De Peter Knapp, on connaît surtout les photographies de mode, abondamment représentées dans l’exposition que la Maison Européenne de la Photographie lui avait consacrée il y a deux ans. Mais on y voyait aussi son travail plus créatif, dont je regrettais alors le peu de visibilité.
Or ce photographe mène parallèlement (peut-être quand il est las de son travail commercial) une recherche assez pointue sur le médium photographique, son potentiel et ses limites. Si, à la MEP, c’était surtout sur la décomposition et la recomposition qu’il s’était concentré, la Galerie Guillaume montre (jusqu’au 13 mars 2010) une série de photographies du ciel, non point celles de son fameux voyage en avion de Paris à Zurich, mais un ciel bleu, parsemé de nuages, sans repères, sans horizon, mais avec l’image d’un objet jeté en l’air, fil, baguette ou bout de carton.
Mais le plus intéressant est que, parfois des années après, Knapp reprend ses négatifs et, dessinateur dans l’âme, il les grave, les griffe, les raye, les lacère : selon la profondeur de son trait, les couleurs sont plus ou moins altérées, des signes nouveaux se tracent dans l’image. Les nouveaux traits croisent les anciens, les soulignent, les prolongent ou les contrecarrent. Le signe manuel et le signe mécanique s’entrecroisent, l’un représentatif et chimique, l’autre déterminé et physique.
Les tirages sont, pour la plupart, immenses et on plonge dans ce bleu céleste, suspendu à ces graphismes mystérieux, peu déchiffrables. Là encore, ce n’est plus tout à fait de la photographie, ce n’est pas tout à fait du dessin, c’est une invention, un dépassement. ‘Photographie avec intervention’ dit l’artiste.