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Francofolies de la Rochelle, plus qu’un festival musical

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Les Francofolies de La Rochelle sont l’un des festivals musicaux les plus appréciés et populaires de France. Mais au-delà de la musique, c’est souvent une occasion de redécouvrir le sens des mots…

Lorsque je suis triste, ou simplement ennuyé, je sais que je peux compter sur la chanson d’expression française pour me sortir du corps toutes les mauvaises humeurs.  De gré ou de force je me suis empli des poèmes de Prévert mis en musique et interprétés par Mouloudji, les Frères Jacques, par Cora Vaucaire,  ou Jean Guidoni. J’ai intégré les mots de Brassens et de Brel, les passages d’une rime à l’autre… ”bien sûr nous eûmes des orages, vingt ans d’amour, c’est l’amour fort… .”  Avec les poètes, c’est l’amour constant depuis deux fois vingt ans !

Je sais que je pourrais raconter quelques étapes de ma vie en chansons, quand Greco dialoguait avec Ferré…faisant assoner pull et maboul…rue affolée devant les formes libres des filles…Quand Boris Vian découvrait les arts ménagers et la poésie des choses banales. Quand Serge Reggiani convoquait les loups dans Paris.

Et j’écoute ce soir Arthur H. et Jane Birkin rendre hommage à Alain Bashung…”Madame rêve”…cela leur va si bien. A tous les deux. Rêves d’Angleterre à mini jupes, aux grandes protestations politiques que l’héritière de Gainsbar ne cesse de prendre à bras la voix. ”Mamz’elle Bulle” succède à “Madame rêve”. Tryo prend le relais dans le sentiment d’une légèreté grave.

Et dans l’émotion de ces grandes rencontres qui traversent un siècle, je me rapproche de la voix éraillée de Jean-Louis Foulquier. Inventeur, découvreur, explorateur, preneur de risques. C’est à lui, bien sûr, que je pense ce soir. Un vingt-cinquième anniversaire, ce soir justement. Sans l’encenser, ni l’enterrer. Juste pour dire que c’est lui le responsable ; le lanceur. Barbe fatiguée, yeux pochés de tous les poèmes qui s’y sont accrochés. Et de tous les fantômes qui sont convoqués autour de lui ce soir…cette nuit et ce matin qui commence.

Celui qui a pris le relais de Luc Bérimont, du Club des poètes ou de la Fine Fleur et de ceux qui savaient nous présenter dans un écrin, à Bobino ou l’Olympia, Barbara ou Jacques Bertin. Luc Bérimont rencontré en 1981, à la naissance de la petite fille qu’il a eue avec Marie-Hélène Fraïssé. Luc Bérimont disparu peu après.

Celui qui fait que je me cache près des voix qui viennent de La Rochelle par le biais d’un ordinateur. Le Léo Ferré universel…

Ce parfum qu’on oublie dans le bruit des odeurs

Cette larme qui coule et qui sèche à ton bras

Ce bijou qui s’ennuie au cou de ton malheur

Cette gorge qui s’ouvre et qui n’en finit pas

Ce matin qui s’ébat dans l’horreur de la vie

Cette ombre de la brume où se perd la mémoire

Cette conscience au bout de ce qui t’est permis

Ce désespoir enfin qui s’invente une histoire.

Léo Férré. Les souvenirs. Photo : Jean-Louis Foulquier

Michel Thomas-Penette

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