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Le rêve des femmes Padaung ; vivre « ensemble » en Thaïlande

femme padaung ma lo

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Dans la société thaïlandaise, partons à la rencontre des femmes Padaung. Les Padung, ces déracinées, essaient de rêver « ensemble » d’une famille et d’un même peuple…

femme padaung thailande

Ma Lo et sa mère, l’épouse du chef du village

On a beaucoup parlé ces derniers temps, d’une « troisième main », de « terroristes », « d’hommes en noir » qui auraient joué un rôle déclencheur dans les événements du 10 avril dernier, occasionnant 24 morts et plus de 800 blessés. Cette évocation « d’hommes en noir ». « Men in Black » me rappelle, non seulement ce blockbuster américain avec Willy Smith et Tommy Lee Jones, mais aussi  un livre  et une rencontre.

A une certaine époque, j’allais souvent à Mae Hong Son, rendre visite à ma « petite sœur Ma-Lo », une jeune-femme de l’ethnie Padaung, un sous-groupe Karen, au camp de Baan Huay Seua Tao. Je vais vous raconter son histoire, telle que je l’écrivais il y a quelques années, mais d’abord, pourquoi les « Hommes en Noir »,  ces « rangers », ces paramilitaires, gardiens des frontières ?  C’est une organisation formée de volontaires crée par l’Armée Royale en 1978 pour combattre les insurgés communistes. Depuis, ils sont en premières lignes aux frontières (birmane, malaise, lao et cambodgienne), combattant les forces armées intruses et les trafiquants de drogue, gardiens des camps de refugiés. Ils sont largement connus pour leur engagement dans certaines activités politiques violentes (dixit Desmond Ball, professeur du « Centre des Études, Stratégie et Défense » à l’Université de Canberra, Australie Son livre : « The boys in Black », édition White Lotus).

BLOG Dan Sai 1

Ma Lo et sa mère, l’épouse du chef du village

« Mae Hong Son est bien en Thaïlande, mais la majorité de sa population appartient à l’ethnie « Shan » qui possède sa propre culture, sa propre langue. Coupée du reste du pays par une chaîne de montagnes recouverte de jungle, Mae Hong Son est la ville « aux trois brouillards » : en période sèche, de mars à mai, les différents groupes qui peuplent les montagnes alentours, pratiquent la culture sur brûlis. Tous les arbres de la forêt proche perdent leurs feuilles géantes qui tombent sur le sol avec un bruit presque métallique. Une fumée âcre empoisonne l’atmosphère déjà surchauffée et beaucoup de Thaïs, qui ne vivent là que pour leur business, quittent la ville durant la fournaise de l’été. Pendant la saison fraîche, de novembre à janvier, la petite ville frissonne sous les brouillards froids et givrés du matin. Le reste du temps, les nuages s’accrochent aux sommets des collines et, capricieux,  éclatent parfois en pluies de mousson. J’ai expérimenté les trois saisons sans pouvoir dire laquelle est la moins pénible, mais les « phou khao », les « peuples des montagnes », doivent certainement, eux, souffrir horriblement du froid. Je pense tout particulièrement à  mon amie Ma-Lo et sa  famille. Leur cabane de bois, et de feuilles séchées ne les protègent pas de l’air glacé du matin.

Le village-camp de Baan Huay Seua Tao est niché dans la forêt à une vingtaine de kilomètres de Mae Hong Son. Il faut franchir, six ou sept courants d’eau pour l’atteindre, ce qui transforme parfois la visite en réelle expédition, l’eau atteignant l’habitacle de la voiture.

Depuis ma première rencontre avec Ma-Lo, je suis toujours émue et excitée lorsque j’approche de son village. Plusieurs fois, celle que j’appelle « ma petite sœur », m’a accueillie avec la joie tranquille de quelqu’un qui « m’attendait », alors que je n’avais pu lui communiquer mon arrivée.

«  Je savais que tu allais venir. Je t’avais vue dans mes rêves ».

