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Le château de Nymphenburg à Munich, demeure des rois de Bavière, est doté d’un grand parc dans lequel on retrouve nombre de statues souvent inspirées de l’histoire gréco-romaine. Certaines donnent lieu à d’étranges découvertes.
La visite des jardins du château de Nymphenburg commence généralement par le grand parterre situé entre la façade arrière et la première fontaine. On y admire douze statues en pied de dieux du panthéon gréco-romain: Mercure, Venus et Bacchus, Diane, Apollon et Cérès, Cybèle, Saturne, Jupiter et Junon, Proserpine et Pluton, pour les désigner par leurs noms latins. On y voit aussi des vases décoratifs que l’on doit à Roman Anton Boos (1785–1798), qui est également l’auteur des statues du Bacchus (1782), du Mercure (1778), de l’Apollon (1785), de la Venus (1778), de la Diane (1785) et de Ceres (1782). C’est Dominik Auliczek qui réalisa les statues de Proserpine (1778), de Junon (1791–92), de Pluton (1778) et de Jupiter (1791–92). Les statues de Saturne et de Cybèle sont de Giovanni Marchiori (1765 ) et ont la particularité d’avoir été réalisées en Italie, à Trevise, et d’être en marbre de Carrare.
C’est le Pluton qui nous a le plus intrigué. Nous l’avions de prime abord pris pour son frère Neptune, parce qu’il est muni du trident, qui est un des signes distinctifs du dieu marin. Mais le regard, d’abord attiré par la dorure brillante des pointes du trident qui captent le soleil et l’attention, se déplace ensuite vers le bas de la statue où la vision des trois têtes de Cerbère incite à corriger la première interprétation. Cerbère accompagne généralement Pluton, puisqu’il interdit la sortie des Enfers à quiconque a eu la mauvaise idée de s’y aventurer.
Pluton-Hadès est relativement peu représenté, il peut être identifié par quelques signes distinctifs qui accompagnent généralement sa représentation ou son évocation: le casque d’invisibilité (la kunée, qui a peut-être lointainement inspiré la cape d’invisibilité de ce jeune dieu des temps modernes qu’est Harry Potter), la présence de Cerbère à ses côtés, la présence de Proserpine, qu’il a enlevée, une corne d’abondance, des serpents, des cyprès, un char tiré par deux êtres hybrides mi-hommes mi-chevaux ou encore une fourche bidentée. Le trident apparaît davantage dans la main de Poséidon-Neptune. Hades se servirait de la fourche notamment pour pousser les âmes réticentes dans le Royaume des morts.
Tout cela nous a intrigué et a soulevé quelques questions:
-la statue était-elle porteuse d’un trident dès l’origine, existe-t-il des dessins de la main du sculpteur ou des écrits de Dominik Auliczek la concernant? Ou encore un descriptif lors de la commande?
s’agit-il d’une restauration malencontreuse? Si c’est une restauration, est-elle documentée?
-si c’est le cas dès l’origine, cette « erreur » est-elle documentée? y a-t-il des textes l’évoquant?
-ou le trident est-il un attribut connu d’Hadès-Pluton, comme il l’est de Poséidon?
Nous avons envoyé nos questions aux Conservateurs du Château de Nymphenburg. Si un lecteur dispose de davantage d’information, merci de nous les communiquer!
Aulicezk, le sculpteur de notre Hadès, a aussi sculpté sa compagne Perséphone, qui séjourne aux Enfers aux côtés de son époux six mois par an. A ses pieds on voit Ascalaphos, le fils d’Arès, transformé en chouette. C’est lui qui rapporta à Hadès que Perséphone avait mangé des grains de grenade. Démèter, la mère de Perséphone, le métamorphosa en chouette ou le coinça sous une grosse pierre. Héraclès le libéra lors de sa descente aux Enfers. Aussi le voit-on ici en chouette aux pieds de Perséphone.
Dominik Auliczek, par Joseph Weiss, vers 1770
Musée de la Porcelaine de Munich
Dans le Rapt de Proserpine de Luca Giordano (1634-1705), l’artiste place la fourche du dieu dans la main d’un putto assis à l’arrière du char.
Ci-dessous, l’Enlèvement de Proserpine par Andrea Appiani, le peintre officiel de Napoléon Bonaparte en Italie. Là aussi, la fourche est bidentée.
Crédit photographique: les photos prises dans les jardins de Nymphenburg sont de Luclebelge.
Un commentaire rafraîchissant
Concernant Hades et son « Trident », mon érudition se limite à quelques minutes de recherche sur Google mais on trouve sur les sites de langue anglaise une référence à un baton à deux dents (two-pronged staff) comme instrument de puissance d’ Hades, à coté de son casque d’invisibilité. Il suffit de rechercher dans Google Images « hades staff » pour en voir diverses représentations.
Alors pourquoi un Trident pour Hades au parc de Nymphemburg ?
Là, je ne te livre plus que mes propres hypothèses mais il se peut que :
– Aulicezk, le sculpteur de cette statue, ait eu du mal à vérifier sur Google, qui n’en était qu’à ses balbutiements en 1778
– Aulicezk revenait des Wiesen quand il a travaillé le baton à deux dents et avait les idées confuses
– Hades s etait travesti en Poséidon lors du dernier Fasching et n a pas rendu son matos à son collègue
Quoiqu’il en soit, ne te mets pas martel en tete.
Savourons Munich, la Bavière et le monde. Nous penserons à Hades plus tard.
Aletsch
Le dieu Pan joue du syrinx dans le parc du château de Nymphenburg
Au coeur ombragé du château de Nymphenburg, sur le chemin du Badenburg, on tombe sur le dieu Pan qui se repose en jouant du syrinx. A ses côtés, un bouc attentif. La statue date de 1815 et est due au sculpteur Peter Simon Lamine, qui reprend ce motif qu’il avait déjà traité en 1774 pour les jardins du château de Schwetzingen . Le Pan munichois a été exécuté en marbre de Carrare et placé sur un socle de rochers artificiellement surélevés, sous lesquels jaillit une source elle aussi artificielle.
Luc Le Belge est expatrié à Munich, en Bavière et vous fait découvrir la belle ville de Munich aux multiples attraits et à l’actualité culturelle très dense, mais aussi la société bavaroise, qui est si particulière en Allemagne…