D’aucuns auront eu l’occasion de visiter la belle exposition « Frédéric Chopin, La Note bleue », organisée au Musée de la Vie romantique. Le titre insolite choisi par les organisateurs fait référence à une conversation tenue par Delacroix et George Sand, où il était question de correspondances entre les notes et les couleurs. L’écrivain voyait dans la musique du compositeur franco-polonais dont elle partageait la vie « l’azur de la nuit transparente ».
Nul lieu parisien ne pouvait mieux convenir pour accueillir cette exposition, puisque ce musée charmant situé rue Chaptal, de taille humaine, fut la maison du peintre Ary Scheffer, lequel recevait régulièrement George Sand, Chopin, Delacroix, Rossini et beaucoup d’autres amis. Le quartier, que l’on appelait à l’époque La Nouvelle Athène, était le favori de nombreux artistes.
A travers une centaine d’objets et de documents (dessins, peintures, sculptures, objets, mobilier…), ce sont les 18 dernières années de la vie du compositeur (1831-1849) qui se trouvent illustrées. Parmi les peintures, le visiteur verra notamment un portrait de Chopin par Louis Gallais, réalisé en 1843. Le musicien y apparaît dans sa délicatesse et sa fragilité, une image qui contraste avec un portrait plus célèbre, celui peint par Delacroix en 1838, également présent à l’exposition, accompagné de son étude à la mine de plomb, ou avec celui que réalisa Ary Scheffer. On remarquera encore un beau paysage de Corot (bien que postérieur à la période concernée), La Clairière, le superbe portrait de la Malibran par François Bouchot, celui, puissant, de Berlioz par Gustave Courbet et celui de George Sand par Auguste Charpentier. Parmi les reliques, citons, entre autres, une partition autographe de Chopin, un piano à queue de la maison Pleyel de 1843, un dessin du musicien (Tête d’homme), ainsi que sa main gauche, moulée en plâtre par Clésinger. De ce bouillant sculpteur, qui épousa Solange Sand en 1847, sont également exposés un buste de Delphine de Girardin et un autre, de Solange.
La riche iconographie réunie ici, incluant des dessins d’Ingres et plusieurs tableaux de Delacroix, rend compte de l’époque où Chopin vivait à Paris, mais aussi de sa vie elle-même, des amis qu’il fréquentait, des lieux où il séjourna. Il s’agit d’une belle invitation au voyage, tout en finesse, que les amateurs du musicien pourront compléter en se rendant à Nohant, dans la maison paisible où il vécut avec George Sand. Ajoutons pour finir qu’un passionnant catalogue, incluant plusieurs essais, a été édité pour l’occasion (Paris Musées, 208 pages, 30 €).
A découvrir aussi :
Illustrations : couverture du catalogue – Eugène Delacroix, Portrait de Frédéric Chopin, 1838, huile sur toile, Musée du Louvre – Jean-Baptiste, dit Auguste, Clésinger, Main de Chopin, 1849, plâtre, Musée de la vie romantique.
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