Aux îles Andaman et Nicobar, la tribu des Bo a disparu.
Elle était vieille de plus de 65’000 ans.
Boa Sr. est morte il y a deux semaines, à l’âge de 85 ans.
© Alok Dias– Survival International
Boa était la dernière personne sachant parler la langue de la tribu des Bo, dont les survivants habitent les îles Andaman et Nicobar, situées dans l’océan Indien, entre l’Inde et la Thailande.
La tribu des Bo a vécu près de 65’000 ans dans ces îles, considérées comme paradisiaques par les bibles du tourisme universel. Ils ne sont plus que 52. Un nombre trop faible pour leur éviter l’extinction.
Victimes de la dégradation de son environnement et de la pression démographique dûe notamment à l’immigration d’habitants de l’Inde, dont ces îles font partie, les Bo était l’une des plus anciennes cultures sur terre.
La tribu des Bo faisait partie de la famille des « Grands Andaman », au nombre de 52 actuellement. Une autre tribu, celle des Jarawa, survit dans l’île de Nicobar. Il n’en reste que 600 ou 700. Ils étaient environ 5000 quand les Anglais ont pris possession de ces îles en 1858.
La plupart sont morts de maladies ou ont été massacrés par les colonisateurs. Selon l’organisation non gouvernementale, Survival International, les britanniques ont essayé de les « civiliser » et de garder les enfants dans des « refuges ». Sur 150 enfants nés dans ces refuges, aucun n’a atteint l’âge de deux ans.
Une autre tribu, les Sentinels (environ 320 individus) vivent encore dans une des îles. Ils fuient la présence humaine comme la peste. Lors du tsunami de décembre 2004, des photos d’eux lançant des flèches aux hélicoptères de secours ont été prises. Tous ont survécu à la terrible tragédie qui a fait 230’000 morts dans dix pays.
Boa Sr avait dit à un des linguistes: « nous étions tous dans les collines lorsque le séisme a frappé. Les anciens nous ont dit de ne pas bouger. Ils savaient. »
La plupart des 10 groupes autochtones des Andaman et Nicobar vivotent de subsides du gouvernement Indien. On estime à environ 300’000 le nombre d’Indiens du continent vivant dans les îles, volant les animaux des tribus, les abreuvant d’alcool et de tabac de mauvaise qualité. Des cas fréquents de viols ont été signalés. Dans le passé, la police indienne était souvent dans le coup.
Le professeur Anvita Abbi connaissait bien Boa Sr. « Comme elle était la dernière de la tribu à parler la langue Bo, elle n’avait personne avec qui parler. Elle se sentait très seule ».
La tribu Bo a maintenant disparu.
Menacés d’extinction à l’instar des tigres et des ours polaires, les hommes, les femmes et les enfants Bo, eux, ne font pas la une des médias.
Pourquoi?