 

Tout le monde rêve, mais les Padaungs, ces déracinés,  plus que tout autre je crois. Ils rêvent individuellement, mais ils rêvent aussi « ensemble », en tant que peuple et famille d’un même groupe. Cela les rend tristes, car ces rêves les portent immanquablement vers le paradis perdu de leur vie d’avant, au-delà des montagnes birmanes. Est-ce pour cela que le sourire de Ma-Lo, si accueillant et chaleureux est toujours retenu par une douce et  triste mélancolie ?

Exceptionnellement cette fois, Ma-Lo, ne m’attend pas de l’autre côté du ruisseau qui sépare le camp de la route.  Passé la guérite du gardien thaïlandais. le « ranger », chargé de « taxer » les visiteurs, je traverse le petit pont de planches instables et surprend ma « petite sœur » en train d’allaiter son bébé né une semaine plus tôt à l’hôpital de Mae Hong Son. Je lui avais fait cette promesse d’être là pour la naissance de ce premier enfant. Je suis contente d’avoir pu tenir parole. Mon amie a les traits tirés et pâles. Manque de vitamines. Elle est maigre aussi, pourtant elle allaite son nouveau-né. Je ne lui demande pas tout de suite comment s’appelle la petite fille, en Asie, un bébé n’est qu’un bébé, pas encore tout à fait une personne. Je m’inquiète d’elle d’abord et la prends dans mes bras, toujours surprise par ces anneaux qui m’empêchent de la serrer plus fort contre moi. C’est un petit oiseau fragile que j’ai peur de casser et qui porte en permanence des kilos autour du cou. Tradition et fierté !  Ma-Lo avait un jour posé sur mes épaules cette lourde spirale métallique que j’avais eu beaucoup de peine à garder plus de quelques minutes. « Si on te la mettait  vraiment autour du cou, tu appartiendrais à mon groupe et tu ne pourrais plus quitter le camp » m’avait-elle dit alors, malicieuse.  Je sais combien elle aimerait que je reste là plutôt que d’aller enseigner en Isan. Elle m’en a d’ailleurs déjà formulé la demande plusieurs fois. « Pourquoi ne pas enseigner l’anglais au camp plutôt que de retourner à Udon ? » J’entends sa requête et ne peux malheureusement y répondre, par manque de courage sans doute. La vie à Mae Hong Son ou ici dans ce camp, manque du minimum de confort, elle est aussi très dure, en raison du climat et surtout de l’éloignement d’avec une ville plus… cosmopolite, comme Chiang-Mai par exemple, distante, non pas seulement de trois cents kilomètres, mais de mille six-cents virages de montagne…une journée de voiture »….

femme padaung ma lo

Ma petite sœur Ma-Lo

On a beaucoup parlé ces derniers temps, d’une « troisième main », de « terroristes », « d’hommes en noir » qui auraient joué un rôle déclencheur dans les événements du 10 avril dernier, occasionnant 24 morts et plus de 800 blessés. Cette évocation « d’hommes en noir ». « Men in Black » me rappelle, non seulement ce blockbuster américain avec Willy Smith et Tommy Lee Jones, mais aussi  un livre  et une rencontre.

A une certaine époque, j’allais souvent à Mae Hong Son, rendre visite à ma « petite sœur Ma-Lo », une jeune-femme de l’ethnie Padaung, un sous-groupe Karen, au camp de Baan Huay Seua Tao. Je vais vous raconter son histoire, telle que je l’écrivais il y a quelques années, mais d’abord, pourquoi les « Hommes en Noir »,  ces « rangers », ces paramilitaires, gardiens des frontières ?  C’est une organisation formée de volontaires crée par l’Armée Royale en 1978 pour combattre les insurgés communistes. Depuis, ils sont en premières lignes aux frontières (birmane, malaise, lao et cambodgienne), combattant les forces armées intruses et les trafiquants de drogue, gardiens des camps de refugiés. Ils sont largement connus pour leur engagement dans certaines activités politiques violentes (dixit Desmond Ball, professeur du « Centre des Études, Stratégie et Défense » à l’Université de Canberra, Australie Son livre : « The boys in Black », édition White Lotus).

