Un roman fort comme sait en produire la littérature américaine ou l’histoire d’une banale famille de « petits blancs » dans l’Amérique profonde des années 50…
Les soirées se passent sur la véranda, à boire du thé glacé et à raconter des histoires.
Ruth Anne Boatwright, surnommée Bone par sa famille et estampillée « bâtarde » par le comté de Greenville, se souvient.
Elle revoit sa grand-mère édentée, impertinente, ses tantes farouches, usées par leurs grossesses, ses oncles violents, ivrognes pris au piège de leur misère.
Elle se souvient de l’amour qu’elle portait à sa mère et de la haine grandissante qu’elle éprouvait pour son beau-père.
Elle se souvient et elle raconte, avec une brutale sincérité, les aspirations d’une petite fille, la violence insoutenable, l’amour obstiné.
Ce premier roman largement autobiographique, écrit pour exorciser cette enfance brûlée, a été finaliste pour le National Book Award en 1992.
Ce livre, qui me fut conseillé par mon amie Diane, est un véritable diamant noir. Un de ces livres à la fois terribles et beaux dont on ne peut se détacher avant le dernier mot et qui restent dans notre souvenir définitivement.
Dorothy Allison, nous raconte l’histoire, presque banale d’une famille de « petits blancs » déshérités dans l’Amérique profonde de la fin des années 50. Ruth Anne dite « Bone » (os) est une petite fille née de père inconnue est entourée d’une famille aimante malgré une misère à la limite du supportable. Hélas sa mère se remarie avec Glen qui tout en la détestant la désire sexuellement et la martyrise régulièrement.
L’HISTOIRE DE BONE ne tombe jamais dans le misérabilisme, il ménage même quelques moments d’humour dans son récit. Il montre aussi une solidarité et un amour souvent émouvant au sein d’une famille pourtant guère portée sur les sentiments. Les hommes sont rarement montrés à leur avantage : ivrognes, bagarreurs, incultes… et ce sont les femmes ici qui réussissent à limiter la misère sociale et à assurer, vaille qui vaille, la survie de leur famille.
Bone raconte sa vie, celle de sa sœur, de sa mère et de sa lignée tout en brossant un portrait saisissant de la Caroline du sud bien loin du rêve américain. Il en est même son envers. Cette petite fille confesse ses colères, ses peurs, elle décrit minutieusement la violence, le chômage, la pauvreté mais aussi l’espoir et l’amour.
C’est un livre poignant dont l’ambiance fait un peu penser aux romans d’Erskine Caldwell. Le récit est passionnant (on se demande toujours quelle tuile va encore tomber sur Bone), parfois terriblement triste, parfois drôle et toujours émouvant.
L’HISTOIRE DE BONE doit absolument figurer dans votre bibliothèque.
Merci Diane pour cette superbe lecture.
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