A l’occasion du Nouvel An chinois, j’ai envie de « raconter » deux ou trois choses glanées au fil de mes lectures et voyages et concernant ces peuples originaires de Chine et qui fêtent, souvent, leur Nouvel An aux mêmes dates que celles de leur pays d’origine..
Ils viennent tous “d’ailleurs” : Akha, Hmong, Karen, Padaung, Moussur, Yao, Lissu… d’un « ailleurs » dont ils ont ramené mythes, légendes et traditions. Ils ont souvent fuit régimes totalitaires, persécutions, guerres ou famines… pour trouver refuge en Thailande. Il y a deux siècles ou beaucoup plus récemment.
Les Akhas, originaires du Yunnan en Chine, sont réellement le « peuple de la mémoire ». Certains seraient capables de réciter par cœur la généalogie de leurs ancêtres mâles jusqu’à la cinquantième génération. Lorsque deux Akhas du même clan se rencontrent et souhaitent connaître leurs liens de parenté, ils remontent ensemble dans leur généalogie, jusqu’à ce qu’ils se trouvent un ancêtre commun. Mais ils n’ont pas que la mémoire des noms, ils se souviennent aussi de toutes les routes de migration empruntées par leurs ancêtres depuis la Chine, la Birmanie, puis la Thailande.
Jeune-fille Akha de Birmanie
Une fois par an, les Akhas se réunissent dans un des villages très haut perchés et pas facilement atteignable, dans les montagnes-frontière entre Birmanie et Thailande, pour le « swing festival », la fête des balançoires » Joli prétexte pour les jeunes-gens qui vont y rencontrer l’âme sœur, Le lieu sacré est choisi par le « chaman » sur un pic dominant des vallées a couper le souffle, Les demoiselles en costume traditionnel et coiffées de leur eternel « u coe » – ce bonnet fait de pièces d’argent, de coquillages et de perles – enfourchent une chambre à air qui tient lieu de siège et les prétendants le poussent vers le ciel… en attendant le mariage.
Nouvel an chinois a Mae Salong
Les Lissu sont arrivés du Tibet vers la fin du 19e siècle. Tout comme d’autres ethnies montagnardes de Thailande, ils parlent du « grand déluge ». Mais les Lissu eux, prétendent être l’espoir du genre humain car ils seraient les seuls survivants de ce cataclysme – un garçon et sa sœur – n’étant rien moins que leurs propres ancêtres, De cette union incestueuse naquirent de nombreux enfants, précurseurs de toutes les autres tribus. Les Lissu portent ainsi, ancré en eux, ce « désir de primauté ».
A l’occasion du Nouvel An, rien n’est trop beau pour leurs parures de tête : broderies, colliers d’argent, coiffes de perles et de fleurs. Etre les plus beaux, les plus richement parées… Toujours ce désir de supériorité !
Jeunes-filles lissu – Nouvel An chinois a Mae salong
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