L’année du dragon commence pour les chinois. Prospérité, chance… et « money » bien sûr. Le dragon est le symbole fédérateur de la Chine. Il est partout : sur les robes longues fendues traditionnelles des femmes-lianes (des Susie Wong de bars mal famés), les chemises de soie des hommes, les nappes, les draps, les voitures, les paquets de vermicelle les médecines
D’après Wang Fu un lettré des temps anciens, le dragon combine les éléments appartenant à 9 animaux différents : tête de chameau, yeux de démon, oreille de buffle, nuque de serpent, ventre de grenouille, pattes de tigre, serres de l’aigle, écailles du poisson, Les historiens modernes proclament que l’origine du dragon chinois est un acte politique fondateur.
C’est surtout un être étrange et « hybride ». Hybride utilisé au sens figuré pour désigner les individus issus de « sangs mêlés ».
Parce que je me remets modestement à l’écriture du chinois, j’ai feuilleté l’ouvrage de Danielle Elisseef « hybrides chinois, la quête de tous les possibles ». Elle explique que « l’efficacité de l’écriture chinoise tient à sa faculté de faire jaillir un sens nouveau par la simple agrégation d’éléments variés, soit a l’intérieur d’un seul idéogramme soit par l’association de plusieurs unités sémantiques » Et hybrides en chinois s’écrit Za jiao – littéralement « réunion » (jiao), « éléments » (za)
Seule la transformation permet de ne pas mourir. « La seule chose qui ne changera jamais est que tout change toujours et tout le temps ».
Les chinois sont partout dans le monde. En Algérie (Lire le livre d’Eric Sarner « Un voyage en Algéries » chez Plon, ça vient de sortir), ils s’adaptent au froid de l’Alaska aussi bien qu’a la sècheresse du Maghreb. A Paris ils ont quitté depuis longtemps leur ghetto du 13e et d’Ivry pour être partout. D’ici peu tous les débits de tabac parisiens seront chinois !
A Bangkok, 50 % de la population est chinoise (15 % de la population totale). Ou se targue de l’être. Une fierté qui éclate après avoir été forcée de se montrer discrète au début du siècle dernier. Les élites politiques et les grandes familles sont presque toutes d’extraction chinoise. Même…. au plus haut niveau par le jeu des mariages. Bon je risque de me retrouver avec des chaines aux pieds si je donne plus d’explications,
« Un officier de la chambre de commerce thaïe avoue « qu’il ne peut pas donner de chiffres concernant les investissements chinois en Thaïlande mais il est évident que les « grandes familles » (ammart ?) sino-thaïes tiennent l’économie.. On parle de 80 % des capitaux chinois arrivent dans le pays. Tout se passe par relation ». Finalement mon chéri est quelque part un dragon… puisqu’il est « hybride » : sang mêlé (un quart chinois, trois-quarts thaï).
Un jour, une chinoise pure sucre et friquée de Bangkok à qui je le présentais, me dit : « Il est pas mal pour un thai ! » Quelle condescendance ! Je lui ai précisé, plus tard le côté « hybride » de mon ami.
En attendant, avant de rentrer en France, mon « chéri » m’a confié la retouche d’une photo de son grand-père chinois A-gong (ça vous dit quelque chose chers lecteurs habitant la Thaïlande) A-gong donc… je risque fort de le voir accroché dans mon appartement en rentrant prochainement à Chiang Mai. Réflexion faite je préfère la photo d’A-gong à celle de…..quelqu’un d’autre !
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