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Des paroles sans son.

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Des changements… «  khaee nai » ? (en thaï), jusqu’où ? Les écrivains, les journalistes ne sont pas admis officiellement au Myanmar. Bien sûr certains se débrouillent pour se glisser dans le pays dans la peau de touristes (je viens d’en rencontrer une justement à la pagode Shwedagon, chinoise de Hong Kong qui cherche à rencontrer Aung San et qui, voyant mon impressionnant objectif a pensé que j’étais journaliste aussi. Très agréable échange) Mais s’ils sont découverts, leur ordinateur et photos seront confisqués et ils seront immédiatement expulsés (Je connais Garett, qui s’est fait expulser 2 fois) Quant aux birmans interviewés, les répercussions sur eux sont infiniment plus graves. Selon la loi « Emergency Provisions Act » établie en 1950, donner des informations considérées  comme « inamicales » par le régime, c’est encourir une peine de 7 ans de prison (En Thaïlande si on critique qui vous savez ou sa progéniture, ça va jusqu’à 15 ans de prison) C’est une bonne raison pour sourire non ?  Quant aux prochaines élections, celles du 1er avril, pour lesquelles Aung San brigue « un » siège, les journalistes étrangers n’y sont pas invités en tant que tel (Lu hier dans un journal local) Le gouvernement envisagerait  de ne laisser entrer que des journalistes de l’ASEAN. Mais ce n’est pas encore confirmé.

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Est-ce qu’on est considéré comme écrivain lorsqu’on écrit un blog ? Est-ce qu’on est considéré comme journaliste lorsqu’on est lu par des milliers de personnes à l’étranger ? En tout cas, c’est ce que je suis ou plutôt ce que je fais et si je passe entre les mailles du filet c’est que les changements sont réels.

Emma Larkin s’est glissée dans la peau d’une touriste pour écrire son roman « Finding George Orwell in Burma ». (Je ne sais pas quel titre a été retenu pour la version française) Et elle a changé tous les noms des personnes à qui elle a parlé. Comme Orwell, Emma Larkin parle d’un monde de conversations chuchotées, de rencontres furtives, de vois basses… lorsqu’elle évoque cette société, la plus opprimée du monde. Je parle et on vient beaucoup me parler…. j’ai remarqué quelque chose d’assez étonnant chez différentes personnes, notamment les plus âgées. Elles formulent une ou plusieurs questions… et puis la bouche articule avec des mouvements des lèvres mais il n’y a plus de son. Comme une télévision muette. J’ai noté cela  et l’ai trouvé suffisamment étrange pour l’écrire ici.

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Le livre d’Emma est fascinant car il décrit les conditions de vie au Myanmar. Une image juste sur l’autoritarisme, jamais écrit par un autre ecrivain à l’exception d’Orwell lui-même sans doute. Orwell non seulement auteur de 1984 mais de « burmese days » sur le colonialisme.

Si ce pays a quelque chose de troublant c’est bien  ce qu’il offre ou plutôt ce qu’il dissimule, ou cache depuis si longtemps qu’il ne le sait plus lui-même. Quand on a pris l’habitude de se taire depuis 60 ans, est-ce qu’on a encore l’impression de se forcer au silence ou devient-on silencieux par nature. ? Ou pire, devient-on le silence lui-même ? Ou comme mes interlocuteurs qui voudraient émettre des sons mais ne le peuvent pas ?

 Je pense à  cette expression Karen : « feet are silent » (les pieds sont silencieux) lorsqu’il fait très chaud. Donc quand c’est chaud, on se tait,

Sommes-nous capable de voir au-delà de la façade crée par des généraux depuis tant d’années, d’imaginer la peur quotidienne de vivre dans un tel état ? Est-ce que la peur s’envole d’un seul coup lorsque des promesses sont faites et plus facilement crues par un occident enclin à croire très vite que les choses changent très vite ?

J’essaie avec mon objectif à aller au-delà des regards offerts ou des sourires offerts, car derrière regards et sourires que je ne prends plus tout à fait pour argent comptant depuis que je vis en Thaïlande, il y a les blessures, les frères ou des pères emprisonnés ou torturés, des enfants contraints aux travaux forcés.

Extrait de 1984 de George Orwell :

FROM NOW ONWARDS, HE MUST NOT ONLY THINK RIGHT

HE MUST FEEL RIGHT, DREAMS RIGHT

(A partir de maintenant il ne doit pas simplement ‘bien’ penser, mais il doit aussi   se sentir « bien », et rêver de même » (le conditionnement absolu du totalitarisme)

Tout est dit… et à ceux qui me lisent je conseille de lire avant de découvrir ce pays, ne pas se contenter de venir grossir les bandes de touristes qui « font » un pays. Désolée si je me fais critiquer pour ce genre de remarque mais le Myanmar n’est pas juste un pays de vacances !

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Michèle Jullian

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