 

« Mae Hong Son est bien en Thaïlande, mais la majorité de sa population appartient à l’ethnie « Shan » qui possède sa propre culture, sa propre langue. Coupée du reste du pays par une chaîne de montagnes recouverte de jungle, Mae Hong Son est la ville « aux trois brouillards » : en période sèche, de mars à mai, les différents groupes qui peuplent les montagnes alentours, pratiquent la culture sur brûlis. Tous les arbres de la forêt proche perdent leurs feuilles géantes qui tombent sur le sol avec un bruit presque métallique. Une fumée âcre empoisonne l’atmosphère déjà surchauffée et beaucoup de Thaïs, qui ne vivent là que pour leur business, quittent la ville durant la fournaise de l’été. Pendant la saison fraîche, de novembre à janvier, la petite ville frissonne sous les brouillards froids et givrés du matin. Le reste du temps, les nuages s’accrochent aux sommets des collines et, capricieux,  éclatent parfois en pluies de mousson. J’ai expérimenté les trois saisons sans pouvoir dire laquelle est la moins pénible, mais les « phou khao », les « peuples des montagnes », doivent certainement, eux, souffrir horriblement du froid. Je pense tout particulièrement à  mon amie Ma-Lo et sa  famille. Leur cabane de bois, et de feuilles séchées ne les protègent pas de l’air glacé du matin.

Le village-camp de Baan Huay Seua Tao est niché dans la forêt à une vingtaine de kilomètres de Mae Hong Son. Il faut franchir, six ou sept courants d’eau pour l’atteindre, ce qui transforme parfois la visite en réelle expédition, l’eau atteignant l’habitacle de la voiture.

Depuis ma première rencontre avec Ma-Lo, je suis toujours émue et excitée lorsque j’approche de son village. Plusieurs fois, celle que j’appelle « ma petite sœur », m’a accueillie avec la joie tranquille de quelqu’un qui « m’attendait », alors que je n’avais pu lui communiquer mon arrivée.

«  Je savais que tu allais venir. Je t’avais vue dans mes rêves ».

 

Tout le monde rêve, mais les Padaungs, ces déracinés,  plus que tout autre je crois. Ils rêvent individuellement, mais ils rêvent aussi « ensemble », en tant que peuple et famille d’un même groupe. Cela les rend tristes, car ces rêves les portent immanquablement vers le paradis perdu de leur vie d’avant, au-delà des montagnes birmanes. Est-ce pour cela que le sourire de Ma-Lo, si accueillant et chaleureux est toujours retenu par une douce et  triste mélancolie ?

Exceptionnellement cette fois, Ma-Lo, ne m’attend pas de l’autre côté du ruisseau qui sépare le camp de la route.  Passé la guérite du gardien thaïlandais. le « ranger », chargé de « taxer » les visiteurs, je traverse le petit pont de planches instables et surprend ma « petite sœur » en train d’allaiter son bébé né une semaine plus tôt à l’hôpital de Mae Hong Son. Je lui avais fait cette promesse d’être là pour la naissance de ce premier enfant. Je suis contente d’avoir pu tenir parole. Mon amie a les traits tirés et pâles. Manque de vitamines. Elle est maigre aussi, pourtant elle allaite son nouveau-né. Je ne lui demande pas tout de suite comment s’appelle la petite fille, en Asie, un bébé n’est qu’un bébé, pas encore tout à fait une personne. Je m’inquiète d’elle d’abord et la prends dans mes bras, toujours surprise par ces anneaux qui m’empêchent de la serrer plus fort contre moi. C’est un petit oiseau fragile que j’ai peur de casser et qui porte en permanence des kilos autour du cou. Tradition et fierté !  Ma-Lo avait un jour posé sur mes épaules cette lourde spirale métallique que j’avais eu beaucoup de peine à garder plus de quelques minutes. « Si on te la mettait  vraiment autour du cou, tu appartiendrais à mon groupe et tu ne pourrais plus quitter le camp » m’avait-elle dit alors, malicieuse.  Je sais combien elle aimerait que je reste là plutôt que d’aller enseigner en Isan. Elle m’en a d’ailleurs déjà formulé la demande plusieurs fois. « Pourquoi ne pas enseigner l’anglais au camp plutôt que de retourner à Udon ? » J’entends sa requête et ne peux malheureusement y répondre, par manque de courage sans doute. La vie à Mae Hong Son ou ici dans ce camp, manque du minimum de confort, elle est aussi très dure, en raison du climat et surtout de l’éloignement d’avec une ville plus… cosmopolite, comme Chiang-Mai par exemple, distante, non pas seulement de trois cents kilomètres, mais de mille six-cents virages de montagne…une journée de voiture »….


