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Patrimoine UNESCO et environnement : Les îles éparpillées

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Avec l’entrée de la Réunion au Patrimoine mondial de l’Unesco et le retrait des Galapagos, de la liste des « espaces en danger », voici quelques pensées éparses autour d’îles éparpillées, d’un été mou et de l’archipel des Kerguelen. Sans oublier quelques bribes sur le désœuvrement.

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Hier soir, dans ma solitude de la nuit, je lis « l’arche des Kerguelen ». Jean-Paul Kauffman écrit : «  Je suis ici pour me désoler. Faire solitude, repeupler ce qui a été détruit ».

Le livre décrit le voyage que l’ancien journaliste pris en otage au Liban entreprend parmi la sauvagerie de cet archipel français perdu dans le sud de l’océan Indien. Le climat y est rude, le vent omniprésent, le paysage indéfinissable, et les pensées de l’auteur mélancoliques et moroses.

Tout me rappelle mon périple dans les îles Chatham. Je devrais donc me sentir concerné. Aux Chatham, je mélancolisais, je me battais contre le vent et mes humeurs grises, j’étais tout aussi content d’en partir que d’y être allé. Bien écrit, « l’arche des Kerguelen » ne me parle guère. Trop austère, sans doute. Mais je suis content de l’avoir lu.

Hier, le parc national de l’île de la Réunion a été inscrit au patrimoine de l’UNESCO. La télévision nous montre des images spectaculaires de cette île spectaculaire, cerclée de trois cirques majestueux (Mafate, Salazie et Cilaos) à côté d’un volcan ombrageux.

Le prix est mérité. Mais…

Autant le centre de l’île est dépeuplé et grandiose, autant sa périphérie est moche et encombrée de routes et de zones pas très franches. La circulation y est intense, l’air pollué, l’espace surpeuplé et brouillon. Le prix va attirer les touristes, se réjouissent les insulaires. Le prix va attiser les spéculations, me dis-je. Le futur va nous donner raison.

Deux jours avant, l’UNESCO décrétait que les îles Galápagos étaient retirées de sa liste des « espaces en danger ». Une décision prématurée, indique l’Union Internationale de Protection de la Nature, une organisation vénérable et molle, basée en Suisse. Les touristes et les migrants venus du continent, estime cette dernière, menace toujours la faune unique de cet archipel darwinien où les tortues géantes et les iguanes séculaires clignent des yeux devant les flashs des photographes, sur fond de rochers glissants et de vagues puissantes.

Bien loin de la Réunion, des Galápagos ou des Kerguelen, je trouve que cet été est mou. Le ciel est en dents de scie, mon humeur aussi. Les nouvelles parlent d’athlétisme et de catastrophes naturelles en Russie, en Chine, au Pakistan. Je lis sans passion et écris sans direction.

Pendant une averse, je commence la lecture des « Naufragés de l’île Tromelin », d’Irène Frain. Une histoire d’île, avec esclaves, naufragés, soleil, soif et maladie. L’île Tromelin fait partie des îles Eparses.

Eparses. Tel est le mot qui résume bien mes pensées du moment.

Durant ce passager désœuvrement estival, je guette les signes. J’attends que quelque chose se passe. J’aimerais être au diapason du temps qu’il fait : un soleil franc suivi d’une période de pluie bénéfique pour la plate-bande de l’écriture.

Dans ma tête, c’est dimanche après-midi depuis une semaine. Ce n’est pas désagréable, mais l’alizé et l’’horizon me manquent, et l’inspiration joue à cache-cache dans un labyrinthe. Pourtant, le désœuvrement passager devrait avoir — je le sens plus que je ne le sais — un aspect fécond.

« Plus que la souffrance, le désœuvrement n’est-il pas l’épreuve suprême ? Qui sait combler le vide de l’âme quand plus rien ne l’absorbe est tiré d’affaire (…) La douleur occupe ; l’être souffrant se contemple dans son tourment. L’ennui ne connait ni la nuance, ni la satiété », écrit Jean-Paul Kauffmann.

Rien de tel qu’un austère comme Jean-Paul Kauffmann pour immédiatement me dire que je ne le suis pas dans cette voie. J’apprécie plus l’albatros et son ciel que la taupe et ses galeries sombres.

Ceci dit, je l’aurais bien suivi aux Kerguelen. D’autant plus que pour y aller, il faut partir de l’île de la Réunion et suivre le sillage des albatros, plein sud, vers le frais.

Et durant la longue traversée dans ce navire cabossé qui se nomme le Marion-Dufresne, nous aurions pu causer désœuvrement et ennui. Sans nuance, à satiété. Mais surtout, nous aurions pu deviser sur ce qui nous pousse à toujours aller vers ces îles lointaines, solitaires et différentes, battues par les vents et érodées par une Histoire inachevée et une géographie insensée.

Damien Personnaz

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