous conseille particulièrement la lecture du livre mis à jour de 2009, dans sa deuxième version. La postface est extrêmement intéressante et colle encore plus à la réalité du monde chinois, post J.O.
Par ailleurs, vous pouvez écouter une sympathique interview de J.-L. Domenach lors de la sortie du livre, chez Radio86.
Et nous vous recommandons aussi:
Pékin Underground, un autre visage de la Chine !
Pékin Underground, La rébellion des enfants du capitalisme rouge est un webdocumentaire que je vous recommande chaleureusement!
Que vous connaissiez la Chine ou non, que vous soyez sensible à la culture punk ou pas, lancez-vous et pénétrez cet étrange univers… On accompagne le réalisateur Alain Le Bacquer dans sa plongée sous-terraine: il suit les artistes chinois underground depuis 2001. C’est décalé, optimiste et déjà historique par certains aspects.
Pour ceux qui connaissent déjà Pékin, cela les aidera à comprendre ce qui se cache derrière le complexe artistique aujourd’hui le plus célèbre de Chine (pour ne pas dire le centre de la nouvelle industrie artistico-financière) qu’est 789.
Et pour tous, ce webdocu permettra de voir la Chine sous un autre angle: plus de dix ans de culture underground pékinoise synthétisées en trente minutes, c’est un beau challenge qu’a réussi à tenir Alain Le Bacquer!
A lui la parole:
Pékin est pour moi l’antithèse de Shanghai. Plus dure, plus authentique, elle est surtout devenue ces dernières années, le lieu de prédilection de l’Avant-garde chinoise. Depuis mon premier voyage en 2001, elle a bien changé! Pressé par l’enjeu des JO de 2008, le gouvernement chinois veut en faire la vitrine architecturale de la Chine de demain. Mais derrière cette façade en travaux, je suis allé à la rencontre d’une autre Chine plus poétique et populaire au sens noble du terme. Ces protagonistes : des artistes, des musiciens de Rock, des écrivains, des lolitas technoïdes, des filles de bars, des étudiants, de jeunes migrants… font le Pékin d’aujourd’hui. Un mélange hétéroclite qui donne son caractère à cette mouvance « underground ». Issus de la politique de l’enfant unique, les « petits fils de Mao » goûtent aux joies et aux déconvenues de l’individualisme sur fond d’internet, de musique techno, de fringues, de business et de sexualité. En devenant beaucoup plus individualistes que leurs aînés, les « enfants du Capitalisme Rouge » ont inventé un mode de vie qui leur est propre.
Pour voir le webdocumentaire, c’est par ici (il dure 30 minutes), et si vous n’avez pas le temps de le visionner tout de suite, jetez un oeil à ce teaser, ça vous donnera une bonne idée de l’ambiance du film !