Dans l’avant-propos, Alice Munro explique la genèse de ce livre. Depuis une douzaine d’années, elle s’est intéressée à l’histoire de sa famille, venue d’Écosse et émigrée en partie en Amérique du Nord. Revenue aux sources, dans la vallée de de l’Ettrick, l’auteur a trouvé de nombreux témoignages écrits, des lettres et des recueils de souvenirs et découvert des traces de ses ancêtres dans les ouvrages des bibliothèques locales. Elle a utilisé tout ce matériel dans une série de nouvelles, écrites au fil du temps mais non publiées jusqu’alors. Ce livre lui a permis de regrouper ces histoires, mêlant réalité et fiction et d’explorer une vie, la sienne, et toutes celles qui l’ont précédée et lui ont permis d’être celle qu’elle est devenue.
C’est ensuite un de ses petits-fils, James, qui en 1818 émigre au Canada, emmenant avec lui deux fils, une fille, sa belle-fille et son petit-fils. La longue traversée de l’Atlantique constitue la première épreuve de leur exil, l’occasion déjà de découvrir un autre monde, grâce aux rencontres qu’ils font sur le bateau. James est ainsi à l’origine de cette branche familiale de nouveaux américains, que le lecteur suit, génération après génération, jusqu’au père d’Alice puis Alice elle-même, de l’enfance à l’époque actuelle.
A travers la multitude d’anecdotes et de petites histoires qui constituent ce roman, c’est la vie qui est racontée, la vie toute simple qui passe avec les années, les souvenirs qui restent ou qui s’envolent.
Un extrait où bizarrement, j’ai retrouvé une question existentielle familière :
Les moutons se pressent autour de moi. […] Je leur donne de l’avoine dans la longue mangeoire.
Autour de moi, des gens disent que ce genre d’ouvrage permet de se ressourcer et possède une dignité propre, mais le connaissant depuis ma naissance, j’en ai un sentiment différent. Le temps et le lieu risquent de me rattraper pour m’enfermer, je risque d’avoir trop facilement l’impression de n’être jamais partie, d’être restée ici ma vie entière, comme si ma vie d’adulte était une espèce de rêve qui ne s’est jamais emparé de moi. (p. 308)
Au final, une lecture agréable, mais qui m’a laissée pensive et mélancolique !
Ce livre m’a été offert gracieusement par le site Alapage, où vous pouvez découvrir les autres ouvrages d’Alice Munro, que je ne connaissais pas avant cette lecture.
D’autres avis : celui de Papillon et un article de l’Express, ainsi qu’une présentation très intéressante des canadiennes de la rentrée littéraire sur Bibliobs.
.Du Côte de Castel Rock – Alice Munro
Éditions de l’Olivier – 2009
Traduit de l’anglais par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso.
D’Alice Munroe, j’ai lu « L’amour d’une honnête femme » qui m’a laissé un souvenir assez agréable.