Ma petite sœur Ma-Lo


L’Asie m’a toujours fait des signes : amours,  amitiés,  attirances incontrôlables pour des odeurs, des saveurs et  même la littérature, et Dieu sait que les univers d’un poète chinois, d’un punk japonais, d’un conteur thaï peuvent être différents. Dans une librairie, j’ai succombé une fois de plus à un livre, celui d’Emma Larkin : « Finding George Orwell in Burma » Penguin Books. (Je ne sais pas s’il a été traduit en français), avec en couverture, sur fond bleu océan, l’ombre chinoise (encore !) d’un pêcheur du lac Inle… A ce point de ma note, je dois encore signaler un de ces signes mystérieux qui m’a fait répondre à une publicité d’un éditeur dans le magazine « Books », éditeur  à qui j’ai confié mon manuscrit « Théâtre d’Ombres » (dont le titre provisoire à  l’époque était « « Mon fils ne tombe jamais amoureux d’une femme qui a un passeport dans la poche »). Les Éditions de la Fremillerie n’ont aucune consonance asiatique, pourtant l’éditeur, s’il est français, est d’abord  vietnamien… Je ferme la parenthèse. Donc Emma Larkin visite la Birmanie sur les pas de Georges Orwell. C’est un livre de voyageuse et de journaliste en même temps qu’un exercice littéraire. Pour moi, la Birmanie, c’est splendeurs tropicales, irrésistibles images de royaumes perdus… visions poétiques à la Rudyard Kipling… la réalité est toute autre malheureusement. Mais les mots ont de ces pouvoirs évocateurs !

Emma Larkin raconte dès le début de son ouvrage, sa rencontre avec un vieil homme passionné de lectures, comme c’est souvent le cas en Birmanie, qui lui dit : « 1984 a été interdit en Birmanie, parce qu’on peut considérer ce livre comme une critique de la façon dont ce pays est dirigé et les généraux n’apprécient pas (le mot est faible), la critique, Donc, tu ne rencontreras pas beaucoup de gens en Birmanie qui ont lu « 1984 ». D’ailleurs, pour eux, pas besoin de lire puisqu’ils vivent « 1984 » de l’intérieur. C’est leur vie de tous les jours ». Frissons…

Ma petite sœur Ma-Lo, a Mae Hong Son, vient de cet enfer au charme tragique, un pays dont le « chef suprême » déclarait lors d’un speech à Naypyidaw, en évoquant les prochaines élections  : « Les forces armées peuvent prendre part à la politique si la nécessité s’en fait sentir ». Puis, Tan Shwe – ce chien –  a aussi prévenu la communauté internationale « de ne pas se mêler de ces prochaines élections, « Divisive acts » (des « actions factieuses » ?) pourraient créer l’anarchie et faire capoter la voie transitoire vers la démocratie. On croit rêver non ?

Mais revenons au rêve de ma petite sœur Ma-Lo et de tout un peuple, et reprenons mon récit où je l’avais laissé dans mon blog d’hier :

BLOG Femmes dragon

BLOG femme au long cou

… « Après les salutations à la famille de Garbris,  salutations entrecoupées de jets de salive rouge crachés sur le sol et l’offrande des cadeaux au bébé, je me décide enfin  à demander à Ma-Lo le nom de sa petite fille. « Little Michèle » « Petite Michèle » me répond-elle aussitôt, très fière. Je crois à une plaisanterie de sa part, ou alors c’est  pour me faire plaisir. Mais non, lors de la naissance à l’hôpital de Mae Hong Son, les services d’état civil lui ont demandé quel nom elle souhaitait donner à son bébé. « Michèle » fut sa réponse immédiate. « Mais ce n’est pas un nom thaï » lui a répliqué l’officier. Non a répondu Ma-Lo, mais je peux l’écrire en thaï.  L’officier a alors obtempéré et reporté le nom de Michèle sur ses registres. Je ne peux retenir quelques larmes d’émotion et de bonheur. De fierté aussi, car je suis certaine que le bébé de Ma-Lo et de Garbris est le premier enfant Padaung à porter un nom d’occidentale.

