Depuis Jodhpur la ville au visage bleu, l’aventure dans les villages vishnoï, où la population exprime son amour de la nature… Rencontre avec les traditions indiennes…
“Please my son, don’t read this note”. Mise en garde inutile puisque c’est un des moyens par lequel mon fils peut chaque jour prendre de mes nouvelles en détails. Et rappel de cette aphorisme : « ne jamais dire jamais ». On verra pourquoi plus loin. De Jodhpur…. la ville bleue, dont la couleur dominante s’explique par le fait que la plupart des maisons, dans le passé, appartenaient à des brahmanes adorateurs de Krishna le dieu au visage bleu… (la tradition perdure car le bleu est sensé éloigner les moustiques et adoucir légèrement la chaleur ambiante)…
Depuis Jodhpur donc…. j’ai eu envie de m’aventurer dans les villages des Vishnoï, une population, non seulement végétarienne, mais de vrais amoureux de la nature, dont je vous raconterai plus loin la véritable histoire. Donc chez les Vishnoï on ne tue pas les animaux, d’où le sentiment de liberté tranquille chez daims, antilopes, chevreuils que l’on croise sur la piste, tout comme on croise les chiens en ville.
Chotaram mon guide, et son père, m’emmènent dans leur jeep, qui doit avoir au moins 25 ans. Ils sont eux-mêmes Vishnoï et connaissent donc bien toutes les pistes de sable. Au cours de la journée Chotaram m’explique que dans ces villages, on fume ou mange l’opium. Sa culture n’est pas autorisée au Rajasthan, excepté dans le district de Chitor à la frontière pakistanaise.
Bref, j’assiste à la cérémonie de l’opium, et lorsque le sage du village me demande si je veux essayer je lui réponds que je n’ai jamais gouté à la drogue et que… bla bla bla… Pas raisonnable pour les jeunes, mais moi, qu’est-ce que je risque ? « Les femmes en prennent parfois parce que ça coupe la faim et ça permet de travailler sous le soleil sans en ressentir le feu. Alors, j’ai dit oui. Selon le rituel.
Après la préparation et une prière à Vishnou, on verse de l’eau dans laquelle l’opium a macéré quelques secondes (frais, ça sent le chocolat), et on m’en verse trois fois dans le creux de la main dans laquelle je bois directement ce liquide censé me donner de la force. J’ai accompli le rituel. Ça avait un goût légèrement amer. Pas très bon, je préfère décidément le chocolat.
Après…. Non, vous n’êtes pas obligés de me croire, mais j’ai voulu prendre une photo d’antilope. Comme elle s’éloignait à mon approche, je l’ai suivie, elle s’est alors mise à courir. Moi aussi….. Un petit coup d’opium et me voila transformée en antilope du désert !
Plus sérieusement, il faudra que je vous parle de ces villages Vishnoï. Et moi j’ai très envie d’y revenir. J’ai déjà retenu ma chambre dans la maison de Chotaram et de son père, une petite hutte en bouse de vache séchée. Le seul endroit frais que j’ai visité depuis mon arrivée au Rajasthan et qui ne nécessite ni air conditionné ni ventilateur.
J’ai été éblouie par ces villages, et l’opium n’a rien à voir là-dedans…. Entourée de pigeons bleu – toujours Vishnou – avec le « léon léon » des paons très prétentieux, symboles de l’Inde, de vaches à longues cornes, de daims et d’antilopes. On vit quasiment en autarcie dans ces villages. En cas de conflit atomique (l’Inde et le Pakistan, les frères ennemis, se mesurent du regard et ont tous les deux la bombe), les Vishnoï survivraient à cette catastrophe atomique. Pas nous.
Comment mettre un turban?
- Bangkok, plus qu’une ville, un symbole à préserver - Oct 27, 2021
- Désert berbère au Maroc : un appel irrésistible - Jan 14, 2020
- Etre femme nomade au Maroc berbère : hymne à la liberté, « mes »nomades - Oct 26, 2019