Parmi mes souvenirs artistiques les plus tenaces, figure les « Six kakis »*, découvert au lycée. Ce lavis à l’encre de chine de MuQi, artiste chinois, laisse apparaître six formes sphériques immortelles et terriblement contemporaines.
Joli petit fruit de couleur orangée lorsqu’il est à maturité, le kaki possède une peau lisse, qui renferme une chair orange vif, extrêmement tendre, douce et très parfumée. Des notes florales la caractérisent. Le terme japonais de kaki renvoie aussi à l’hindi khâki qui signifie couleur de poussière. Suite à ce cours théorique –c’était en classe de seconde– il avait fallu exécuter un dessin d’observation portant sur les fruits. À l’époque, le kaki, juste après la mangue et avant la nèfle**, figure pour moi au tableau des fruits inconnus, sans passer par la case « fruits exotiques ». J’avais alors choisi de représenter la figue pour sa texure veloutée et ses reflets moirés violet-noir.
Le coing [kwe~] est un fruit qui ensoleille l’automne, tout été indien qu’il fût. Ce fruit piriforme, cotonneux en surface, est jaune et odorant quand il est mûr. Connu dans la Grèce Antique comme la pomme de Kydonia, le coing tire son nom actuel de son origine crétoise. En 1170, on relève l’occurrence de cooing en langue romane. Ses caractéristiques inspirent des expressions humoristiques, telle celle d’Honoré de Balzac : « Madame Grandet était une femme sèche et maigre, jaune comme un coing » ***. Le coing se consomme cuit, il développe là sa belle palette aromatique. Une saveur de fond de pomme et poire mêlées qui s’accorde avec les viandes blanches, le porc, ainsi qu’avec l’oignon et la vanille ou la cannelle.
*Circa 1200-1260.
**Jacques Serena, Sous le néflier, Éditions de Minuit, 2007.
***Eugénie Grandet, 1834, page 36.
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