Le jour de son mariage, j’avais déjà demandé à Ma-Lo si elle imposerait le collier à ses filles,  l’âge venu. Je me souviens très bien de sa réponse. Nette, affirmative. Je réitère ma demande, mais cette fois, avec le bébé dans les bras. La réponse de Ma-Lo n’a pas changé. Pourtant j’insiste, en tant que marraine.

« Et si « Petite Michèle » souhaitait faire des études, la laisserais-tu quitter le village pour étudier à la ville où il lui serait impossible de porter les anneaux autour du cou ? »

En formulant cette demande, je ne me suis pas tout à fait rendu compte qu’elle comportait quasiment une promesse d’avenir. Je me sens un peu responsable de ce bébé qui porte mon nom. Responsable un jour peut-être de ses études. Et Ma-Lo, qui est intelligente me fait la seule réponse possible :

« Si « Petite Michèle » faisait des études, elle ne porterait plus les anneaux et je serais très fière qu’elle aille à l’université ».

Désormais, entre Ma-Lo et moi, il y aura toujours cette conversation, faite de non-dit et pourtant de promesses. Elle est écrite dans le ciel, comme sur un registre d’état civil.

Il est donc possible qu’un jour, ma petite filleule ne porte  plus les signes de son appartenance à l’ethnie « Padaung » de la grande famille Karenni de Birmanie. Mais oubliera-t-elle pour autant qu’elle est descendante, selon la légende, de cette femme-dragon enfantée par le vent, ayant donné naissance à la première Eve « Padaung » ?  Rêvera t-elle, comme sa mère et ses grands-mères de retourner au « pays merveilleux » ? Rêves magiques tissés au long des nuits brumeuses et glacées,  dans l’obscurité forcée du village du « vieux tigre qui dort », rêves  partagés par un peuple soudé par ses légendes et ses traditions, déraciné, dévisagé, à qui les touristes inconscients marchandent, le prix d’une babiole sous prétexte qu’on la trouve moins chère à la ville d’à côté ?

« Si notre pays devenait une démocratie le matin, le soir même nous serions de retour chez nous. Si notre pays devenait une démocratie le soir, le lendemain matin, nous serions de retour chez nous ».

Certains rêves ont une force qui exige leur propre réalisation et persistent dans la mémoire, de génération en génération.

« Ces rêves ne nous laisseront pas en paix jusqu’à ce qu’ils se  réalisent. Les rêves sont des choses très réelles. Sans eux, notre vie n’aurait aucun sens. »

Le soir est tombé sur le village du « vieux tigre qui dort ». L’alcool coule, les rêves se transforment en mots avant de devenir réalité, un jour, peut-être….

La conversation languit dans la nuit mouillée. Ma-Lo s’est endormie sur mon épaule. Ek gratte nonchalamment sa guitare et la sœur de Garbrit fredonne une mélodie karenni. La grand-mère, rigide et douce veille sur toute la famille, le regard lointain, tandis que son mari, heureux grand-père depuis peu, sous l’emprise de l’alcool, se contente du bonheur simple et vacillant d’une descendance assurée. Salomon, le lettré du village, évoque en demi-songe l’époque où il suivait Aung San Suu Khyi dans son combat pour la démocratie, là-bas, dans le pays où il a connu la torture et la prison.  Un pays qu’il ne rejoindra sans doute plus en raison de son grand âge et de la maladie. Mais qui sait ?

Je voudrais que la nuit s’éternise, porteuse de rêves magiques et de toutes ces réalités possible »

BLOG Ma-Lo

Ma-Lo et Petite Michèle

Michèle Jullian

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